43 Parc Maillol - Mocassins 5ème
Mila sort de sa voiture. La 308 est là. La lumière s’échappe de la maison par les deux portes-fenêtres.
La sensation est désagréable. Il y a quelqu’un chez elle. C’est Pierre, elle le sait. Mais ce n’est pas tout de le savoir. Elle s’essuie les pieds et entre. Elle dit fort :
— Bonsoir !
Elle entend quelqu’un marmonner. Elle traverse le séjour et pénètre dans l’atelier. Pierre a installé une baladeuse bien proprement à l’une des grandes poutres. Elle répète :
— Bonsoir Pierre !
— Madame.
Il est en train de ranger l’escabeau le long du mur. Mila s’approche, ils se serrent la main. Elle observe le quadrillage en sous-pente. Le quart de la pièce est fait, du côté est. Il est parfaitement régulier hormis autour des poutres où il est plus serré.
Elle regarde le visage de Pierre, attendant qu’il lui raconte sa semaine mais comme il ne dit rien, elle fait :
— Comment ça va ?
— Bien.
— Tout se passe comme vous voulez ?
— J’ai quelques soucis avec la hauteur et les poutres.
— Ah ! Avez-vous besoin que je fasse quelque chose ?
— Non. Je vous laisse. Bonne soirée.
— Bonsoir Pierre.
Pierre ramène la perceuse et la visseuse dans sa voiture.
Il ouvre le coffre, approche la caisse en plastique rouge et il s’assoit sur la planche sur le plaid écossais bleu. Ce n'est pas une couverture en fait, c’est un plaid. Il sort un mocassin, retire une botte, enfile le mocassin. À gauche, à droite. Tape les bottes, les met dans la caisse. Il se lève, monte à la place du chauffeur, démarre et puis s’en va.
Le téléphone de Mila sonne.
— Magnan !
— Mila, c’est Abigaëlle, tu vas bien ?
— Abigaëlle, je suis désolée, j’ai besoin de te voir !
— Oui. J’ai eu ton message.
— Ce soir ou dimanche soir ?
— Ce soir !
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