Le Crépuscule de l'Inspecteur
Les semaines passèrent, et la tension retomba doucement après l’échange. Claire et Kyria, bien que marquées par leur expérience, tentaient de retrouver une certaine normalité dans leur vie. Elles savaient que Bader n’avait pas oublié, mais pour l’instant, elles préféraient se concentrer sur leur relation et sur leur avenir, plutôt que de vivre dans la peur constante.
Stéphane Berkovici, de son côté, continuait à travailler inlassablement. Bien qu'il ait réussi à sauver Claire et Kyria, il savait que son affrontement avec Bader n'était pas terminé. Il y avait encore trop d’éléments troubles, trop de zones d’ombre dans cette affaire. La bande à Bader restait un réseau criminel puissant, avec des ramifications qui allaient bien au-delà de Lyon. Mais Berkovici était déterminé. Il avait promis de démanteler ce réseau, et il comptait bien tenir parole, même si cela impliquait de risquer sa vie.
Mais Bader n’était pas un homme à oublier les affronts. Le kidnapping de son fils avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Il avait patienté, ruminé sa vengeance, et finalement, il avait décidé de frapper là où cela ferait le plus mal.
Le plan de Bader était simple, direct, et terriblement efficace. Il savait que Berkovici était un fervent supporter de l’Olympique de Marseille. Chaque fois que l’équipe jouait, il assistait au match, fidèle parmi les fidèles. Ce soir-là, l’OM affrontait un rival historique, et l’atmosphère au stade Vélodrome était électrique. Les chants des supporters résonnaient dans toute la ville, les rues grouillaient de fans vêtus de bleu et de blanc, et l’ambiance était à la fête.
Bader choisit ce moment pour frapper.
Le duo qu'il avait engagé pour la tâche était composé de deux tueurs chevronnés, connus pour leur discrétion et leur efficacité. Ils étaient le genre de mercenaires qui ne posaient pas de questions, exécutant leur mission avec une précision implacable. Sur leurs scooters noirs, ils se fondaient parfaitement dans le chaos joyeux des rues de Marseille après un match gagné.
Berkovici, comme à son habitude, quitta le stade un peu après la fin du match. La victoire de l'OM l’avait mis de bonne humeur, et il savourait encore l’euphorie de cette soirée réussie. Il se dirigea vers le parking, son écharpe bleu et blanc autour du cou, son esprit encore rempli des chants des supporters. Il ne remarqua pas les deux scooters qui attendaient patiemment dans l’ombre, juste à l’entrée du parking.
Les tueurs attendirent le moment parfait, celui où Berkovici serait le plus vulnérable. Lorsqu'il atteignit sa voiture, les deux scooters s’approchèrent discrètement. L'un des hommes sortit une arme équipée d’un silencieux, et sans un mot, sans hésitation, il visa Berkovici.
Le premier coup fut tiré avec une précision chirurgicale, touchant l'inspecteur en pleine poitrine. Le choc le fit vaciller, un instant d’incrédulité dans les yeux. Puis vinrent les autres coups, rapides, implacables. Berkovici s’effondra au sol, son corps se mêlant à la poussière et aux débris du parking. Les tueurs disparurent aussi vite qu'ils étaient apparus, se fondant dans la masse des supporters en liesse, les cris de victoire et les pétards masquant le bruit des coups de feu.
Personne ne remarqua immédiatement la scène. Le corps de Berkovici resta allongé là, inerte, tandis que les chants et les rires continuaient de résonner dans les rues. La victoire de l’Olympique de Marseille avait été belle, mais la mort de Stéphane Berkovici serait atroce, une fin brutale pour un homme qui avait tant lutté pour la justice.
Quelques minutes plus tard, un passant le trouva. La panique s’installa rapidement parmi les fans lorsqu’ils réalisèrent ce qui s’était passé. Mais il était déjà trop tard. Berkovici était mort, assassiné de manière froide et calculée, un acte de vengeance signée Bader.
La nouvelle de sa mort se répandit comme une traînée de poudre. Les médias locaux relayèrent l’information, évoquant une possible attaque en lien avec le crime organisé. Ses collègues, ses amis, et même ceux qu'il avait autrefois protégés, furent choqués et accablés par la perte de l'inspecteur. Mais derrière cette tragédie, un sentiment d'injustice grandissait. Berkovici n’avait pas seulement été un flic, il avait été un homme de principes, un défenseur de la loi dans un monde où celle-ci était souvent bafouée.
Mais pour Bader, c’était un message clair envoyé à tous ceux qui oseraient se dresser contre lui. La mort de Berkovici marquait le début d'une nouvelle ère de terreur dans laquelle personne, pas même les hommes de loi, n’était à l’abri.
Pour Claire et Kyria, la disparition de Berkovici fut un coup dur. Elles savaient qu'il était leur dernier rempart contre Bader et ses hommes. La peur refit surface, accompagnée d'une détermination farouche. Si Berkovici avait sacrifié sa vie pour les sauver, alors elles ne pouvaient pas abandonner maintenant. Il leur fallait trouver un moyen de mettre fin à cette guerre, avant que d'autres vies ne soient brisées.
Le crépuscule de l’inspecteur marquait le début d’une nouvelle bataille, une où la justice ne pourrait peut-être pas être rendue par les voies légales.
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