6
C'est assez rare que nos disputes aient un impact physique visible. Je parviens généralement à protéger mon visage.
Je sais que ce n'est pas « normal », je sais qu'on ne devrait pas en arriver là. Je sais tout ça, je ne suis pas stupide, je ne suis pas une victime, je suis là de mon plein gré.
Je ne me laisse pas faire, ce n'est pas mon tempérament, et quand il dépasse les bornes, je ne sais pas me taire. C'est comme ça.
Ce matin, je suis allée porter Théo chez ma mère. Je ne reste jamais longtemps car on fini toujours par se disputer. Papa ne dis rien, il n'en pense pas moins, je le sais, mais ma mère cherche toujours à me faire avouer des choses qu'elles ne comprends pas, comme si gérer ma vie de couple était devenu sa seule raison d'être, son seul hobby. Elle pense peut-être que je suis une princesse aux abois.
Qu'est-ce qu'elle m'énerve.
Je l'aime, je sais qu'elle ne veut que mon bonheur, mais ne peut-elle accepter que chaque histoire soit différente ? Pourquoi ne voit-elle que le mal et non le bonheur que notre vie me procure ? Le jugement, la morale, la normalité : des concepts qui n'existent pas dans l'amour. Qui sont ces bien-pensants qui estiment que chaque histoire doit se couler dans un moule ? Les gens qui s'aiment, qui s'aiment intensément, avec passion, avec dévotion, avec rage, avec fougue, ces gens là n'existent pas pour eux car sinon ils sauraient que l'amour n'as pas de limite, pas de règle, pas de normalité.
Aimer c'est accepter de ne rien savoir, aimer c'est oublier ce qui devrait être et accueillir ce qui est, ce qui sera, ce qui n'existe pas. L'amour c'est une gourmandise délicieuse, tellement sucrée qu'elle ne se gâte pas, tellement sucrée qu'elle devient parfois douloureuse, elle ronge l'émail pour s’enraciner jusque dans votre subconscient. C'est renversant, hypnotisant, c'est une drogue dure, un démon qui vous griffe la poitrine, qui vous entaille la chair, vous pénètre avec une violente douceur.
Mais tout cela, on ne l'avoue pas, on ne dit rien, on accepte le moule et on cuit à petit feu ?
Non, ce n'est pas nous ça ! Ce n'est pas nous maman ! Alors oui, je peux parfois te sembler épuisée, blessée, mais cette douleur me fait vivre, je vis, j'aime, je déborde d'amour et de bonheur avec lui maman ! Oui, tu ne comprends pas, et non, je ne peux rien changer, je ne veux rien changer, jamais.
Annotations
Versions