La pièce de théâtre
Un samedi soir, je me retrouvai seule à un spectacle du lycée auquel Julie m'avait un peu traînée de force. Elle présentait une pièce de théâtre qu'elle avait répétée durant des semaines entières. Il était inconcevable que je n'y assiste pas. Je mis de côté ma fatigue et l’accompagnai au spectacle.
Alex était là également, discutant avec un jeune garçon, certainement son fils.
Je l’aperçus immédiatement mais je pris soin de l'éviter, n'ayant aucune envie de croiser sa femme.
Dans l'ombre de la salle, peu avant que le spectacle ne commence, je sentis une présence à mes côtés, les effluves d'un parfum que je connaissais trop bien m'enivra tout à coup. Je n'osai tourner la tête essayant de ne pas succomber à l'ivresse de cet instant.
- Bonsoir, murmura une voix avec un léger zozotement.
Mon cœur sauta un mouvement dans les battements désespérés qu'il faisait pour ne pas trahir mon trouble.
Je tournai la tête et me perdis un instant dans ces yeux qui m'ensorcelaient. J'étais incapable de bouger, de parler.
- Je ne savais pas que Julie était dans la même classe que Maxence, me dit Alex, rompant le charme qui m’emprisonnait dans le silence. Maxence est mon neveu, précisa-t-il aussitôt comme s'il avait peur que je me fasse de fausses idées à son sujet.
Je ne sais pas pourquoi, mais cette révélation me soulagea aussitôt, me plongeant à nouveau dans un état de plénitude et de bonheur que je ne saurai décrire.
Nous avons passé la soirée côté à côté, sans d'autres mots, sans d'autres gestes, applaudissent ou riant au fil du temps, marquant les actes de la pièce de théâtre.
À la fin du spectacle, profitant de la liesse générale, Alex avait saisi ma main, m'enlaçant tout à coup pour déposer un baiser sur mes lèvres en me fixant intensément de ses yeux pétillant de sensualité.
Je restai là, immobile, perplexe, étonnée par ce geste tellement inattendu et déplacé. Il semblait attendre, une gifle, un sourire ? Que devais-faire ? Je choisi la fuite, détournant le regard et fixant le bout de mes chaussures, espérant ainsi effacer les trois dernières minutes de mon existence.
Mais au lieu de le repousser, ma réaction le conforta dans son désir.
- J'ai envie de toi murmura-t-il à mon oreille.
Cette phrase me fit fondre, je voulais lui répondre que moi aussi, que je pensais à lui chaque jour, chaque nuit depuis notre rencontre. Mais il y avait Antoine, Julie, ce n'était pas possible, pas possible.
- Non, je ne peux pas faire ça. Je lâchai sa main avant de m’enfuir.
Dehors, la pluie inonda mon visage écarlate, le rafraîchit, j’avais honte des sentiments coupables que j'éprouvais pour un autre homme, honte de l'avoir laissé croire qu'il pouvait me posséder.
Je m'enfermai dans la voiture puis envoyai un texto à Julie lui indiquant où me trouver.
Une demi heure plus tard, ma fille qui arrivait en courant se précipita dans la voiture.
- Tu as vu, il y avait Alex au spectacle.
- Qui ça ? Demandai-je d'un ton faussement neutre.
- Alexandre Lagrange, mon maître de stage.
- Ah ! Lui ? Non, je n'avais pas vu.
Annotations
Versions