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Cela n'a pas toujours été aussi passionné entre nous.
J'avais à peine dix-huit ans et lui vingt-trois bien tassés. Un vieux. Nous nous sommes rencontrés de façon très banale pendant une soirée. J'étais avec mes amis, nous fêtions la fin du lycée, la fin des épreuves du bac, la fin de notre petite vie si agréable tous ensemble. Chacun allait partir de son côté ensuite, poursuivre des études, des formations plus ou moins loin, ou même tout laisser tomber pour aller affronter le monde du travail. Changer de vie, grandir, s'ouvrir au monde et inéluctablement, doucement, involontairement, perdre peu à peu cette symbiose de groupe.
Personne ne se l'avouait, non, même pas moi. Mais c'est ainsi, les choses changent, la vie nous change, nous changeons de vie.
Quand j'y repense aujourd'hui une partie de moi aurait voulu hurler de rage, combattre cette injustice, déchirer les pages du livres, changer la fin de l'histoire, rester une adolescente. Juste une fille dans un groupe. Une fille avec des amis.
Mais la partie de moi qui fait qui je suis à présent: une femme mariée, amoureuse, une maman comblée par l'amour inconditionnel de son enfant, ne regrette absolument pas le chemin emprunté. Fut-il tortueux et emplis de passion.
Fut-il escarpé parfois, sombre et effrayant. Je trouve toujours, oui, toujours, le rayon de soleil qui illumine la forêt. Il est chaud et réconfortant, il apaise mon cœur et soigne les éraflures de mes pieds nus sur ce chemin coupant.
Notre histoire n’a rien de commun : c’est sa force, c’est sa faiblesse…
Lui, moi, nous.
Il était charismatique, j'étais excentrique. Il était populaire, j'étais un maillon dans une bande de copain : utile mais remplaçable. Il était célibataire, je cherchais l'homme qui serait le premier.
Une ado qui veut vivre intensément les choses de la vie et profiter d’un maximum d'expériences.
J'ai fait le premier pas, sans peur, Carpe Diem.
Comment, dans quel ordre les choses sont arrivées, peu importe aujourd'hui. Je l'ai trouvé, il m'a trouvé, nous avons terminé la soirée ensemble.
C'était ma première fois. C'était bon, doux. Il m'a offert de le suivre dans son petit appart, j'ai accepté sans réfléchir une seconde, plantant là tous mes amis.
J'aurais pu avoir peur, j'aurais pu être méfiante, plus intelligente, plus sage. J'aurais pu. Aurais-je dû ?
Non, je ne regrette rien.
C'était une soirée merveilleuse, il a été si patient!
Il m'a reconduit chez moi, enfin, chez mes parents, et m'a demandé mon numéro de téléphone. Je ne l'avais pas prévu, je n'aurais pas pensé qu'un homme comme lui veuille me revoir. Et donner mon numéro, après tout, ne l'engageait absolument pas à m'appeler.
Il ne m'a pas donné le sien. Je ne lui ai pas demandé.
Je me suis couchée, et j'ai rêvé de lui, de nous, de nos corps enlacés. Je voulais plus, je voulais le revoir, je voulais qu'il me touche.
Il m'a appelé, nous nous sommes revus et il m'a touché comme je le désirais. Il me touche encore comme ça aujourd'hui, mais nos désirs ont changé.
Oui, il sont devenus si intenses, tellement passionnés.
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