Chapitre 1 - Une journée comme les autres

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Sous-chapitre 4 : La route vers Gorenth

Le sentier serpentait à travers les plaines, bordé d’herbes hautes qui dansaient sous la caresse du vent. Clara marchait en silence derrière l’homme, ses pensées tourbillonnant comme une tempête incontrôlable. Chaque pas qu’elle faisait sur ce sol étranger semblait l’éloigner un peu plus de la réalité qu’elle connaissait. La ville bruyante, les cours ennuyeux, même le confort rassurant de sa chambre lui paraissaient désormais appartenir à une autre vie.

L’homme, qui ne s’était toujours pas présenté, avançait d’un pas sûr, comme s’il connaissait chaque pierre du chemin. Sa hache massive reposait sur son épaule, et son armure éraflée cliquetait doucement à chaque mouvement. De temps à autre, il jetait un coup d’œil en arrière pour s’assurer que Clara suivait.

Elle serra la poignée de son épée, accrochée à sa ceinture, cherchant dans ce contact une forme de réassurance. Le souvenir du troll encore frais dans son esprit, elle se demandait si elle serait capable de brandir cette arme à nouveau.

Finalement, ne supportant plus le silence, elle se décida à parler.
— Vous ne m’avez toujours pas dit votre nom.

L’homme s’arrêta, se retourna lentement, et la fixa avec un sourire en coin.
— Roderic, répondit-il simplement.

Il repartit aussitôt, laissant Clara quelque peu décontenancée par son manque d’explications. Elle hâta le pas pour se mettre à son niveau.
— Et vous êtes quoi, exactement ? Un aventurier ? Un habitant de ce monde ? Un… héros ?

Roderic éclata de rire, un rire profond et grave qui semblait résonner dans l’air autour d’eux.
— Un héros ? Certainement pas. Je suis un forgeron. Enfin, je l’étais.

Clara haussa un sourcil, incrédule.
— Un forgeron qui se promène avec une hache et combat des trolls ?

Il tourna la tête vers elle, un éclat malicieux dans les yeux.
— On est rarement qu’une seule chose dans ce monde, petite.

Clara ouvrit la bouche pour répliquer, mais un bruit soudain l’interrompit. Le vent avait changé, transportant avec lui une odeur âcre, semblable à celle du bois brûlé. Elle plissa les yeux, scrutant l’horizon. Au loin, une colonne de fumée s’élevait dans le ciel, noire et menaçante.

Roderic s’arrêta également, son expression se durcissant.
— Un incendie… Ce n’est pas bon signe.

Il resserra sa prise sur sa hache, ses muscles se tendant comme ceux d’un prédateur prêt à bondir. Clara sentit son cœur s’accélérer.
— Vous pensez que c’est dangereux ?

Il la regarda par-dessus son épaule.
— Tout est dangereux, ici. Mais ça, c’est peut-être pire que le reste.

Sans un mot de plus, il changea de direction, s’éloignant du sentier principal pour se diriger vers la fumée. Clara hésita, mais l’idée de rester seule dans cette plaine inconnue lui parut bien plus effrayante que de suivre Roderic. Elle s’élança donc à sa suite.

Au bout de quelques minutes de marche rapide, ils atteignirent le sommet d’une petite colline, qui leur offrit une vue dégagée sur la scène en contrebas. Un petit village était en flammes. Les toits des maisons de bois s’effondraient les uns après les autres, dévorés par les flammes, tandis que des silhouettes s’agitaient dans le chaos.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Clara, horrifiée.

Roderic fronça les sourcils, ses yeux plissés.
— Des pillards, répondit-il sombrement.

En regardant de plus près, Clara vit des hommes vêtus de cuir noirci et de capes déchirées, armés d’épées et de lances, qui fouillaient les maisons et terrorisaient les villageois. Leurs rires rauques et leurs hurlements se mêlaient au crépitement des flammes, créant une cacophonie terrifiante.

— On doit faire quelque chose ! s’exclama Clara.

Roderic secoua la tête, son expression grave.
— Tu ne sais pas à quoi tu as affaire. Ces hommes ne sont pas des amateurs. Ils sont bien organisés, et toi, tu es à peine capable de tenir une épée.

Clara sentit la colère monter en elle.
— Alors quoi ? On reste là à regarder ?

— Parfois, survivre est plus important que jouer les héros, répliqua-t-il, sa voix tranchante.

Mais Clara ne pouvait pas détourner les yeux. En bas, une femme tentait de protéger un enfant des assauts d’un pillard. Elle tenait une fourchette rouillée comme seule arme, tandis que l’homme armé d’une épée s’avançait vers elle avec un sourire cruel.

— Non, murmura Clara, en serrant les poings.

Avant que Roderic ne puisse réagir, elle dévala la colline, son épée dégainée.

— Clara ! cria-t-il derrière elle, mais elle était déjà trop loin.

Son cœur battait à tout rompre, mais cette fois, ce n’était pas de peur. C’était de colère, de détermination. Elle ne savait pas comment elle allait s’en sortir, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas rester là à regarder.

Lorsqu’elle atteignit le village, elle se plaça instinctivement entre la femme et le pillard. L’homme, surpris, recula d’un pas avant de rire.

— Qu’est-ce qu’on a là ? Une petite héroïne ?

Clara serra les dents, levant son épée devant elle comme elle l’avait vu faire dans le jeu.
— Laissez-les tranquilles.

Le pillard éclata de rire à nouveau, avant de brandir son arme.
— Très bien, alors montre-moi ce que tu sais faire, héroïne.

Il attaqua sans sommation, un coup brutal que Clara parvint à bloquer de justesse. Le choc résonna dans ses bras, lui faisant presque lâcher son épée. Mais elle tint bon, reculant d’un pas pour se préparer à la prochaine attaque.

Le pillard était rapide et expérimenté, et chaque coup qu’il portait semblait plus puissant que le précédent. Clara esquivait tant bien que mal, mais elle savait qu’elle ne tiendrait pas longtemps.

Soudain, une autre lame jaillit de nulle part, bloquant une attaque qui aurait sûrement mis fin à son combat.

— Je t’avais dit de ne pas te précipiter, grogna Roderic, en repoussant le pillard avec force.

Clara recula, haletante, tandis que Roderic prenait le relais. Contrairement à elle, ses mouvements étaient fluides, précis, presque élégants. En quelques secondes, il désarma le pillard et le mit à terre.

— Tu vois ce que je voulais dire ? lança-t-il par-dessus son épaule, un sourire narquois aux lèvres.

Clara hocha la tête, trop essoufflée pour répondre.

— Allez, on doit les faire fuir, ajouta-t-il en se tournant vers les autres pillards.

Clara reprit son épée en main, suivant Roderic alors qu’ils se lançaient dans le village en flammes. C’était peut-être insensé, mais au fond d’elle, Clara savait qu’elle ne pouvait pas reculer.


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