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Pas de bruit. La maison est si silencieuse que je sens monter en moi une boule d'angoisse avant de finalement réaliser que tout va bien.
Il doit être tard. Comme c'est bon de faire une grasse matinée.
Il dort encore.
Je m'étire et mes pensées dévient sur notre fabuleuse soirée et notre délicieuse nuit.
Courte nuit.
Intense nuit.
Orgasmique nuit.
Je me tourne et observe amoureusement cet être qui m'est vital, indispensable, que j'aime plus que de raison, plus que de folie, plus que ma propre vie.
« Aime-moi, Lou, pour toujours et après encore. »
Les yeux toujours fermés, il me sourit comme un enfant à qui on offre le plus beau des jouets.
Je me penche vers lui, embrasse ses lèvres et croise finalement ses yeux noirs qui transpercent mon âme...
J'ouvre à nouveau les yeux, le soleil illumine la chambre.
Il doit être midi car mon ventre gargouille. Je suis seule dans notre lit, les volets ont été ouverts.
Je sors doucement de ma torpeur, guidée par la faim.
J'attrape mon kimono de soie et me dirige vers notre salle de bain.
Le visage qui se reflète dans le miroir est celui d'une femme comblée, heureuse et épanouie. Si seulement les autres voyaient ce visage, tout serait tellement plus simple dans notre vie.
Je m'asperge d'eau fraîche et en me ressuyant une toute petite douleur se manifeste sur mon cou.
Je m'examine à nouveau et remarque des petits bleus circulaires tout autour de celui-ci.
« Qu'est-ce que ? »
Puis ça me revient.
Hier soir, lui sur moi, notre désir intense, nos souffles courts, nos corps moites, le poids de son corps sur le mien, mon plaisir, le sien. Sa façon à lui de lâcher prise dans la jouissance, quand il pose sa main sur mon cou et l'enserre.
J'aime quand il fait ça.
Il a serré un peu fort cette fois, j'ai eu du mal à respirer. Mais juste un instant.
Ou peut-être un peu plus.
Oui, un peu plus, je crois que je lui ai griffé le dos, fort, de plaisir.
De plaisir ?
J'ai eu un peu de mal à respirer oui, c'est vrai.
Il a appuyé un peu plus que d'habitude à cause du plaisir intense qu'il avait.
Du plaisir ?
« Il faut que je mange. J'ai pas les idées claires »
Je me parle à voix haute. C'est une drôle d'habitude chez moi,mais cela m'aide à prendre les bonnes décisions.
Ne plus penser. Agir.
Manger.
Oui, mais les traces sur mon cou ?
Je sors de la salle de bain.
« Chéri ? Mon cœur tu es en bas ? »
Pas de réponse. Il doit être sorti courir.
Manger ou penser ?
« Okay, tu t'habilles rapidement, tu mets un petit carré de soie sur ton cou et tu descends manger. Pas de problème. Tu veux pas qu'il voit ces petits bleus de rien du tout, si ? Tu sais qu'il risque de péter une durite s'il voit ce qu'il a fait, hein ? Et peu importent les circonstances.»
Oui, peu importe que ces bleus ne soient rien finalement, car s'il voit ça, il risque de s'en vouloir et je ne veux pas de ça aujourd'hui.
Nous avons prévu une sortie en bord de mer, direction la Normandie.
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