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Je suis repartie de chez mes parents plus meurtrie que je ne le suis là, devant le miroir, à camoufler l'hématome qui s'insinue sous mes yeux.
Une heure après notre dispute, il est revenu de son footing apaisé et dégoulinant de sueur. Je préparais ma tenue pour ce soir : nous allons dans un restaurant tout juste ouvert, qui a déjà beaucoup fait parler de lui. Une cuisine raffinée, à base de produits locaux. Un restaurant très chic comme nous les aimons.
Il est entré dans la chambre alors que j'étais en sous-vêtements. J'avais choisi avec soin, de façon bien calculée. Et il l'a vu tout de suite. Nous nous sommes regardés, nous avons échangé nos excuses sans dire un mot, il s'est approché de moi comme un fauve et m'a entraîné avec lui dans la douche. Nous avons expié nos pêchés dans l'extase, nous sommes pardonnés dans le plaisir pour finalement jouir de nos retrouvailles.
Le restaurant est vraiment très beau. L'ambiance est feutrée mais en même temps procure une agréable sensation d'espace. C'est assez étrange, c'est grand et intimiste, moderne et cosy à la fois. J'adore.
Il me regarde et je sens que notre réconciliation sous la douche a définitivement clos notre stupide dispute et ouvert la voie à un week-end de passion.
Je n'ai pas remis de sous-vêtement, il le sait, et je sens son désir dans sa façon de me regarder. Dans sa manière de me dévorer même. Mon loup, mon fauve, mon homme.
Nous sommes deux bêtes sauvages. C'est comme ça. Et c'est pour ça que les autres ne comprennent pas. C'est notre amour.
Comme pour me contredire, la douleur se ravive et me pique le nez. L'amour ça fait mal.
J'ai habilement utilisé le fond de teint pour couvrir la petite marque naissante autour de mes yeux, et on n'y voit que du feu.
J'étais très fâchée en sortant de chez mes parents. Je ne voulais pas revenir à la maison dans cet état, surtout que je savais que mon mari rentrerait plus tôt pour profiter de ce grand week-end sans Théo. Je me suis donc rendue en voiture jusqu'au parc, puis j'ai laissé mon esprit me guider à droite à gauche, sans point de chute précis, sans regarder l'heure non plus.
Quand j'ai finalement refais surface dans le monde réel, je me suis demandée où j'étais. Il m'a fallu une bonne minute pour reconnaître les lieux. J'avais parcouru au minimum dix kilomètres.
Je me suis dépêchée de faire demi-tour.
Voilà ! Enfin un week-end romantique en perspective, et je perds du temps pour rien ! Quelle idiote !
J'ai presque couru sur le chemin inverse, la boule au ventre comme une écolière, parce que le temps passait trop vite et que j'étais trop loin de l'homme de ma vie.
Je suis arrivée à la maison avec quasiment trois heures de retard sur ce que j'avais prévu, et il était déjà là.
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