chapitre 12

14 minutes de lecture

Septembre 2013

Hailey poussa un soupir de soulagement mêlé de fatigue lorsqu'elle franchit enfin le seuil de sa maison, son refuge quotidien après une journée harassante au lycée. Les échos des conversations animées et des couloirs bruyants résonnaient encore faiblement dans son esprit. À peine eut-elle fermé doucement la porte derrière elle qu’une vague de tranquillité l’enveloppa, adoucissant les angles brutaux de sa journée.

Elle se dirigea sans tarder vers la salle de bain, laissant l'eau chaude de la douche dégager les tensions accumulées. L'eau ruisselante chassait l'agitation, tandis que la vapeur enveloppait doucement son corps, offrant une évasion momentanée.

Pendant ce temps, Sami était dehors, immergé dans l'univers de la photographie. Sous les nuances subtiles du crépuscule, il capturait des instants fugaces, jonglant avec les poses et les éclats de lumière pour immortaliser le monde selon sa vision unique. La séance touchait à sa fin, mais Sami était satisfait, content de son œuvre, avec la fierté d'avoir saisi des fragments de beauté éphémère.

Les semaines s'égrenèrent, et Hailey se retrouva souvent à la cafétéria avec Jules et son groupe d'amis. Parmi eux se trouvait Valentin, un athlète populaire aux allures décontractées, qui parfois préférait leur compagnie à celle de ses propres amis. Amanda, avec sa verve acérée et son humour mordant, et Emma, douce mais réservée, complétaient souvent le tableau de ce groupe hétéroclite.

Valentin, exhibant un sourire espiègle, s'adressa à Hailey pour les présentations :

— Hailey, voici Amanda et Emma.

Hailey répondit par un sourire sincère, consciente des personnalités contrastées de ces jeunes femmes.

— Ah, donc voilà la fameuse nouvelle arrivante, dit Amanda sur un ton pétillant de sarcasme.

— Salut, je suis Emma, murmura Emma, tentant un sourire timide mais chaleureux.

Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette atmosphère, et malgré les barrières invisibles érigées par leurs différences, Hailey sentit qu'une forme de protection pouvait naître de ces nouvelles relations.

— Vous êtes en quelle année ? demanda Hailey, curieuse d'en savoir plus sur ses nouveaux camarades.

Amanda ne se fit pas prier pour répondre, faisant preuve de son ironie habituelle :

— En troisième année, l’époque où on prétend avoir tout compris de notre avenir.

Emma ajouta avec douceur :

— Oui, en troisième. Mais parfois, les choses ne se passent pas du tout comme on l'avait imaginé.

Il y avait de la sagesse dans ces paroles, et Hailey s'y reconnaissait, elle aussi cachant ses propres doutes et vulnérabilités derrière ses sourires.

Jules, observant la scène d'un regard amusé, intervint :

— Et toi, Hailey, comment trouves-tu le lycée jusqu’à présent ?

Hailey, après une brève réflexion, répondit honnêtement :

— Intense. J’essaie de m’y faire, mais ce n’est pas toujours facile.

Valentin, percevant peut-être plus qu'il ne le montrait, lui lança un regard compatissant.

— T'en fais pas, tu prendras vite le rythme. Et si jamais tu as besoin, n'hésite pas à nous demander, on est là.

Dans un effort pour alléger l'atmosphère, Sami proposa un nouveau sujet.

— Amanda, que penses-tu de ce nouveau projet artistique de l'école ?

Amanda, l’air faussement blasé, leva les yeux au ciel mais ne put réprimer un sourire amusé.

— Oh, l’Artistic Gala ? Encore une tentative de la direction pour nous transformer en artistes... Mais, bon, ça peut être amusant.

Emma, avec une lueur d'enthousiasme dans les yeux, ajouta :

— C’est une belle occasion de montrer notre passion. Peut-être que certains découvriront des talents qu'ils ignorent posséder.

La conversation continua, chaque membre du groupe partageant ses espoirs et ses appréhensions. Hailey se sentit fondre peu à peu dans ce tableau bigarré, chaque échange tissant un peu plus les fils d’une nouvelle complicité.

Lorsque la cloche retentit, annonçant la fin de la pause, le groupe se dispersa en riant, mais Hailey garda en elle cette sensation réconfortante d'appartenance. Le sourire encourageant de Valentin, suivi de son regard pétillant, l’accompagna jusqu’à sa prochaine classe.

Jour après jour, Hailey découvrait les multiples facettes du lycée. À sa surprise, la lourdeur qu'elle appréhendait se transformait en curiosité, son sourire s'épanouissait, et les inconnus fréquents de son quotidien devenaient lentement des amis.

***

— Mademoiselle Bennet, seriez-vous disposée à lire votre rédaction à haute voix, s'il vous plaît ? demanda le professeur avec un calme assuré. Je pense que votre travail pourrait être exemplaire pour certains et éclairant pour d'autres quant à la tâche demandée.

— Ouais, d'accord, professeur, répondit Hailey, sa voix portant un mélange d'appréhension et d'assurance.

Elle entend ton écho, déformé par une sarcastique ironie, surgir de derrière elle. Se retournant, je surprenais Amanda, ma camarade de classe, qui me lançait un regard incrédule.

— Retourne te faire pédiquer par un ours ! rétorqua Hailey.

Le professeur, fronçant les sourcils, se tourna vers la source de l'éclat.

— Il n'y aura pas d'insolence dans ma classe, Mademoiselle, trancha-t-il d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.

Amanda s'exclama d'une voix indignée, mais point trop agacée : "Mais, professeur !

— Pff, 'Mais, professeur' ! singea Hailey, laissant transparaître sa moquerie avant de se mordre la lèvre, consciente qu'elle était peut-être allée trop loin.

— Un mot de plus et vous passerez deux heures en retenue ce samedi. Maintenant, Mademoiselle Bennet, veuillez poursuivre.

— D'accord, on continue, dit-elle, inspirant profondément dans l'espoir de se libérer de la nervosité de l'incident précédent :

“ Alice Parfaitement-Hypocrite est une jolie jeune fille de seize pâquerettes. Une chevelure blonde, parfaitement bouclée aussi noire que la nuit et brillante comme une nuée d'étoiles, des yeux hypnotiques couleur émeraude, un sourire aux dents parfaitement blanches et alignées, entourées par des lèvres naturellement pulpeuses et sans aucun doute sucrées qu'on aimerait embrasser. Alice est populaire, d'une douceur sans nom, elle n'hésite pas à aider son prochain comme sa parfaite famille, composée d'un papa, commandant en chef de la première brigade des PPP (Pères Pompiers Parfaits), d'une maman directrice et professeur en maternelle, cinq fois distinguée du prix "meilleure femme de la ville" pour avoir sauvé par trois fois les petits canards du lac Plouf, et de trois frères et sœurs lui a appris. Elle jouit d'une chance sans bornes. Hier encore, la brune s'est vu remettre un prix (un voyage à Miami, frais tout compris, plus un chèque de 100.000 $) pour un jeu en ligne auquel elle ne se souvient pas avoir participé. Alice a tout de la jeune fille idéale et tout le monde le sait. Son petit ami, Jean Guy, est une réplique physique parfaite de Will Smith. Beau, athlétique, couleur "chocolat au lait" : ni trop foncé ni trop clair. Côté personnalité, c'est un idiot fini.

Alice est tellement chanceuse que, quand elle est sortie aujourd'hui, la pluie s'est arrêtée juste pour elle. Comprenez par-là que le déluge inonde les pauvres gens qui s'empressent de se mettre à l'abri, bravant le vent violent qui les pousse bien malgré eux. La jeune fille est fière du petit ciel bleu au-dessus de tête, et du soleil qui poursuit Paf, son magnifique caniche nain qui n'aboie jamais. Paf et elle, sont fusionnels et se comprennent au premier coup de queue. Là, par exemple, il lui exprime son besoin imminent de se soulager d'un petit balayement à droite. Paf pour Pierre, l'aîné, Alice et François. Les trois premiers enfants robotisés de Monsieur et Madame Jean-Yves Parfaitement-Hypocrite. Alice porte de magnifiques collants "rose crème bonbon caramel", couleur beige clair légèrement opaque pour le commun des mortels ainsi que des petites bottines noires, au talon fort peu élevé. Sa chemise à rayures verticales noires et blanches est mise en valeur par une petite cravate noire et un short tellement moulant qu'on l'imagine intégré au corps. Ses cheveux toujours parfaitement bouclés qui se soulèvent délicatement au bon vouloir du vent sont détachés, simplement retenus par un serre-tête. D'un autre mouvement de queue, Paf lui indique qu'il s'en va courir après cet écureuil roux mais petit comme il est, fini emporté dans la bouche d'égout alors qu'il tentait de rendre les quelques glands que Tic vient de faire tomber. Alors qu'Alice essaie de le récupérer, elle se retrouve emportée dans un tourbillon d'eau sale remplie de divers déchets, qui, dans sa parfaite représentation, ne la touche pas et forme une sorte de bulle de poussière d'eau tout autour d'elle. Émerveillée par cette poussière d'eau (qui n'est en réalité que de petites gouttes propres d'une transparence sans nom), elle ne se rend pas compte de l'endroit où elle tombe.

En voulant récupérer Paf, Alice tombe sur son orteil qui se brise. Elle ne s'en rend pas compte, trop préoccupée par la perte de son chien. Une légère douleur (énorme pour le commun des mortels) la transperce et c'est en boitant un peu qu'elle parcourt le chemin étroit et accidenté. Alice prise d'inspiration et les cheveux noueux pour la première fois de sa vie, se met à chanter le son de Pocahontas. Elle qui, d'origine, a une magnifique voix, ne se rend pas compte de la tournure des évènements à venir. Moktar le Corbeau relou, moqueur et sujet à la diarrhée s'oublie dès les premières notes d'Alice qui trouve ça fantastique, elle qui ne connaissait pas les joies d'avoir un déchet dégoulinant d'animal sur l'épaule. La brunette nouvellement dégueulasse (la poussière d'eau ne la protège plus. Par conséquent, Alice est éclaboussée quand sa bulle protectrice éclate au moment où elle s'expose le gros orteil) cherche l'arbre Nana, arrière-grand-mère de Pocahontas. Après 30 heures de marche, fatiguée mais toujours joviale parce qu'en compagnie de Moktar et Paf, se retrouve à la plus grande intersection du monde. Vingt mille choix s'offrent à elle et Moktar lui explique qu'elle a trente secondes pour choisir la voix qui illuminera sa vie. Alice opte pour la voie vingt mille moins cinq et les autres disparaissent comme par magie. Alice, qui a bien été éduquée, attend sagement que le feu passe au rouge pour traverser. Moktar décide de s'amuser et lui explique que dans son monde, le rouge est vert et le vert est violet. Elle n'est pas sûre de comprendre mais acquiesce gentiment et se décide à traverser sur le passage piéton avec Paf, après avoir vérifié qu'aucune voiture n'était en vue. Fort heureusement pour elle, Paf se jette sur le chemin pour la protéger du camsanglier. Une espèce mêlant camion et sanglier. Moktar qui ne peut s'empêcher de hurler de rire, plié, hurle cette phrase triste : "Et Paf le chien ! " Alice ne comprend toujours pas, elle est aussi idiote que son n'amoureux à qui elle n'a pas pu téléphoner, lui sourit et acquiesce qu'en effet, son chien s'appelle Paf. La jeune femme dont le pied a quadruplé de volume au point de littéralement exploser sa ballerine rose à point orange (dans cette ville, les jolies couleurs deviennent horribles). Soudainement accostée par le SDF du coin qui lui explique qu'elle doit se convertir à l'islam sous peine d'être maudite à jamais, Alice lui propose une brosse à dents pour se soulager de l'odeur putride qui sort de sa bouche. Alice a toujours chaque outil en affaire de secours dans son sac qui s'est malencontreusement déchiré. Elle n'a pu sauver que cette brosse à dents qu'il prend pour la gifler. Alice ne comprend pas ce qui lui arrive. Légèrement stone après dix chutes dans des passages qui n'en étaient pas, la rencontre désastreuse avec les sœurs PilouPiloute qui, en manque de vêtements l'on racketter, l'obligeant à continuer en chaussette et sous vêtement, les cheveux broussailleux et puants, elle se décide à s'asseoir sur un banc en pierre.

Un an plus tard et après avoir extrêmement bien profité de ce pays maudit, la jeune Alice s'apprête à rentrer chez elle. Terminé le pseudo de DétritusGirl qui lui colle (littéralement) à la peau. Adios les cheveux couleur argent ternes, emmêlés et leurs touffes manquantes. Le stress, qui, elle s'en est aperçue merci, lui a fait prendre 80kg, ridé sa peau juvénile, coûté son gros orteil qu'elle a dû se résoudre à amputer, entre autres choses plus inconvenantes les unes que les autres. Songeant à son retour, elle salive d'avance à l'idée d'une douche chaude censée radoucir sa vielle carcasse. Mais avant tout, il lui faut retrouver les ossements de Paf, son adorable chien tué par un immonde Camsanglier. Elle ne peut s'en aller sans son fidèle compagnon qui, on ne sait pas pourquoi, s'est réincarné en cailloux. La voici de nouveau au rond-point des vingt milles choix après soixante heures de marche. Ouais parce que c'est bien connu, le retour est toujours plus long. Elle hésite entre deux voies. Celle qui la ramènera chez elle aussi neuve qu'elle était avant d'arriver au pays des emmerdes, ou bien celle qui la ramènera juste à la maison, avec les conséquences dues à son départ et la continuité de sa malchance. Bien sûr, elle ne sait rien de ce dilemme. Ses parents, tristes et affreusement inquiets, ont divorcés. Le père, Jacques, fait dorénavant parti des PPP, (Pires pères pompiers). Il sort tous les week-ends et ne comprends pas pourquoi sa fifi s'est enfuit mais surtout, pourquoi elle s'est barrée avec Paf, le chien de sa vie. La mère, Yvonne, continue de recevoir des prix. Elle est passée de la meilleure femme de la ville à la meilleure chieuse qu'il faut à tout prix éviter. Une mère sait si son enfant s'est enfuit et Alice n'est pas une fugueuse. C'est encore une connerie de ce putain de Paf. Quel horrible et détestable chien. Elle est devenue STF par obligation, ses élèves de maternelle (Maternelle !) s'étant ligués contre elle pour la virer. Bref. Quand Alice retrouve sa maison, c'est pour y voir ses voisins, les Proutos, la squatter.

Moralité : ne suivez jamais votre chien, corbeau ou chaton si mignon. Sinon vous finirez sur le périphérique nord de votre ville à faire je n'ose décrire quoi. Et évitez la vanne de Paf le chien, merci bien.

Alors que Hailey posa finalement le dernier mot de sa rédaction, un silence pesant envahit la salle. Les élèves, certains amusés, d'autres perplexes, se tournaient les uns vers les autres, à la recherche d'une réaction commune. Le professeur, lui, semblait en pleine introspection, ses lunettes glissant légèrement sur le bord de son nez tandis qu'il absorbait le contenu de cette œuvre qui défiait toutes les normes de la prose académique.

— C'était... inattendu, finit-il par articuler, choisissant soigneusement ses mots pour ne pas froisser la créativité débordante de son élève.

— Un peu comme Alice, non ? ricana Hailey, ses yeux pétillant de malice. Une chance que j'ai pris le soin d'écrire cette rédaction en entier avant de me lancer ici...

Une série de rires étouffés s'éleva dans la classe. Même Amanda, malgré leur moment de tension précédente, ne put s'empêcher de sourire de l'imagination débridée de sa camarade. Hailey, sentant le soutien naissant, se redressa légèrement, sa confiance renouvelée par ce moment de connivence partagée.

Le professeur, retrouvant son sérieux, se racla la gorge.

— Bien que votre style soit... singulier, lui concéda-t-il, il est indéniable que vous avez su capter l'attention de vos camarades. Peut-être que c'est le moment pour une petite discussion collective. Qu'avez-vous pensé de cette aventure chaotique ? Quelle morale avez-vous perçue dans l'histoire d'Alice ?

Plusieurs élèves levèrent timidement la main.

— Moi, je pense qu'Alice représente un peu notre côté naïf, hasarda une élève au premier rang. Vous savez, cette tendance qu'on a à zoomer sur les problèmes des autres plutôt que les nôtres.

— Oui, enchaîna un autre au fond, et tout ce chaos, c'est une métaphore pour la vie, non ? Ça montre comment on peut se perdre parfois, même avec les meilleures intentions.

Amanda, qui avait jusque-là attendu son tour, intervint.

— Je crois, dit-elle sceptique, que l'histoire montre surtout comment on peut être aveuglé par notre propre chance et ignorer la complexité des autres. Alice ne voit rien d'autre que sa trajectoire parfaite, jusqu'à ce que tout lui échappe.

Un murmure d'approbation courut à travers la salle, les interprétations multiples et riches faisant écho à différentes perspectives. Hailey, se sentant à la fois comprise et challengée, ne put réprimer un sourire. Loin d'être vexée par la critique constructive d'Amanda, elle y voyait un nouveau vecteur pour explorer d'autres genres d'écriture, peut-être moins surréalistes mais plus ancrés dans des préoccupations proches de ses pairs.

Le professeur, satisfait par la discussion, conclut la leçon sur une note encourageante.

— Ce que tout cela nous prouve, c'est que l'écriture est un miroir de notre imaginaire autant que de nos réalités, dit-il. Hailey, vous avez ouvert une porte vers un univers étrange et fantasque, et pourtant, chaque élément farfelu portait une graine de réflexion. Continuons donc à écrire, à nous laisser surprendre, et surtout, à échanger.

Alors que les élèves rangeaient leurs affaires et quittaient la salle, Hailey prenait son temps, savourant le sentiment de triomphe personnel qui s'était installé en elle. Elle glissa ses cahiers dans son sac en écoutant distraitement les murmures excités de ses camarades, qui échangeaient leurs impressions sur sa rédaction. Qui aurait cru que tant de réflexions pouvaient naître d'une histoire somme toute absurde ?

Amanda s'attarda un moment à la porte, comme si elle hésitait à dire quelque chose. Finalement, elle fit demi-tour et s'approcha de Hailey, son expression adoucie par un sourire.

— Écoute, je sais qu'on n'a pas toujours été amies, mais je voulais te dire que j'ai vraiment aimé ton histoire, avoua-t-elle. Ça m'a fait réfléchir, et je pense que tu as vraiment un talent pour captiver les gens.

Hailey prit un instant pour accepter le compliment, surprise mais heureuse. Amanda, autrefois sa rivale fréquente, lui adressait maintenant des mots encourageants. Peut-être que l'assouplissement de leur tension contribuerait à adoucir l'ambiance générale de la classe.

— Merci, Amanda, répondit-elle sincèrement. Je suis contente que tu aies trouvé quelque chose d'intéressant dans ce chaos.

Amanda hocha la tête et partit rejoindre ses amies qui, déjà, s'étaient perdues dans les couloirs animés de l'école. Hailey se dépêcha de la suivre, se sentant brusquement emportée par le courant des élèves, dans ce flot incessant qui faisait vivre l'établissement.

Elle se retrouva bientôt dans la cour de récréation, baignée par le doux soleil d'automne. Profitant de la pause déjeuner, Hailey s'assit sur un banc ombragé. Elle ouvrit son sac pour en sortir son repas, mais ses pensées étaient ailleurs. Elle réfléchissait déjà à ce qu'elle pourrait écrire ensuite. Devait-elle continuer dans la veine surréaliste où elle avait débuté, ou essayer quelque chose de nouveau, quelque chose qui pourrait peut-être toucher encore plus de gens d'une manière différente ?

Perdue dans ses réflexions, elle n'entendit presque pas Jules, son meilleur ami, s'approcher avec son air habituel de conspirateur prêt à partager un secret.

— Alors, Miss Alice Parfaitement-Hypocrite, tu travailles déjà sur ton prochain best-seller ? demanda-t-il, amusé.

Hailey rit, hochant la tête.

— Peut-être. Tu sais, l'accueil de l'histoire aujourd'hui m'a donné des idées. Et qui sait ? Peut-être qu'une nouvelle aventure nous attend, quelque chose qui pourrait être plus... ancré.

Jules prit place à côté d'elle, mordant à pleines dents dans sa pomme.

— Je serai ton premier lecteur, tu sais. Et si tu as besoin d'inspiration, je suis prêt à te raconter tous les scandales familiaux que tu veux, plaisanta-t-il.

En parlant, ils se laissèrent emporter dans une conversation pleine de rires et de complicité, une véritable échappatoire à la pression scolaire. Hailey savait qu'elle pouvait compter sur lui pour alimenter son imagination — après tout, il avait une foule d'histoires aussi rocambolesques qu'hilarantes à raconter.

Après le déjeuner, alors qu'elle regagnait sa prochaine classe, Hailey se sentit plus inspirée que jamais. Son esprit était un tourbillon d'idées, de récits possibles, de personnages prêts à naître sur le papier. Elle réalisa que raconter des histoires lui donnait une voix unique, une façon d'explorer des réalités tout en essayant de comprendre la sienne.

En se frayant un chemin à travers le couloir désormais presque vide, elle esquissa intérieurement les contours de sa prochaine aventure. Peut-être un récit un peu plus ancré dans le quotidien, mais toujours avec une touche de l'excentrique, l'empreinte d'un monde où elle emporterait ses lecteurs encore plus loin dans les terres inconnues de son imagination.

Juste avant de pousser la porte de la salle de classe, elle se promit de ne jamais perdre cette étincelle de créativité qui lui permettait de voir au-delà du banal, de transformer le prosaïque en une tapisserie riche et palpitante de possibilités narratives. Et si, dans le processus, elle pouvait encore plaire à ses pairs tout en provoquant une réflexion, alors elle aurait atteint son objectif profond en tant qu'écrivaine en devenir.

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