26 Parc Maillol - Respire

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Lundi 9 octobre.

Edmond se gare en un temps record : douze minutes pour la station Masséna. Il fonce vers la borne de distributeur et se dit qu’il ne serait pas idiot de prendre un carnet ou une carte. Mais que, bon, il verra comment les choses vont tourner. Il a le temps.

Les dix personnes sont là, peut-être pourrait-il commencer à les reconnaître. Là aussi il verra bien.

Il entre dans la rame, se cale contre le caisson. Quelle heure est-il ? Pile sur le créneau des deux fois où il l’a vue. Pas de marge. Après tout, Magnan peut aussi être dans ce tram. Quelque part. Il scrute les passagers mais sans être bondés, les wagons sont bien chargés. Il ne la voit pas.

Le tram s’arrête à la station suivante, le Parc. Il descend. Il fait froid et sec, comme les autres soirs. Elle n’a pas dû changer de vêtements. Mode radar, cible manteau bordeaux.

Il laisse le tram repartir, traverse les rails et la route, et se pose entre le kiosque et la boulangerie. Il était un des derniers à sortir du wagon et il craint de l’avoir ratée. Il regarde en direction de chez elle après la boulangerie, il y a moins de monde. Ce devrait être plus facile de la repérer. Il essaie, se déplace sur la droite le long de la route, puis sur la gauche le long des commerces. Mais non, pas de Blanche Magnan. Il se retourne et regarde d’où il vient.

— Bonsoir.

Mila, à deux mètres de lui, le regarde comme si elle était là depuis un quart d’heure

— Bonjour Blanche, euh bonsoir !

— Il m’a semblé que c’était vous. Mais je ne n’étais pas sûre.

Elle baisse les yeux. Elle porte son manteau bordeaux et ses mains sont accrochées à son sac en bandoulière comme à un harnais de sécurité, ses yeux sont grands ouverts, hébétés, sa bouche presque ouverte.

Edmond sourit, ravi d’avoir le bon timing désormais, répétable, reproductible.

— Oui je galère trop à garer ma voiture alors je me suis mis au tramway, dit-il.

Elle sourit.

— Oui, suivant où vous allez, cela peut être un peu… laborieux.

Elle est très gênée. Ses yeux dansent, ne sachant pas où se poser, mais son visage est souriant, étonné et elle rougit.

— Euh… excusez-moi. Bonsoir.

Elle baisse la tête et s’en va, le laissant là, en plan.

Edmond la regarde partir, entrer dans la boulangerie et en ressortir trois, quatre minutes après. La baguette est intacte. Aucun quignon n’est grignoté.

 

Mila court plus qu’elle ne marche. Elle met la clé. Ça ne rentre pas. Change de clé, ça marche mieux. Elle ne prend pas son courrier et monte deux par deux les escaliers des quatre étages. Elle ouvre sa porte, actionne un interrupteur, referme derrière elle, se plaque contre sa porte.

Et respire.

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