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L’air marin est une bénédiction. J’aime que mes cheveux voguent librement, fouettant mon visage, surfant sur le vent salé. J’aime sentir le goût de l’embrun sur mes lèvres, écouter le chant des vagues, plonger mon regard dans l’immensité marine.
Mais plus que tout, j’aime sentir sa main à lui dans la mienne, savoir que ce spectacle se joue pour nous, pour lui. Le refrain de la mer le berce et éponge ses peurs. La profondeur invisible englouti ses démons et nous voilà, tous les deux, amoureux de l’infini.
Nous sommes partie en tout début d’après-midi de la maison. Il était d’excellente humeur après notre câlin matinal et sa sortie footing. Il n’a rien vu sur mon cou si ce n’est le joli carré Hermès offert l’année dernière pour mon anniversaire. Nous avons déjeuner ici, dans un petit restaurant avec vu sur la mer qui heureusement, n’a pas tiqué sur l’heure tardive.
Maintenant que nos estomacs sont rassasiés, nous nous prélassons sur les galets. Ne rien faire : quel délice.
« Tu veux marcher un peu ? » Me demande-t-il.
« Oui, je viens bien, je commence à avoir mal aux fesses sur ces galets. »
Il se lève, me tend la main, et me soulève dans les airs. Me voilà dans ses bras, je ne touche plus terre et il me transporte jusqu’en haut de la plage. C’est l’histoire de ma vie avec lui.
Vivre avec lui, est une aventure romanesque. Il est mon phare, il me transporte, m’élève dans les cieux, m’entraîne vers les sommets dans ses bras. Parfois, il me repose délicatement sur le sol et nous cheminons ensemble, parfois il me laisse choir brutalement et m’abandonne, m’obligeant à trouver en moi la force de poursuivre seule le chemin pour le retrouver.
Comment vouloir que tout cela s’arrête ? Pourquoi vouloir rompre ce conte fantastique ?
Tout n’est pas blanc ou noir. Un chevalier, un prince-charmant, un héros imaginaire, c’est beau, mais c’est une coquille vide. Un coquillage sans musique, une boîte à musique sans clé, une clé qui n’ouvre rien.
Moi j’ai trouvé de la couleur, j’ai un prince plus que charmant, un héros avec ses failles, un chevalier avec ses peurs. Un homme beau dans sa complexité, un être aux milles saveurs, un kaléidoscope faisant danser ma vie. Et j’apprends peu à peu à connaître ce père dévoué, aimant, à l’écoute de son fils. Un papa qui s’interroge, doute, et se remet en question. Un mari qui devient père un peu plus chaque jour et qui adore ça.
Mon homme est parfait dans son imperfection.
« Tu veux aller à l’hôtel ? »
Il me sort de ma rêverie.
Nous devons marcher maintenant depuis un petit moment et c’est vrai que je sens la fatigue gagner. Il a réserver ce petit hôtel qui ne paie pas de mine au premier abord, mais dont nous sommes devenus clients fidèles par le fruit du hasard.
C’était au début de notre relation, il venait de valider sa thèse : enfin chirurgien diplômé après plus de onze années d’études ! J’étais si fière de lui ! Javais vingt-six ans, il brillait du haut de sa trentaine, et nous étions sur un nuage de bonheur. Il voulait fêter la fin de son doctorat au bord de mer : champagne et huîtres, champagne et homard, champagne et fraise, champagne et sexe !
Un programme qui m’allait à ravir. C’est donc euphoriques et amoureux comme jamais, que nous nous sommes rendus sur la côte normande, jetant notre dévolu sur un tout petit village pourtant très visité : Veules Les Roses.
Promenade sous le vent, restaurant gastronomique, couché de soleil sur la plage, tout était parfait. Mais impossible de trouver un endroit où passer la nuit tel que nous l’imaginions. Pas de chambre avec vu sur la mer, pas d’hôtel « digne de notre célébration » - tels étaient ses mots, je m’en souviens – non, rien.
« Je vais nous trouver quelque-chose, ne t’inquiète pas, rien ne gâchera cette journée ! »
Et quand il parle, le monde s’arrête, car c’est lui.
Un petit tour sur tripadvisor et quelques coup de téléphone plus tard, il m’avouait dépité, qu’il ne parvenait pas à trouver ce qu’il cherchait, ou en tout cas, ce qu’il s’était imaginé pour nous.
Le seul hôtel qui pouvait nous recevoir n’était pas à Veules Les Roses, mais dans une commune située à une quinzaine de minutes en voiture.
Et en effet, il ne donnait pas envie : façade basique en bord de route, pas de place de stationnement et pour toute enseigne, un petit, un minuscule écriteau format A4 : « Hôtel de la Côte ».
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