Les Ombres des Oubliés
Un parchemin orné des armoiries de Poudlard attendait Natalia sur le lit de l’auberge. En le voyant, une bouffée d'excitation mêlée de nervosité l’envahit. D'un geste rapide, elle déplia le parchemin et ses yeux commencèrent à dévorer les mots.
« Mademoiselle Strange,
Vous êtes convoquée par le directeur de Poudlard, Armando Dippet, pour une répartition tardive. Veuillez vous rendre à Pré-au-Lard, où Hagrid, gardien des clés et des lieux, vous attendra pour vous conduire à l'école.
Cordialement,
Professeur Albus Dumbledore. »
Natalia plia soigneusement le parchemin et le rangea dans sa poche. Sentant son cœur battre la chamade, elle attrapa prestement son sac. Pré-au-Lard n'était qu'à une courte marche de l’auberge où elle avait choisi de séjourner. Elle descendit les escaliers en colimaçon à une vitesse précipitée, tandis que ses pensées se mêlaient à ses émotions.
Dehors, la nuit s’installait doucement, peignant le village de reflets orange et pourpre. Les rues pavées de Pré-au-Lard étaient bordées de boutiques pittoresques et de vieilles enseignes en bois, conférant au lieu un charme ancien et mystique. Une douce brise apportait les murmures des habitants et la fragrance des pâtisseries fraîchement cuites de Mme Pieddodu.
Natalia serra son écharpe autour de son cou et pressa le pas. Chaque minute semblait compter. Son esprit embrassait mille hypothèses, cherchant à comprendre pourquoi elle était convoquée si tardivement. Ses pensées dérivaient entre des histoires d’aventures épiques et de sombres énigmes.
Aux confins du village, une silhouette massive se découpa à contre-jour. Hagrid tenait une lanterne, son sourire chaleureux éclairant son visage. En la voyant, il agita la main.
— Bonsoir, Natalia ! Prête pour ta grande aventure ?
Natalia hocha la tête, peinant à masquer la peur et l'excitation dans ses yeux.
— Allez, n’aie pas peur. Dippet t'attend avec impatience. Hagrid posa une main rassurante sur son épaule avant de se tourner vers le sentier.
Ensemble, ils franchirent les bois sombres, guidés par la lumière vacillante de la lanterne. Les ombres dansaient autour d'eux, créant une atmosphère digne d'un conte de fées. Le vent sifflait à travers les arbres, faisant bruisser les feuilles d'une manière presque menaçante. Chaque craquement de branche semblait accentuer la tension de Natalia. Hagrid, le géant au grand cœur, marchait avec une assurance tranquille, sa lanterne jetant des lueurs dorées sur le sol couvert de mousse.
À mesure qu'ils progessaient, la forêt devenait plus dense et impénétrable. Les branches, tordues et noueuses, formaient des figures inquiétantes dans la pénombre. Les cris lointains de créatures nocturnes ajoutaient à l'air une touche de mystère et de crainte. Natalia sentait son cœur s'accélérer à chaque pas, chacun la rapprochant de son destin et des mystères de Poudlard.
Ils quittèrent finalement les bois, révélant le majestueux château de Poudlard. Ses tours argentées scintillaient sous la lumière de la lune, laissant Natalia sans voix. Bien qu'elle aurait aimé s'arrêter pour contempler ce spectacle plus longtemps, elle savait qu'il était temps de confronter son destin.
Passant les lourdes portes en chêne, ils entrèrent dans le Grand Hall, une immense salle ornée de bannières des quatre maisons et éclairée par des bougies flottantes. Le regard curieux des élèves se détourna vers elle, amplifiant les battements de son cœur. Suivant Hagrid, ils montèrent un long escalier en colimaçon jusqu'au bureau du directeur.
Derrière son bureau, Armando Dippet, un homme à l'air sage et bienveillant, leva les yeux de son vieux grimoire. Ses cheveux blancs étaient soigneusement peignés, et une paire de lunettes en écailles de tortue reposait en équilibre sur le bout de son nez. Un sourire accueillant éclaira son visage.
— Mademoiselle Strange, bienvenue à Poudlard, dit-il d'une voix profonde et chaleureuse. Je comprends que cette répartition tardive puisse vous inquiéter, mais sachez que nous sommes heureux de vous accueillir.
Natalia inclina la tête respectueusement, incertaine de ses mots.
— Veuillez prendre place, ajouta Dippet en désignant un tabouret devant lui.
Une fois assise, les mains tremblantes, Dippet alla chercher le Choixpeau magique sur une étagère et le posa avec solennité sur la tête de Natalia. Le silence envahit la pièce tandis que le Choixpeau semblait réfléchir. Puis, une voix grave résonna dans sa tête.
— Hmm, voyons voir… Tu as un esprit aiguisé et une grande curiosité pour les mystères du monde magique. Un discernement certain et un potentiel pour des ambitions élevées... Oui, je sais où te placer.
Natalia ferma les yeux tandis que le Choixpeau prononçait :
— SERPENTARD !
Un frisson parcourut Natalia. Les histoires sur Serpentard lui revenaient à l'esprit, teintées de ruse et d'astuce. Mais elle ressentit aussi une étrange excitation, une acceptation de son destin.
Dippet enleva le Choixpeau et sourit.
— Félicitations, Mademoiselle Strange. Vous trouverez votre place dans la maison Serpentard. Je suis certain que vous y accomplirez de grandes choses.
Hagrid, resté près de la porte, lui fit un signe encourageant.
Natalia se retourna vers Dippet, la détermination brillant dans ses yeux.
— J'ai été envoyée ici en quête d'une vérité cachée, un mystère enveloppé dans les méandres du temps, confia-t-elle. Albus Dumbledore l'a prédit lui-même.
Dippet fronça les sourcils, intrigué.
— Dumbledore ? Albus Dumbledore, professeur ici ?
— Oui, directeur à mon époque. Peu avant sa disparition, il m'a confié une quête : briser une malédiction et sauver le monde.
— Une malédiction ? Armando semblait perplexe et fasciné.
— La famille Strange a toujours été liée à des mystères. Un sortilège qui a mal tourné a scellé un fardeau ancien, menant à notre chute. Mon portoloin est un chapeau. Noir, long et un peu froissé, il est quelque peu capricieux.
— Un portoloin capricieux ? Vous parlez comme s’il avait une conscience.
Natalia hocha la tête, son regard devenu sérieux.
— Chap’ est bien plus qu’un simple chapeau. C’est un portail vers les lacs du destin, comme disait mon arrière-grand-père. Autrefois, Chap’ était un objet d'une grande pureté, mais au fil des siècles, son pouvoir a été corrompu par l'usage constant.
Dippet semblait intrigué et quelque peu inquiet par ses paroles.
— Les histoires sur ce chapeau sont connues dans ma famille, continua Natalia. Il a traversé les âges, supportant les vœux et désirs de ses porteurs jusqu'à ce qu'il devienne capricieux. Il ne peut être utilisé à notre guise. Il faut le prévenir dix mois à l'avance, par courrier recommandé. Le courrier doit arriver entre le lundi à dix heures trente et le mardi à huit heures pile, uniquement les dix du mois. Sinon, il peut vous téléporter dans un lieu inconnu, loin de toute civilisation, pour vous faire les pieds.
— Fascinant, murmura Dippet, presque pour lui-même.
Natalia regarda le directeur avec une intensité renouvelée.
— Mon arrière-grand-père m'a raconté cette légende lorsque nous étions petits, mes cousins et moi. Je pensais qu'il cherchait à nous faire peur. Il aimait un peu trop les blagues, mon Pop's. Une personne qui aurait été maudite par Salazar Serpentard lui-même. Quelqu'un de très proche de lui.
Dippet semblait de plus en plus intrigué.
— Et il aurait transformé cette personne en objet, dites-vous ? demanda-t-il, sceptique.
— C'est parce que ce cher Salazar les a maudits, attendez la suite, déclara Natalia. Chaque utilisation du chapeau doit être faite avec le plus grand respect. Comme un rituel ancien qui, omis ou effectué à la légère, pourrait déclencher les foudres d'un passé que l'on préférerait tous oublier.
Natalia ajusta sa posture, comme si elle se préparait à une nouvelle révélation, celle de la suite d'un récit aussi fascinant qu'effrayant.
Natalia ajusta sa posture, comme si elle se préparait à une nouvelle révélation, celle de la suite d'un récit aussi fascinant qu'effrayant.
— La famille Strange était étroitement liée à Salazar Serpentard, mais un soir de décembre, cette association pris une tournure sinistre. Tous les membres de la famille s’étaient réunis pour accueillir Salazar à dîner. Les conversations étaient cérémonieuses, les manières impeccables.
Dippet était suspendu à ses lèvres, captivé par l'histoire.
— Au milieu du repas, un détail insignifiant aux yeux de la plupart, mais pas à ceux de Salazar, a surgit. Une légère bavure dans un sort que Pierrick, l’aîné des Strange, démontrait fièrement. Salazar vit cette erreur mais ne dit rien, se contentant d'hocher la tête. C'est uniquement après le repas, lorsqu'ils étaient seuls, qu'il prit Pierrick à part.
Natalia se pencha vers Dippet, comme si elle s'apprêtait à révéler le cœur du mystère. La pièce sembla plus froide à l'évocation de cette scène. Fixant Dippet dans les yeux, Natalia continua.
— C'est là que tout se joua. Salazar dévoila à Pierrick que l'erreur n'était pas passée inaperçue, que ce genre de négligence était inacceptable, surtout venant d'un protégé. Il accusa Pierrick de ternir l'idéal de pureté du sang. Pierrick se défendit, disant que même les meilleurs faisaient des erreurs, mais Salazar ne voulait rien entendre. Il le maudit sur-le-champ, affirmant que tant que cette faute ne serait pas expiée, la famille Strange resterait marquée et que leur lignée ne prospérerait plus.
Le silence qui suivit l'histoire de Natalia était lourd de sens, chaque mot résonnant dans l'air chargé de mystères anciens et de destinées entrelacées par le chapeau maudit.
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