Une Partie d'Échecs Mortelle

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La ville de Port-Alérion, qui avait toujours été un refuge tranquille pour Claire et Kyria, semblait maintenant enveloppée d'une ombre sinistre. Les tentatives de séduction d'Anastasia et Sofia avaient échoué. Malgré leur charme et leur manipulation, elles n'avaient pas réussi à percer les défenses de Claire et Kyria. Ces dernières avaient su maintenir une distance prudente, écartant les avances subtiles et évitant de divulguer des informations compromettantes. Pourtant, elles savaient qu'elles jouaient avec le feu.

Bader, de son côté, n'avait ni le temps ni la patience pour les échecs. Ses opérations à Lyon étaient trop importantes pour être compromises par deux femmes fouineuses. Lorsqu'il apprit que ses envoyées n'avaient pas réussi à briser la résistance de Claire et Kyria, il décida de changer de stratégie. Le moment était venu de recourir à des mesures plus radicales.

Bader réunit ses lieutenants dans une pièce sombre, éclairée par une faible lumière filtrant à travers des stores épais. « Si elles ne parlent pas sous la séduction, » dit-il d'une voix glaciale, « elles parleront sous la menace. Faites-les disparaître. Je veux qu’elles soient amenées ici, à Lyon. Et assurez-vous qu’elles soient bien… accueillies. »

Roman et Ivan, les deux hommes qui accompagnaient Anastasia et Sofia, reçurent les ordres avec une obéissance sans faille. L’enlèvement de Claire et Kyria fut planifié avec précision. Le lendemain matin, alors que les deux femmes se rendaient à un rendez-vous avec l'inspecteur Berkovici, une camionnette noire les attendait au coin d'une rue déserte. En un instant, tout bascula. Des mains puissantes les saisirent, les bâillonnèrent, et les jetèrent à l’arrière du véhicule. En quelques minutes, elles avaient disparu sans laisser de trace.

À Lyon, dans le quartier des Minguettes, un endroit connu pour sa réputation sulfureuse, Bader attendait ses proies. Le quartier, un véritable labyrinthe de tours et de ruelles, était le territoire de la bande à Bader. C’était ici que toutes ses opérations se déroulaient, loin des regards indiscrets, sous la protection d'une armée de sbires loyaux. Lorsque la camionnette arriva avec Claire et Kyria, Bader eut un sourire froid. Les deux femmes étaient enfin à sa merci.

Il les fit amener dans une pièce sans fenêtre, éclairée uniquement par une ampoule nue. Claire et Kyria, encore sous le choc, furent attachées à des chaises, leur angoisse palpable dans l’air lourd de la pièce. Bader les observa un moment, évaluant leur courage, leur détermination.

« Vous avez joué avec le feu, » dit-il en s'approchant. « Et maintenant, vous allez vous brûler. »

Kyria, malgré la peur qui lui étreignait le cœur, trouva la force de le défier du regard. « Vous ne vous en sortirez pas. La police sait que nous sommes ici. Ils viendront nous chercher. »

Bader éclata d’un rire sans joie. « La police ? Vous croyez que la police peut me faire peur ? Ici, je suis la loi. Personne ne viendra vous sauver. »

Pendant ce temps, l'inspecteur Stéphane Berkovici se trouvait dans une situation désespérée. En découvrant la disparition de Claire et Kyria, il comprit immédiatement ce qui s'était passé. Bader avait frappé, et il savait exactement où. Mais Berkovici était un homme de principes, et la loi était son arme. Cependant, face à un ennemi comme Bader, il savait qu’il lui fallait plus que la loi pour sauver ces deux femmes.

Il prit une décision radicale. Si Bader voulait jouer à ce jeu, alors il jouerait aussi, mais selon ses propres règles. Berkovici n'était pas un homme à être pris à la légère. Il avait des contacts, des alliés dans l'ombre, des hommes qui devaient leur carrière, et parfois leur vie, à son sens aigu de la justice. Parmi eux, un informateur clé dans les quartiers lyonnais, quelqu’un qui connaissait bien les activités de Bader.

Berkovici prit contact avec cet homme, un certain Malik, et mit en place un plan audacieux. Il savait que Bader avait un fils, un jeune homme qui, malgré l’ombre de son père, était relativement inconnu du grand public. C'était son point faible. Berkovici décida de frapper là où ça ferait mal, en kidnappant le fils de Bader.

Le coup fut exécuté avec une précision clinique. Malik et son équipe surveillèrent les mouvements du fils de Bader pendant plusieurs jours, puis, un soir, ils passèrent à l’action. Le jeune homme fut intercepté alors qu’il quittait un club huppé du centre-ville de Lyon. En un clin d’œil, il se retrouva ligoté et masqué à l'arrière d’une voiture banalisée.

Bader reçut la nouvelle de l’enlèvement de son fils quelques heures après l’avoir remis à Berkovici. La colère qu’il ressentit fut telle qu’elle le rendit aveugle de rage. Il comprit immédiatement que c'était un coup de Berkovici, une riposte à l'enlèvement de Claire et Kyria. C’était plus qu’une simple attaque, c’était une déclaration de guerre.

Les deux hommes savaient qu'ils étaient engagés dans une bataille psychologique où chaque erreur pouvait coûter la vie à leurs proches. Pour Berkovici, il s'agissait de sauver Claire et Kyria, pour Bader, il s'agissait de récupérer son fils. Mais ni l'un ni l'autre n'étaient prêts à céder.

Bader contacta Berkovici via un téléphone sécurisé. La conversation fut brève et tendue.

« Libère mon fils, ou tes deux petites protégées ne verront jamais le jour se lever », cracha Bader.

Berkovici répondit avec un calme glacial : « Tu sais que je ne ferai rien tant que Claire et Kyria ne sont pas en sécurité. C’est à toi de jouer, Bader. »

Bader, fou de rage, serra le poing. Il savait qu’il ne pouvait pas céder à la pression, mais il ne pouvait pas non plus risquer la vie de son fils. C’était un dilemme cruel, et il n’avait que peu de temps pour trouver une solution.

Dans leur cellule, Claire et Kyria sentaient que quelque chose avait changé. Les gardes étaient plus nerveux, moins sûrs d’eux. Elles ignoraient encore ce qui se passait à l’extérieur, mais elles savaient que la situation était en train de basculer. Leur espoir résidait en Berkovici, cet inspecteur qui leur avait promis de les protéger. Mais pourraient-elles tenir jusqu’à ce que le plan de Berkovici fonctionne ?

La tension monta d’un cran lorsque Roman, un des hommes de Bader, entra dans la pièce, le visage dur. « Vous avez de la chance, » grogna-t-il. « Votre flic a réussi à nous coincer. Mais ne croyez pas que vous allez vous en tirer à si bon compte. »

Kyria échangea un regard rapide avec Claire. C'était peut-être leur chance. « Si Bader veut récupérer son fils, il doit nous laisser partir, » dit-elle, cherchant à gagner du temps. « Vous le savez aussi bien que nous. »

Roman ne répondit pas, se contentant de les fixer d’un regard intense. Puis, après un moment, il tourna les talons et quitta la pièce, laissant les deux femmes dans une angoisse insupportable.

Pendant ce temps, Berkovici continuait à jouer la partie avec un sang-froid remarquable. Il avait placé le fils de Bader sous la garde de Malik, dans un lieu tenu secret. Chaque mouvement était calculé, chaque parole soigneusement pesée. Il savait qu’il marchait sur une corde raide, mais il était prêt à aller jusqu’au bout pour sauver Claire et Kyria.

Bader, de son côté, sentait la pression monter. Les heures passaient, et il devait prendre une décision. S'il faisait du mal à Claire et Kyria, son fils en paierait immédiatement le prix. Mais s’il les libérait, il donnait à Berkovici une victoire qu’il ne pouvait tolérer.

Finalement, après une longue réflexion, Bader contacta de nouveau Berkovici. « Nous allons procéder à un échange. Ton inspecteur pourra récupérer ses deux femmes, et je veux mon fils en retour. »

Berkovici savait que c’était une victoire en soi, mais il ne se permit pas de relâcher sa vigilance. « Très bien, » répondit-il. « Mais tout se fera à mes conditions. Nous choisirons l’endroit, et il n’y aura aucun de tes hommes dans les parages. Sinon, tu peux dire adieu à ton fils. »

Bader grinça des dents, mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Ils fixèrent alors un rendez-vous dans un endroit isolé, une usine désaffectée à la périphérie de Lyon.

Le jour de l’échange, les deux camps se retrouvèrent sur le terrain neutre convenu. Berkovici, entouré de quelques hommes de confiance, amena le fils de Bader. De l’autre côté, Bader apparut avec Claire et Kyria, visiblement épuisées mais vivantes.

L’échange se fit sous une tension palpable, chaque camp observant l’autre avec méfiance. Lorsque les deux groupes s’éloignèrent, Berkovici et ses hommes restèrent sur le qui-vive, prêts à réagir au moindre faux pas.

Mais l’échange se passa sans incident. Claire et Kyria furent libérées, et le fils de Bader retrouva son père.

Cependant, Berkovici savait que ce n’était pas la fin. Il avait gagné cette bataille, mais la guerre avec Bader était loin d’être terminée.

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