Jour 5 / Nuit 5
J’ouvre les yeux. Une horrible gueule géante se trouve devant mes yeux : La mort. Le dernier loup a décidé de m’achever. Je me détache de la tendre étreinte de Mathias et me lève pour regarder droit dans les yeux de la bête. Ces deux petites prunelles sombres renferment l’enfer. De la bave coule lentement des crocs immenses, laissant une marque indélébile sur la moquette.
Elle se ramasse sur elle même, signe de la proximité de son attaque. Etonnamment, je suis curieuse : que se passe t’il après la mort ? Voilà une question qui m’avait toujours obsédé et j’allais enfin avoir la réponse. Je ne suis pas chrétienne comme mes parents, je ne crois pas à l’existante d’un paradis ou même d’un enfer. Mais, pourquoi pas renaitre dans un nouveau corps ? Voilà qui serait intéressant : une nouvelle vie. Certes, dans ce cas-là, je devrai affronter de nouvelles contraintes mais aussi de nouveau bonheur tel que Mathias. Et je donnerai n’importe quoi pour ressentir le bonheur de sentir nos lèvres scellées.
Il n’y a vraiment que moi pour philosopher avant de mourir ! La bête n’a aucun scrupule à écourter mes réflexions et se jette sur moi. Je sens ces crocs aiguisés se planter dans ma gorge, je hurle le plus fort que je peux, je hurle ma soif de vie. Malheureusement, personne ne m’entend : toujours sous l’emprise de ce maléfice qui oblige au sommeil. Je sens le souffle de la vie s’éloigner. Mon corps tombe lourdement au sol, la dernière chose que je vois c’est le doux visage de mon ange endormi. J’espère qu’il ne m’oubliera pas…
***
Ça fait mal. Très mal. Ça brule même.
Je ne pensais pas que la mort faisait autant souffrir. J’entends des voix, des chuchotements mais je n’arrive pas à comprendre, j’ai envie de leur dire de hausser le ton ou de se taire. J’ai envie de me reposer mais les bruits augmentent, tout en restant incompréhensible.
Je me force à ouvrir les yeux pour dire à ces gens de se taire, que j’ai un mal de crâne prononcée et que je voudrai bien le silence. Mais quand j’ouvre enfin mes yeux, la lumière me brule.
Je les referme vivement mais ce mouvement vif augmente ma douleur et le volume des voix. Mais elles ne peuvent donc pas se taire celles-là ! Je geins un peu pour prouver a ces voix que je souffre et que, si elles étaient doués de bonnes attentions, il serait préférable qu’ elles se taisent.
Malheureusement pour moi, cela eut l'effet inverse. Je sens que les personnes qui m'entourent bougent vivement autour de moi. Puis un linge humide vient se poser sur mon front, calmant ainsi mon mal de tête. Une douce pression sur ma main me force à rouvrir les yeux et affronter la lumière aveuglante pour regarder le visage de la personne qui s'occupe si bien de moi.
Mathias.
Alors j'avais raison. Mathias est un ange. Mon ange gardien. Je vois ses lèvres bouger mais je n'ai pas le son qui accompagne ces mouvements. C'est comme si je regardais un film muet. Je fronce les sourcils. Immédiatement, Mathias s'approche et me caresse tendrement la joue. Je me sens fondre intérieurement. Je rassemble toutes les forces qu’il me reste et murmure d une voix étranglée :
« Je t'aime Mathias. »
Les seuls mots que je voulais dire. Mon ouï commence à revenir doucement, même si j'ai l impression d'entendre un bourdonnement permanent.
« Je t’aime aussi Louna. Sache que c'est fini. Tout est finit. Marc a utilisé ses deux pouvoirs hier soir : il t'as sauvé et il a tué le dernier loup. On a gagné. On est en vie. Toi et moi. C'est tout ce qui importe.»
Deux heures plus tard, nous nous retrouvons tous les trois : Marc, Mathias et moi. Les trois survivants. Nous sommes en haut de la colline, là où l'on peut observer une rangé de dix tombes fraîchement creusés. Oui, nous étions en vie, nous avions survécu. Mais le prix a payer est gigantesque : la vie de nos amis. Et notre innocence. Nous avions vu et commis des choses impardonnables. Nous ne sommes plus les frêles enfants d il y a quelques jours, nous sommes devenu quelque chose d'autre, quelque chose de plus sombre. Nous avons décidé de quitter Thiercelieux aujourd’hui même. Comment pourrions nous rester sans les êtres chers qui l'occupait ? Peut être pourrions nous, comme le disait la légende, retrouve une vie tranquille après tant de monstruosité. J'en doute sérieusement mais Mathias est optimiste et je ne veux pas le contredire. Il est tout ce qu’ il me reste et mon cœur ne bat que pour lui.
Annotations
Versions