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— Un GPS ?

Arthur était clairement déstabilisé. Claire n’était pas vraiment sûre d’avoir utilisé les termes adéquats mais c’était toujours la seule image qui lui venait à l’esprit, donc autant faire avec.

— Quelque chose dans le genre, ouais. Je dois connaître le chemin au détail près si je veux que cela marche.

Arthur assimila l’information. Les limites de Claire consistaient donc en l’impossibilité de se rendre dans des endroits inconnus ou mal renseignés en matière de localisation. Ce qui lui laissait pas mal de destinations en réserve.

— En gros, tu dois te préparer un itinéraire précis pour aller là où tu veux.

— C’est ça. Et après je le suis. Si ce n’est pas le bon, y a pas de téléportation.

— Cela semble quand même plus compliqué qu’un système GPS.

— Tout est une question d’habitude.

— Pas vraiment.

Cette assertion de Cécile ébranla les convictions de Bastien : il la croyait passée à autre chose.

— Pas même au bout de deux ans ?

— Je ne parlais pas de cela, se défendit Cécile, mais de ces monstres de la dernière fois. Honnêtement, je ne pense pas m’y habituer un jour, c’est trop…

— Flippant ? compléta Florian en la voyant hésiter.

Appuyé au chambranle de la fenêtre, il avait tenu rester à l’écart malgré tout, ce que les autres ne lui avaient pas refusé.

— Ce n’est pas l’adjectif que je cherchais mais c’était l’idée, tempéra Cécile pour ne pas le vexer.

— J’ai bien peur que cela ne devienne banal en fin de compte.

Cécile secoua la tête en signe de protestation.

— Banal, ça ?

Bastien s’empara lentement de la pièce à conviction qu’elle agitait sous son nez d’un air accusateur. Informé sur son contenu, il se racla la gorge avant de la faire circuler sans d’autre commentaire qu’un regard-embarras coulé de son côté.

— C’est comme cela que tu le vois toi ? Ben quelle imagination ! Et la mise en scène ! Vraiment terrible ! Pas de doute, t’es vraiment douée !

— Ce n’est pas vraiment une mise en scène, en fait.

Claire accusa le coup et se reporta dans l’étude du dessin. Une table semblait vouloir traverser sa dimension pour foncer sur elle. Croqué au fusain d’un trait rapide, l’ensemble formait un décor assez impressionnant, accentuant davantage les zones d’ombres.

— C’était l’éclate à ce que je vois cette petite soirée ! Qui a totalisé le plus de points au lancer de tables ?

— Ton frère s’en sort plutôt bien à ce jeu-là.

Claire sonda le visage de Florian et poussa un hoquet de surprise en constatant à quel point il était sérieux.

— Qu’est-ce que tu insinues ? vitupéra Bastien d’une voix sourde de menaces.

— Il n’insinue rien du tout, repartit Cécile de manière précipitée pour détourner la conversation. C’est juste que tu t’en sors tellement bien que tu filerais des complexes.

— Des complexes ? Et à qui ?

— Eh bien, à moi par exemple, explicita simplement Cécile devant la mine interloquée de Bastien.

— Dis plutôt qu’il flanque la trouille, corrigea Florian.

— Alors maintenant c’est moi qui flanque la trouille ? Ça c’est la meilleure ! Je ne suis pas capable d’éclairer une ampoule ou de charger un portable en les tenant entre mes doigts, moi ! riposta Bastien.

Florian se rembrunit et serra le poing, écrasant sans doute Bastien par procuration. Claire quêta un avis d’Arthur en connaisseur.

— C’est reparti, confirma le questionné. Je m’y colle pour les séparer.

— Non, marmonna Cécile, j’ai une bien meilleure idée.

Elle attrapa le premier bibelot qui traînait, à savoir un petit miroir de poche qu’elle balança de toutes ses forces en diversion sur Bastien. Lequel le saisit au vol d’un geste automatique.

— Hé ! protesta-t-il avec indignation quand il enregistra que le geste était délibéré.

— Bon, les garçons, on votera pour celui qui flanque le plus la trouille une autre fois, ça vous va ? demanda Claire en les englobant dans un grand mouvement circulaire.

— Si cela peut vous rassurer, vous êtes tous les deux complètement « flippants » dans votre genre, compléta Cécile.

— Eh ben merci du compliment, cela fait toujours plaisir !

— C’était gratuit.

— Non, surtout restez calmes ! enjoigna Cécile.

— Mais nous sommes très calmes, répondit Bastien en se retenant à grande peine de se jeter sur Florian pour lui régler son compte.

— Pas toi en tout cas. Quand tes yeux virent au noir comme cela, c’est signe de catastrophe imminente.

Claire sourit à Arthur.

— Bien vu ! Il vaut mieux se tenir carreau quand il est dans cet état. Même ma mère le sait.

— Fermez-la ! aboya Bastien, excédé, en jetant le miroir à terre pour ponctuer sa requête.

— Sept ans de malheur, commenta Arthur, un brin sarcastique.

— Bien. Sur cette note très positive, je suggère d’arrêter là pour aujourd’hui, un truc cassé par réunion c’est largement suffisant, enchaîna Claire. Ce n’est pas comme si quelqu’un tenait à tous ces trucs, mais bon.

Rendez-vous ici, disons dans une semaine, sauf cas vraiment très exceptionnel, appuya-t-elle en direction de Florian qui fort heureusement ne le remarqua pas, plongé dans la consultation distraite des titres de la bibliothèque.

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