chapitre 9
Point de vue inconnu,
17 Janvier 2014
J. Eldi a dit un jour : “Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s’enrichit en vous méprisant.”
C'est tellement mystérieux l'Amour. Charlie, l'attrayante séductrice, t'a invité pour une raison inconnue. Contre tes habitudes, tes cheveux se déployaient en une splendide chute de boucles. J'ai une fois de plus trouvé du plaisir à t'observer. Tu es là, embarquée dans une danse érotique avec Charlie, sous le regard envieux des hommes présents, moi inclus. Ces hommes à l'oeil lubrique, comme des chasseurs en quête de leur prochain repas. J'ai eu envie de les gifler. Et toi, insouciante, au rythme de cette lancinante musique, dansant au gré de la musique, tu ne remarques rien. Encore moins ta stupide bande. Oui, je t'ai observée. Tu es belle, comme toujours, mais ce soir, mon trésor, tu rayonnes. Tu es presque angélique. Tu frôles juste mon bras en passant, comme une invitation silencieuse. Comme si tu connaissais notre lien, ton désir pour moi, ton appel silencieux. Mais tu ne t'en rends pas encore compte.
Je te vois là, adossée à ta chaise, ta petite robe rouge moulant ton corps. N'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. Je veux juste t'enlever, pour t'emmener dans mon château caché au milieu de la forêt. Cela ne te plaît pas ? Tu pourrais être mon conte de fées. Ma Blanche-Neige, interagissant avec les oiseaux qui perchaient sur les branches. Ou bien Cendrillon, faisant le ménage toute la journée. Non, tu as raison, Aurore serait un choix plus approprié. Tu seras la première que je voie et je pourrais t'embrasser passionnément à chaque nouveau jour. Sans mot dire, je m'éloigne lentement, me refusant à admettre cette vérité dérangeante. En amour, la fuite n'écarte pas le danger, elle attise juste la tristesse. Et dans ma cave, personne ne t'entendrait crier.
C'est tellement mystérieux l'Amour. Tu nous mens avec une finesse que je ne te connaissais pas. J'ai toujours eu cette impression que Matthew et toi, vous ne faisiez pas que parler. Comme ce jour où vous vous êtes rencontrés, vous ne nous étiez jamais vu, mais vous vous connaissiez déjà. Tu brilles ma puce, mais tu as perdu ta flamme. J'aime ce que je vois. Depuis tous ces mois qu'il t'a laissé, tu t'éteins.
— Hello
— Salut
— Qu'est-ce que tu fais là, t'as perdue tes potes ? Dis, t'as pas une clope que je l’allume ? Tu me raconteras pourquoi tu n’es pas avec les autres.
Matthew. Matthew. Matthew... Ferme ta bouche et laisse-moi ce genre de répliques veux-tu ?
— Arrête de m'écrire.
— Alors arrête de répondre, Ley’.
— Hailey ! C'est mon prénom je te rappelle. Je tiens à ce que tu le retiennes.
— Quoi ? Auparavant, cela ne te dérangeait pas. Tu as changé d'avis ?
— "Auparavant" est le terme crucial ici. Les choses ont changé.
Grand blanc. Vous ne me voyez toujours pas alors que je suis bien visible, adossé à ce poteau. Tu pensais que l'amour était simple. Or, l'amour est un travail acharné qui demande des sacrifices, souvent plus faciles à fuir qu'à affronter. C'est ce qui vous avait menés ici, Matthew et toi, dans cet endroit loin d'être paradisiaque, mais qui n'avait pas d'importance. Votre complicité était votre force, une force que les autres peinaient à comprendre et à tolérer. Il reprend alors que tu te détournes de lui.
— Non, il vaut mieux qu’on arrête de faire ça. Ça n’a pas de sens de se parler tout le temps si on n’est plus ensemble.
Ta poitrine se serre.
— D’accord.
Ta réponse sonne comme une défaite.
C'est tellement mystérieux l'Amour. Je vous observe parler de celui qui te fais le plus de mal et tu l'écoutes sans même douter que c'est moi. Je veux que tu connaisses l'amour et que tu perdes tout, je veux être ton pilier quand tout s'effondre. Je vais tout te prendre. Tes amis pour commencer. Ils se détourneront sans que tu t'en aperçoives petit à petit. Viendra le tour de ton homme. Je te prendrai tes sourires si parfaits. Ta bonne humeur, douloureusement contagieuse. Celle qui, ou que tu ailles, se propage joyeusement aux alentours. Tes rêves deviendront miens. Inexorablement, je serais ta perte.
— Tu ne te sens pas coupable, n'est-ce pas ?
Regarde-le ma jolie blonde, il blêmit. Il esquive encore.
— Discussion close.
On s'apprête à rentrer quand il murmure :
— Tu portais la même robe la dernière fois qu'on s'est vu, tu t'en souviens ?
— Non.
Dans tes yeux j'y décerne le chaos, votre chaos. Il est beau. Son tee-shirt bordeaux contrastant avec sa peau blanche, il était à cet instant, pour toi, plus beau que jamais. Tu papillonnes tout en t'humiliant avec Matthew. Ma puce, quand comprendras-tu qu'il te faut fermer la porte ? Ces failles dans lesquelles tu t'engouffres sont nocives. Tu le désires comme jamais tu n'as désiré quelqu'un. Cela ne te suffisait plus. En réalité cela ne t'avait jamais suffi. Tu voulais plus. Tu le voulais lui, tout entier. Lùca à côté, ce n’était pas grand-chose quand t’y repenses. Un premier amour auquel on se raccroche la nuit. Pourtant je crois qu'à fond, tu espères le réparer mais mon amour, on ne répare pas une personne. Ne me force pas à intervenir. Tu n'as donc plus aucune estime de toi-même ? Je ne tolérerai pas qu'il te mente une énième fois quand bien même se serait de ton propre chef. Petite conne.
— Est-ce que tu m'aimes ?
L'amour, c'est comme un tatouage. Tout le monde trouve ça beau mais faudra souffrir un moment donné ou un autre. Il y a ceux qui choisissent les temporaires, et ceux qui trouvent le modèle parfait à leurs yeux, dont ils ne se lasseront pas, qu'ils auront dans la peau, qu'ils aimeront éternellement comme au premier jour. Il te regarde une énième fois sans te répondre et embrasse avec une douceur que j'exècre tes lèvres rosées. Tu te détaches ensuite de lui pour hocher la tête. Pris d'une magnifique tristesse, il te sourit et te serre dans ses bras tandis que je bouillonne de haine à son égard. Oui, tu l'aimes. Encore, mais plus pour longtemps ma chérie. Dans les contes les gentils gagnent toujours. Justice finit par être rendue. Et le temps guérit toutes les blessures. Mais ceci n'est pas un conte.
— Si je te dis sexe, désir, excitation, arrière du bar, tu penses à quoi ? Moi je sais, je t’attends dans 2 minutes chronos.
La porte arrière du bar est à peine claquée, que tu te retrouves plaqué contre celle-ci avec les lèvres de Matthew sur les tiennes. Sans te laisser une seule seconde de répit, il enfonce sa langue dans ta cavité buccale et te dévore la bouche. D'une main, il agrippe tes cheveux avec une brutalité telle que t'en gémis. Coincée entre la porte et son corps, tu peux sentir la dureté de sa queue sur ta cuisse pendant que son autre main experte, se glisse sous ta robe écartant ta culotte en dentelle. Toi qui ne pensais pas être davantage prise au dépourvu, tu vacilles sur tes talons lorsque deux de ses doigts entre en toi.
— Bonne nuit, Hailey
Votre regard ne s'est pas détaché une seule fois. Un silence épais s'installe alors que vous rejoignez chacun le reste de vos groupes respectifs. Tu sembles incapable de percevoir les conséquences de ce soir. J’ai du mal à supporter ce qui vient de se passer, ce que tu as fait m'importune au plus haut point. Et toi, là, tu arrives à te détendre, t'asseyant sur les luxueux canapés du bar, en feuilletant tranquillement le menu des cocktails. Tu es en train de trahir ma confiance. Le serveur t’apporte le choix de boissons, que tu commandes alors que tu n’as pas l’habitude d’y toucher. Se pourrait-il que ce soit à cause de ton humeur coupable ? Tu sembles pensive, ton regard rivé sur le menu avant de finalement opter pour une tequila Sunrise, probablement pour te donner du courage pour la soirée tumultueuse à venir.
Le cocktail classique d’orange, de jus de lime et de tequila est préparé par le barman, un verre à facettes de mille couleurs miroitant à la lueur des lumières stroboscopiques. Tu y plonges une paille et prends une gorgée, un sourire triste se dessinant sur ton visage. J'ignore si tu cherches à te réconforter, à t'enhardir, ou simplement à noyer ta culpabilité dans l'alcool, mais peu importe, ta trahison est toujours là, bien présente entre nous. Profite du moment, get high and have fun. Comme si la boisson pouvait dissiper les erreurs de ce soir.
Lorsqu'on sort ensemble, je sais à quoi m'attendre. Nous avons nos codes, nos signes. Nous nous comprenons et c'est cela qui rend notre relation unique. Mais là, je n'arrive pas à suivre. Là, nous ne sommes plus nous. Ce soir, nous sommes deux alliés qui ne se comprennent plus, qui sont sur deux chemins différents. Tu semblais prête à rompre ce lien qui nous unissait quand tu as suivi Matthew dans la cour extérieure de la boîte de nuit.
Et pourtant, tu es allée avec lui, engoncée dans ta petite robe rouge, laissant derrière toi ton éclatante naïveté et notre amour sincère. Rien ne pouvait m'avoir préparé à la douleur que j’ai ressentie lorsque j'ai réalisé ce que tu étais en train de faire, ce que tu nous faisais. Et le plus dévastateur, c'est que Matthew se sert de toi Il est toujours avec l’autre idiote. Tu n'étais, à ses yeux, rien de plus qu'un divertissement. Il ne t'a vue que comme une distraction temporaire, alors que moi, je t'ai toujours vue comme une reine.
Cela m'est égal que tu aies couché avec lui, moi ce qui m'importe c'est que tu nous as trahis. Notre lien, notre pacte tacite, tu l'as rompu sans ménagement. Et sur ces bases, contre l'ennui, la tristesse et la vengeance, je te dis, Hailey : "Prépare-toi à des conséquences fâcheuses".
C'est tellement mystérieux l'Amour. Il est maintenant quatre heures du matin et que c'est l'heure idéale pour te foutre la trouille. Soyons honnêtes. La séduction est meurtrière. Tu es épuisée, tu fantasmes sur le confort de ton lit. Mais crois-moi, ce soir, tu ne dormiras pas.
Une faible lueur de lune perce à travers les nuages, éclairant une ruelle sombre et étroite. L'atmosphère est oppressante, empreinte de tension. Les gouttes de pluie commencent à tomber. Tu te déplaces seule, serrant ton sac contre toi. Tes pas résonnent faiblement sur les pavés mouillés. Tu te crispes légèrement, sentant une présence derrière, tu presses le pas. Les échos de tes talons se font plus insistants. « Respire, il n’y a personne... » L'angoisse montante, tu te retournes et ton regard hésitant plonge dans l'obscurité. Soudain, j'émerge des ténèbres, masqué et je saisis son épaule. Tu pousses un cri étouffé, te débattant.
— Chut. Ne crie pas, je t'ordonne.
Afin de t'effrayer davantage, je sors un couteau de ma poche, la lame se reflétant faiblement à la lumière de la lune. Tu es terrifiée.
— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
— Donne-moi ton sac, je réponds d'un ton menaçant.
— S'il vous plaît, je n'ai pas d'argent …
Pétrifiée, tu tends ton sac à main. Je l'attrape brutalement, le fouille rapidement, trouve un porte-monnaie vide puis le jette au sol. Je te repousse violemment contre le mur de la ruelle. Les gouttes de pluie tombent en cascade, ajoutant à la sensation d'horreur. J'adore ça. Je mets la main dans ma poche, en sortant une flasque dégageant une étrange odeur.
— L'argent n'est pas ce que je recherche, susurrais-je de manière tranchante.
— Qu'est-ce que c'est ? demandes-tu, l'anxiété palpable.
Un sourire narquois se dessine sur mon visage en répondant :
— Un moyen de t'endormir. Tu ne souffriras pas. Tu vas simplement t'évaporer.
Alors que je m'approche de ton doux visage avec la fiole et que tu résistes de toutes tes forces, des phares de voiture inondent la ruelle. Les moteurs résonnent de plus en plus près. Je rechigne.
— Maudits flics, murmurais-je entre mes dents.
Soudain, une poussée d'adrénaline te pousse à me piétiner violemment le pied et un cri s'échappe de ta bouche. Alors que je laissais tomber la fiole et m'échappais en courant dans l'obscurité, une voiture de police émerge à toute vitesse, s'arrêtant à ta hauteur. Les policiers sortent, leurs lumières clignotantes sous la pluie, ils te rassurent tout en s'adressant à toi, tandis que je m’échappe dans la nuit noire. Le premier policier, d'un ton rassurant :
— Vous allez bien mademoiselle ? Avez-vous vu l'homme ?
— Il... Il allait me faire... Il avait une fiole... Parvins-tu à articuler, encore sous le choc.
Pendant que les policiers fouillaient la ruelle à la recherche du moindre indice pouvant les mener à l'homme mystérieux, Hailey était tourmentée par une vague d'horreur et de soulagement mêlés. L'agresseur, quant à lui, n'avait en réalité jamais quitté la proximité des lieux de l'attaque. Dissimulé dans l'encadrement d'une porte négligée à quelques mètres de là, il s'était fondu dans la pénombre, devenant partie intégrante de l'obscurité opprimante qui enveloppait la ruelle. Il retenait sa respiration à chaque pas des policiers, à chaque faisceau de lampe qui frôlait sa cachette. Il observait toute la scène se dérouler avec une obsession emplie d'effroi : l'expression bouleversée de sa victime, la rapidité avec laquelle les autorités étaient arrivées, et les silhouettes menaçantes que leur présence projetait sur les murs humides.
Il était comme une araignée au cœur de sa toile, patiente et invisible. Certains diraient que son habileté à se camoufler relevait de la prédation naturelle, tandis que d'autres soutiendraient qu'il avait étudié et planifié méticuleusement son évasion, connaissant le dédale de passages et de recoins sombres à la perfection. Pour lui, cette proximité avec la police, la possibilité de sentir le frisson de l'invisible à la portée de sa main, n'était qu'une autre forme de pouvoir. La peur qu'il eût imprimée dans l'esprit de Hailey et le désarroi viscéral qu'elle ressentait maintenant, c'était l'image troublante qu'il peignait dans sa mémoire dérangée, qui l'emplissait d'une exaltation sombre et perverse. Même alors que les lumières bleues et rouges clignotaient et que les radios crépitaient, il notait chaque détail, l'enregistrait dans l'encre noire de son esprit. Il écoutait les conversations entrecoupées, anticipant les démarches futures de l'enquête, et apprenait à travers la frayeur et la confusion. Il se délectait du savoir que malgré leur recherche minutieuse, il était là : un fantôme au milieu d'eux, le monstre qu'ils cherchaient à la portée de leur bras mais hors de portée de leur regard.
Les policiers se séparèrent finalement, escortant Hailey en sécurité sans jamais soupçonner la présence du prédateur qui les avait observés, apprenant d'eux, et qui continuait maintenant à suivre chaque battement de cœur de sa proie choisie. Son départ de la ruelle n'était qu'un mouvement élégant dans sa danse macabre, un pas de plus dans son jeu cruel, un jeu où Hailey était involontairement devenue le centre de son univers tordu. Avec une précision chirurgicale, il suivait leur trajet, toujours caché, toujours proche, fraudant l'amenuisement des derniers échos des voix de l'autorité dans la nuit. Il était le spectre sur leur piste, la menace non vue mais toujours crainte, la promesse sinistre d'un retour effrayant à la réalité que Hailey n’espérait jamais affronter à nouveau.
Les policiers sont préoccupés, leurs regards scrutent chaque recoin de la ruelle sombre à la recherche de l'homme mystérieux, mais il semble s'être évanoui dans les ténèbres, ne laissant aucune empreinte ni indice derrière lui. L'absence de signes évidents renforce le sentiment d'angoisse qui règne. Les lumières clignotantes de leur patrouille jouent sur les murs mouillés, créant des ombres menaçantes qui semblent se refermer sur vous.
Les policiers, compatissants face à ta peur palpable, t'aidèrent à te relever, te soutenant alors que tu étais sur le point de chanceler. Ils ne savent pas grand-chose de l'homme qui t'avait attaquée, mais leur priorité était de te protéger. Leur présence rassurante te permit de reprendre lentement ton calme, bien que la peur brillât toujours dans tes yeux. La deuxième policière, une jeune femme aux traits déterminés, prit son téléphone pour appeler une ambulance. Le son du bipbip rapide du combiné accentuait la tension ambiante.
Tes esprits reprenaient lentement le dessus, tandis que tu attendais, anxieuse et frissonnante, les secours. Pendant que les secours se dirigeaient vers vous, le premier policier, un homme d'une quarantaine d'années au regard réconfortant, t'expliqua qu'il serait préférable de déposer une déclaration officielle au poste de police. Cette déclaration aiderait à démêler cette affaire troublante et contribuerait à garantir ta sécurité. Ta tête hochant faiblement, tu sembles donner ton accord, mais l'inquiétude rongeait toujours ton esprit, te laissant dans la crainte constante que l'homme mystérieux puisse réapparaître à tout moment.
Les agents de police t'escortèrent chez toi, s'assurant que tu arrives sans encombre à l'intérieur de ta demeure. Ils s'en allèrent après t'avoir rassuré une fois encore et t'avoir garanti qu'ils resteraient joignables si besoin. Ta gratitude à leur égard était sincère, mais la terreur restait ton unique compagne. Une fois seule, tu luttas pour retrouver ta contenance, mais le visage de l'homme inconnu et la fiole persistaient dans ton esprit. L'obligation de faire une déclaration au poste de police le lendemain pesait lourdement sur toi, chaque silhouette dans la rue te semblait menaçante.
Finalement, tu te résolus à aller te coucher, espérant que le sommeil chasserait les cauchemars de cette soirée. Cependant, à peine avais-tu fermé les yeux que ton esprit fut assailli par des visions troublantes. Le reste de la nuit, interminable, fut peuplé par des rêves troublants. Alors que tu étais aux prises avec un cauchemar où l'homme inconnu te poursuivait implacablement, un bruit soudain te réveilla en sursaut. Un écho de coups frappés à ta porte déchira le silence nocturne. Ton cœur prit un rythme effréné, la pensée que l'inconnu était revenu te tourmenter te terrifia.
En comprenant que tu ne réagirais pas, je décidai de prolonger la sonnerie, marquant avec insistance que ce n'était pas une coïncidence. Tout en maintenant cet environnement effrayant, je laissais une rose noire maculée de sang devant ta porte, un symbole morose de ma présence et de mon omniscience. Tu te précipites chez ton voisin, Valentin. Invitée à entrer, tu refuses, ne voulant pas mêler quiconque à cette situation perturbante.
— C'est toi qui as laissé ça devant chez moi ?
Tu entends un "non" pour réponse, mais avec une pointe d'amusement, il ajoute :
— Non, mais si personne ne se dénonce, je le ferai volontiers.
Valentin semble presque amusé par la situation, mais son ton change en découvrant l'inquiétude sur ton visage.
— Qu'est-ce qui se passe ? Toutes les femmes aiment les fleurs, tenta-t-il de minimiser.
Ta réponse est rapide, empreinte de peur :
— Pas celles couvertes de sang, lui répondis-tu en secouant la tête.
Il parut surpris :
— Quoi ?
— Regarde c'est du sang j'te dis.
Il essaie alors de minimiser la situation, soucieux de ne pas t'effrayer davantage :
— C'est surement un accident, regarde, les roses ont des épines. Peut-être que ton admirateur secret est maladroit.
Mais la question persiste dans ton esprit :
— Un admirateur secret, à sept heures du mat' ?
Soucieux, il essaye de prendre cela à la légère. Il ne veut pas te faire peur.
— Faisons le simple ! Qui d'autre offrirait des roses sans se faire connaître ? Répond-il pour te rassurer.
Puis, il t'encourage à ne plus y penser, garde la rose et te conseille d'aller te coucher. Cependant, ton inquiétude ne s'apaise pas et tu te montres réceptive tout en gardant une part de scepticisme. Alors que tu te glisses à nouveau dans ton lit, tes pensées vacillent entre les événements choquants de la journée. Finalement, tu parviens à t'endormir, mais ton sommeil est agité.
Quelques heures plus tard, tu te retrouves face à un choix déchirant. Devoir te rendre ou non au poste de police pour effectuer ta déclaration dans l'espoir de résoudre ce mystère et d'assurer davantage ta protection, ou choisir de garder le silence sur cette rencontre terrifiante dans l'espoir qu'elle ne se reproduit pas. Ton cœur battait la chamade à chaque pensée de quitter ta maison, et l'angoisse t'étreignait à l'idée de t'aventurer à l'extérieur. Mon fantôme semble encore rôder autour de toi, et l'éventualité d'une nouvelle confrontation te plonge dans une peur glaciale.
Quelques heures plus tard, enveloppée dans une couverture comme si tu cherchais à te protéger du monde extérieur, tu réfléchis intensément. Ta respiration est saccadée, ton esprit agité. Chaque son, chaque bruit semble annoncer le retour de cette présence malveillante. Un choix difficile s'étale devant toi comme un chemin semé de ronces et de cailloux tranchants : faire face à la réalité au poste de police ou te terrer dans un silence tourmenté qui pourrait se transformer en tombe. Mais si, par ton silence, tu devenais complice d'une suite d'événements tout aussi terrifiants ?
Malgré la peur envahissante et armée d'un courage fragile mais déterminé, tu te lèves. Les minutes paraissent des heures alors que tu te prépares, chaque mouvement une conquête sur ta paralysie. Arrivée à la porte, tu hésites un court instant, les mains tremblantes sur la poignée. Une bouffée d'air frais te saisit lorsque tu t'aventure dehors et dans la lumière crue du jour. Les rues normalement familières te semblent étrangères et menaçantes. Tu te lances avec une détermination teintée d'appréhension.
À peine arrivée au poste, une voix, neutre et professionnelle, retentit :
— Bonjour, comment puis-je vous aider ?
La conversation qui suit semble surréelle. Tu retraces les événements, ta voix tremble parfois mais reste claire. Chaque mot prononcé est un pas de plus loin de l'estran mortel où se perdent les âmes. Tu pars finalement avec la promesse d'une protection, d'une vigilance accrue autour de toi. La peur ne disparaîtra pas instantanément, mais un poids semble se lever de tes épaules.
Tu quittes le poste de police avec un poids en moins sur la conscience, mais le souvenir glacial de cette nuit te colle à la peau. Alors que le lycée apparaît au détour d'une rue, tu inspires profondément et tente de remettre de l'ordre dans tes pensées. C'est le moment de la pause de 10h, une parenthèse bruyante et frénétique dans la journée des lycéens.
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