24 Parc Maillol - Mocassins 2ème
Vendredi 6 Octobre.
Mila éteint le contact et les phares, elle sort de la voiture. La 308 est là, le tas de terre noire est énorme devant la cabane. Un couloir est creusé entre le mur de l’atelier et la pente, Pierre est à l’intérieur en train d’ameublir le sol.
— Bonsoir Pierre.
— Madame.
— Vous avez décaissé toute la terre ?
— Oui.
Un silence.
— Et là, qu’est-ce que vous faites ?
Il montre le sol dans ce couloir :
— Les anciens avaient fait un bon drain le long des fondations. Il est un peu chargé, alors j’enlève la croûte.
— Qu’est-ce que veut dire « chargé » ?
— Sale.
— Et alors ?
— Pour qu’un drain soit un bon drain, il faut qu’il soit propre.
— Vous pouvez m’expliquer… ? Je dois pouvoir comprendre. Je ne suis pas blonde !
Le monsieur se redresse, fronce les sourcils.
— Si ! Vous êtes blonde. Un peu.
Mila est un peu désarçonnée. Avec calme, elle essaie de poser sa question différemment.
— Pourquoi faut-il que le drain soit propre ?
— Pour que votre mur ne souffre pas, il faut que l’eau et l’air circulent dans le drain.
Il lui parle comme à un enfant.
— Il faut donc qu’il y ait de la place entre les cailloux. C’est pour cela qu’on enlève la couche du dessus sale, pleine de terre et qu’on va vous mettre en bas des gros cailloux et en haut des petits.
— Ah !
— Où je vous la mets ?
— Quoi donc… ?
Il montre le sol et avec évidence dit :
— La terre pleine de cailloux !
— Ah… euh ! Derrière la cabane !
— D’accord.
— Quelles sont les prochaines étapes ?
— Le mur.
— Oui… ?
— Nettoyer les pierres, refaire l’enduit à la chaux.
Puis selon le même cérémonial, Pierre ouvre son coffre, s’assoit sur la couverture, attrape sa caisse plastique, sort un mocassin puis l’autre. Il retire ses bottes, enfile les mocassins, secoue les bottes, les met dans la caisse. Il ferme le coffre et s’en va.
Mila rigole. Il parle comme Edmond Vallone.
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