L'Aube d'une nouvelle ère

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Natalia ajusta la montre autour de son poignet, le tic-tac résonnant comme un cœur battant à l'unisson avec le sien. C'était aujourd'hui. Son dix-septième anniversaire. L'heure exacte où elle devait inaugurer son périple dans les méandres du passé, là où le futur de tous se dessinait.

Son regard se perdit une dernière fois dans l'étendue du ciel azuré, savourant les derniers instants de paix qu'elle connaîtrait peut-être. D'un souffle déterminé, elle ouvrit la montre, activant le mécanisme secret qui allait propulser son âme à travers les brèches du temps.

La lumière du matin la reçut avec bienveillance tandis que, sous ses pieds, les dalles de la bibliothèque se dissolvaient, laissant place à l'inconnu. Une cascade d'étincelles enveloppa Natalia et, en un battement de cils, elle fut arrachée à ce monde pour plonger dans le tourbillon du destin.

Le voyage était brutal, les images se succédant en un flot déchaîné. Des éclats de scènes, des échos de voix, des fragments d'Histoire qu'elle n'avait jusqu’alors que lus dans des livres, déferlaient sur sa conscience avec une intensité vertigineuse. Elle sentait le poids du véritable pouvoir qu'elle devait apprendre à maîtriser, un pouvoir qui était à la fois sa bénédiction et sa malédiction.

Soudain, le flot s'interrompit. Natalia trébucha sur la terre ferme, la fraîcheur de l'herbe sous ses mains l’arrachant à la tourmente des siècles traversés. Le temps avait changé, le monde avait changé, et alors qu'elle levait les yeux vers le ciel, elle sut qu'elle était arrivée à l'aube d'une ère cruciale pour le futur. Son futur.

Les ombres du passé l'attendaient, mais Natalia était prête. Avec la force d'une lignée disparue et la conviction qu'elle seule pouvait rétablir la vérité, elle se releva. L'histoire ne parlerait plus de la chute des Strange, mais de leur triomphe ultime, mené par elle-même, Natalia, prophétisée Grande Sauveuse.

Natalia prit un moment pour reprendre ses esprits. Le monde autour d'elle était pareil et pourtant distinct de celui qu'elle avait laissé derrière elle. Une lueur d'excitation brûlait dans ses veines malgré l'inquiétude qui la tiraillait. Elle se trouvait à la charnière de l'Histoire, à cet instant précis où elle pourrait influencer le cours des événements.

Elle observa sa montre de gousset, cette alliée précieuse et énigmatique, et caressa du doigt la gravure : "1981 - 1945". Pourquoi ces dates ? Quel lien mystérieux unissait ces deux époques ? Natalia était déterminée à découvrir la vérité enfouie au cœur de cette énigme. Son instinct lui soufflait que les réponses ne se trouveraient pas dans les livres ou les récits, mais à travers les rencontres et les témoignages des habitants de cette époque.

La ville devant elle bourdonnait d'une activité naissante. L'esprit de renouveau s'insinuait dans les cœurs, réanimant doucement mais sûrement l'espoir. Les gens s'affairaient, reconstruisant leurs maisons et leurs vies, désireux de tourner la page sur les horreurs de la guerre. C'est dans ce climat de reconstruction que Natalia devait trouver sa place, tout en gardant secrètes ses origines et sa mission.

Natalia observa le paysage avec attention. La petite ville dans laquelle elle avait atterri lui était étrangement familière, bien que les bâtiments et les rues portaient les marques d'une époque révolue. Les enseignes des magasins étaient en bois sculpté, et les voitures qui passaient étaient des modèles anciens, typiques des années quarante. Elle inspira profondément, prenant la résolution de marcher dans cette nouvelle réalité avec prudence et intelligence.

Rapidement, elle repéra une boulangerie à l'angle de la rue principale. Son estomac criait famine après le tumulte de son voyage à travers le temps. Elle s'approcha de la devanture, le parfum enivrant du pain fraîchement cuit l'attirait comme un aimant. Natalia se faufila à l'intérieur, appréciant la chaleur réconfortante de l'établissement. Une femme derrière le comptoir, d'un âge avancé, la salua avec un sourire bienveillant.

— Bonjour, jeune fille. Puis-je vous aider ? demanda-t-elle avec une voix douce et chaleureuse.

Natalia hocha la tête tout en inspectant les étalages délicieusement garnis. "Je prendrais une baguette, s'il vous plaît," répondit-elle en fouillant dans ses poches. Se souvenant soudain de l'époque où elle se trouvait, elle réalisa qu'elle n'avait qu'une monnaie moderne sur elle. Son visage se teinta d'embarras.

La vieille dame remarqua son trouble.

— Ce n'est rien, ma chère. La première est pour moi, dit-elle en tendant la baguette à Natalia. Vous avez l'air nouvelle en ville, non ?

Natalia saisit l'occasion pour obtenir des informations.

— Oui, en effet. Je suis arrivée récemment... de la campagne, improvisa-t-elle. Pouvez-vous me recommander un endroit où séjourner ?

La boulangère lui sourit avec une complicité maternelle.

— Bien sûr, l'auberge du Martin au bout de la rue accueille toujours les voyageurs avec plaisir. Dites-lui que Madame Dupont vous envoie, il vous fera un bon prix.

Natalia remercia chaleureusement Madame Dupont et quitta la boulangerie, baguette en main. Ses pas la guidèrent instinctivement vers l'auberge, où elle savait qu'elle pourrait trouver refuge pour la nuit et réfléchir à ses prochaines actions. L'auberge du Martin était un bâtiment pittoresque, en pierre et bois, avec un lustre ancien éclatant à l'entrée.

À l'intérieur, l'atmosphère était conviviale et animée, des conversations joyeuses remplissaient l'air. Derrière le comptoir, un homme corpulent avec un tablier immaculé et une barbe grisée accueillit Natalia aimablement.

"Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?" demanda-t-il jovialement.

"Je cherche une chambre pour la nuit. Madame Dupont m'a recommandé votre auberge," répondit-elle avec assurance.

L'aubergiste hocha la tête, son sourire s'élargissant. "Ah, Hélène Dupont. Si elle vous envoie, je vais prendre soin de vous comme il se doit. Suivez-moi."

Natalia le suivit à travers le hall animé jusqu'à une chambre en haut de l'escalier en bois. La pièce était modeste mais confortable, avec un lit à baldaquin, une commode ancienne et une fenêtre donnant sur la rue animée.

"Installez-vous, ma chère. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à demander," dit l'aubergiste en refermant la porte derrière lui.

Se retrouvant enfin seule, Natalia s'assit sur le lit, son esprit débordant de questions et d'incertitudes. Quel serait son premier pas dans cette époque ? Comment trouverait-elle les indices pour déployer sa mission sans éveiller la suspicion ? La montre de gousset pesait lourd dans sa poche, rappel constant de sa mission cruciale.

Soudain, un bruit sourd au rez-de-chaussée interrompit ses pensées. Curieuse, elle s'approcha de la fenêtre pour jeter un coup d'œil discret. Un groupe d'individus venait de s'arrêter devant l'auberge, leurs uniformes et leurs visages graves dégageant une autorité indéniable.

Natalia déglutit, sentant une angoisse traître la saisir. Les forces de l'ordre de cette époque semblaient déjà être en ébullition, et elle devait trouver un moyen d'agir sous leur radar. La mission qu'elle envisageait semblait d'autant plus périlleuse... mais Natalia savait qu'elle n'avait pas le choix. Pour sa lignée, pour le futur, elle devait réussir.

La nuit commençait à tomber, les lampes à pétrole s'allumaient dans les rues, projetant des ombres dansantes sur les murs de la ville. Natalia pris appui sur la commode, les yeux fixés sur l'horizon sombre. Demain serait un autre jour, et avec lui viendrait peut-être les premières lueurs des réponses qu'elle cherchait..

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