Alors, Je respire ton absence.

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Elle diffuse. Elle a diffusé de toutes parts de ce monde. Le vent du soir sans doute l’a soulevée, et l’a répandue de par l’immensité entière du monde. Il n’est pas possible d’y échapper, depuis que les volutes de la poussière s’enroulent et se déroulent, et dessinent des entrelacs comme des fumerolles ; et ton absence se respire et se laisse respirer. Sans doute est-elle constituée de particules fines, de particules tellement fines qu’elles entrent dans les yeux. Elles se déposent sur les cils, dans la palpitation du regard et dans sa vibration. Il n’est pas possible de s’en défendre. Elle trouble un peu le regard. Les lignes se déforment et s’estompent. Je respire les particules fines de ton absence qui entrent dans ma gorge et dans mes poumons. Je suppose qu’elles entrent dans les arborescences de ce que le monde peut être en même temps que le souffle vivant les aspire.Ton absence est une poudre, fine et corrosive. Elle se dépose, elle s’instille, elle se soulève, par respirations brusques, comme le vent lui-même devient une respiration pure, et se propage dans tous les recoins de ce monde. Je ne connais pas d’abri. Il n’est pas possible d’échapper à la fine couche de cendres qui la constitue.

Il faudrait trouver des positions de repli à ton absence.Il faudrait chercher des positions de repli, dont aucune cependant n’est connue de moi. Ton absence est une poudre qui vient attaquer la texture du papier et la texture du monde et sans doute aussi toute possibilité de le parcourir. Le plan de mon cœur se perfore et se déchire. J’ai en tête ces repères que les paroles dessinaient et dont elles ponctuaient toute traversée du jour, et je sais qu’il est possible de se retrouver, soi, dans le monde. Des mains amies dessinent les contours de ces possibles, même si je ne parviens pas à les voir.

Or nous en sommes au point où le papier se froisse sous les assauts du vent et de ton absence. Je promène mon doigt sur la carte, et ce faisant, je ne reconnais aucune position de repli, à l’abri du vent, à l’abri de la poussière de ton absence. Le vent souffle, il est à peine possible d’allumer une cigarette et dans le vent de la nuit, les cendres incandescentes se répandent un peu plus loin autour de moi.

Il reste à suivre, d’un mouvement des yeux, sinon de la caresse de la main, le tracé des possibles et la pliure du monde. Ils se sont resserrés, je crois, dans cette brisure du papier. Je suppose que c’est à cet endroit, dans le pli de la carte, que je me suis reposé et que la poussière de ton absence se dépose sur moi. J’y recueille ton absence et la poussière qu’elle est devenue. L’incandescence de la cigarette perfore la nuit et fixe son regard. Et la fumée de mon souffle se mêle à la poudre de ton absence.

 Je me confonds en poussières.

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