Les Ombres du Secret

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Le grimoire allait l’aider dans sa quête. Voilà ce que Natalia Strange se répétait sans cesse, comme une litanie désespérée pour se convaincre de la justesse de son choix. Chaque caresse hésitante de ses doigts tremblants sur la reliure en cuir usée révélait son angoisse. Le cuir, autrefois riche et lisse, était maintenant strié de fissures profondes, portant les cicatrices des siècles passés et des mains désormais défuntes qui, comme elle, avaient cherché à percer ses mystères. Les symboles anciens gravés en surface semblaient pulser d’une énergie mystérieuse et antique, évoquant une histoire dont elle ne pouvait saisir toute l’ampleur.

Elle faisait tout cela pour Tom. Son visage, ses yeux pétillants de malice, hantait chacun de ses pas. Mais le poids du secret qu’elle portait était comme une ancre, luttant pour la tirer vers les abysses de la culpabilité. Natalia avait juré de protéger Tom de la vérité, de l’avenir incertain et dangereux qui se profilait. Mais à mesure qu’elle progressait dans sa quête, le fardeau devenait de plus en plus insupportable.

Protéger Tom sans révéler la vérité... était-ce vraiment judicieux? Les doutes et les questions fourmillaient dans son esprit, la plongeant dans un tourbillon d’incertitudes. La peur de l’échec l’enveloppait comme une brume épaisse et sombre, infiltrant chaque recoin de sa conscience. Et si son silence les condamnait tous les deux? Cette pensée la transperçait comme un coup de poignard. Chaque mensonge, chaque omission devenait une toile invisible mais oppressante enserrant ses pensées et ses actions.

Elle se souvenait encore du banc du parc où tout avait commencé. Le vent doux apportait les rires de Tom, ses plaisanteries légères qui allégeaient son cœur. À ce moment-là, elle ignorait encore l'ampleur de ce qu'elle allait devoir affronter. Elle se souvenait aussi des nuits sans sommeil, hantée par le visage de Tom et par les choix imposés par un destin inexorable. Chaque moment passé avec lui était teinté d’une douce amertume, une constante confrontation entre le bonheur présent et le sacrifice pour un avenir meilleur.

Natalia imaginait souvent ouvrir le grimoire, espérant que les mots et formules magiques sauteraient des pages pour lui offrir une solution. Mais chaque fois, elle ne voyait que des défis supplémentaires, des mystères à déchiffrer. Le grimoire défiait son esprit et son courage, ne révélant ses secrets qu’aux plus déterminés.

Que dirait Tom s’il connaissait la vérité ? La pensée de son visage en proie à la confusion, la peur ou la déception la terrifiait. Elle préférait le protéger de cette connaissance, même si cela la consumait lentement, plutôt que de voir la lumière de son innocence s’éteindre.

Les nuits étaient les pires. La lumière argentée de la lune traversait les fenêtres de sa chambre, et Natalia se retrouvait souvent éveillée, serrant le grimoire contre sa poitrine comme une amulette. Les heures s’étiraient interminablement, chaque seconde résonnant avec l’angoisse de l’inconnu. Elle se demandait souvent si Tom percevait ses tourments malgré son sourire et son apparente paix, qu'elle simulait avec une maîtrise inquiétante.

« Je dois y arriver », murmurait-elle dans le silence de sa chambre, les larmes aux yeux. « Pour Tom, pour nous. » Mais chaque caresse sur le cuir usé ravivait le souvenir de toutes ces âmes qui avaient échoué avant elle. Combien avaient renoncé ? Combien s’étaient laissés happer par leur destinée ?

Natalia savait que leur amour méritait tous les sacrifices, même ceux du silence, du mensonge et du doute. Elle devait croire en ce chemin ardu qu’elle avait choisi, même si chaque pas semblait être une danse avec l’incertain. Avec une ultime caresse sur la reliure, elle se fit une promesse. Elle briserait cette malédiction, sans compromettre l’avenir qu’ils espéraient.

Le lendemain, une dispute éclata entre élèves à l’école, et quelques-uns se précipitèrent vers le bureau du professeur Slughorn, craignant que la situation ne dégénère. Le professeur, un homme massif à la mine sévère, apparut bientôt, suivi de près par Albus Dumbledore. Leur présence imposante fit taire les querelles.

Quand les responsables de la dispute furent conduits devant eux, l’air semblait vibrer d’une tension électrique. Dumbledore et Slughorn échangèrent un regard avant de prononcer leur verdict.

— Vous avez gravement enfreint les règles, déclara Slughorn, sa voix grondante comme le tonnerre. Pour cela, vous êtes tous deux sévèrement punis.

— Chacun de vous perdra 200 points pour sa maison, ajouta Dumbledore d’un ton calme mais ferme, ses yeux perçants transperçant les fautifs. De plus, vous serez exclus pour un mois. Et pour ne pas céder à l'oisiveté, vous serez assignés à des tâches ingrates dans la Forêt Interdite sous la supervision de monsieur Rusard.

Les murmures chuchotés des élèves témoignaient de l’impact de cette décision. La Forêt Interdite, avec ses mystères et dangers, incarnait la punition ultime. Natalia observait la scène, tentant de maîtriser ses émotions mêlées. Quel impact aurait cette querelle sur leur quête ?

Slughorn posa une main pesante sur son épaule.

— Miss Strange, nous ne tolérerons plus de perturbations de ce genre. Prenez garde à vos alliances et votre comportement. Les temps sont troublés, et chaque action a ses répercussions.

Natalia acquiesça, consciente de la justesse de ses paroles. C’était un rappel brutal que, dans cette quête criblée de sacrifices et de secrets, elle devait naviguer avec prudence parmi les intrigues qui l'entouraient. Ses pensées revinrent inévitablement à Tom, et elle se demanda comment cette nouvelle épreuve affecterait leur avenir.

Les jours suivants, Natalia consacra son temps aux tâches dans la Forêt Interdite. Guidée par Rusard, chaque journée s’étirait interminablement. Mais la lourdeur des besognes et les murmures inquiétants de la forêt n’étaient rien comparés à son tourment intérieur. L’obscurité dense de la forêt semblait s’accorder avec les ombres qui s'étendaient dans son cœur.

Cependant, au cœur de cette épreuve, Natalia découvrait une force et une détermination renouvelées en elle. Peut-être était-ce la pression supplémentaire, mais elle se promettait intérieurement de ne pas se laisser détourner de sa quête par ces obstacles. Elle continuerait à protéger Tom, à tenir son secret, malgré l’épuisement et le doute. Jour après jour, elle partageait avec lui les peines et les labeurs, gardant au fond d’elle cette lueur d’espoir qui la guidait. Le grimoire, serré désormais plus fermement contre sa poitrine, restait le symbole et la clé de leur futur incertain.

Dans le décor paisible du parc de Poudlard, une brise délicate agitait doucement les feuilles des arbres centenaires, témoins silencieux de générations d’élèves, de secrets chuchotés et de promesses murmurées à la tombée de la nuit. Le soleil couchant créait de longues ombres ondulantes sur le sol pavé, conférant à l'endroit une atmosphère à la fois apaisante et troublante. Le parfum de l’herbe fraîchement coupée se mêlait à celui des fleurs sauvages, ajoutant une note de pureté à cette scène presque intemporelle.

Natalia, ses longs cheveux bruns flottant dans le vent, fixait Tom avec une intensité mêlant tristesse et détermination. Elle ressemblait à une statue de marbre, figée dans une émotion complexe. Ses yeux verts, vifs, trahissaient un tourbillon de pensées et de sentiments. Chaque geste, chaque souffle semblait minutieusement calculé, comme si elle pesait soigneusement chaque mot avant de les prononcer.

Tom, assis sur un banc de pierre usé par le temps, se balançait légèrement d’avant en arrière. Ses vêtements, un mélange de cuir vieilli et de tissus sombres, lui donnaient un air à la fois mystérieux et ancien. Le regard perdu dans l’horizon, il semblait ailleurs, plongé dans un monde que seul lui pouvait apercevoir. Ses yeux sombres brillaient d’une curiosité presque enfantine, mâtinée d'une froideur impénétrable, révélant qu’il avait vu et vécu bien plus que son âge ne le laissait paraître.

Dans les recoins les plus sombres du parc, deux formes éthérées flottaient, invisibles aux autres, mais toujours présentes pour Tom et Natalia. Obscurix et Lunaria, les deux créatures nées de leurs expérimentations interdites, les suivaient sans relâche. Obscurix, avec sa peau noire comme l’encre et ses orbes violets luminescents, émanait une présence à la fois protectrice et inquiétante. En contraste, Lunaria, avec sa peau pâle ornée de motifs argentés et ses ailes diaphanes, apportait une aura de sérénité mélancolique. Leurs capacités et leur lien avec leurs créateurs demeuraient un mystère, un territoire encore inexploré et potentiellement dangereux.

Natalia prit une profonde inspiration, sentant l’air frais emplir ses poumons, et brisa le silence d’une voix douce mais déterminée :

— Tom, ce que tu envisages est extrêmement dangereux.

Tom la fixa, ses yeux sombres brillant d’une lueur de défi.

— Je sais, Natalia. Mais c’est aussi notre seule chance. La Pierre de Résurrection… imagine ce que nous pourrions accomplir en combinant ses pouvoirs avec un Horcruxe.

À côté de Tom, Obscurix ondula légèrement, réceptif à la tension palpable entre les deux. Natalia frissonna, non pas à cause de la brise, mais en songeant aux implications des paroles de Tom.

— Un Horcruxe est déjà une abomination en soi. Lier une partie de ton âme à un objet nécessite un acte atroce. Ajouter la Pierre de Résurrection à cette équation… tu joues avec des forces que nous ne comprenons pas entièrement. Peut-être même des forces que personne ne devrait jamais comprendre.

Tom se leva, son regard brûlant de conviction, et Obscurix sembla intensifier son aura sombre en réponse.

— C’est précisément parce que c’est inconnu que c’est si important. Les limites de la magie n’ont jamais été repoussées sans risque. Peux-tu imaginer un monde où la mort n’est plus une fin, mais un simple détour ?

Le silence retomba entre eux, lourd de promesses et de dangers. Les ombres du crépuscule s’épaississaient, dansant autour des deux protagonistes ainsi que des silhouettes fantomatiques d’Obscurix et Lunaria, témoins invisibles de cette conversation cruciale. Chaque bruissement de feuille, chaque chuchotement du vent portait en lui les échos de l’histoire et des mystères du monde magique.

Natalia lutta contre ses propres émotions, cherchant les mots justes.

— Tom, je comprends ton ambition, mais à quel prix ? Perdre son humanité pour transcender la mort ? La fin ne justifie pas toujours les moyens.

Lunaria flotta doucement près de Natalia, sa présence éthérée accentuant la gravité de ses paroles. Tom esquissa un sourire, un mélange de tristesse et de détermination.

— Peut-être que tu as raison, Natalia. Mais parfois, pour atteindre des sommets inexplorés, il faut être prêt à se perdre en chemin.

Leurs regards se croisèrent dans une tension muette, chacun essayant de convaincre l’autre de la validité de son point de vue. Finalement, après un long moment de silence, Natalia parla à nouveau.

— Nous avons déjà essayé quelque chose de similaire, Tom.

Sa voix était à peine un murmure, comme si elle tentait de dissimuler la gravité de ses mots.

— La première fois que nous avons tenté de créer un Horcruxe avec l’aide de la Pierre de Résurrection, ça ne s’est pas déroulé comme prévu.

Natalia baissa les yeux, ses pensées la ramenant à un souvenir douloureux enfoui au plus profond d'elle-même. La mémoire du passé montait en elle, claire et inexorable, la submergeant par sa vivacité.

Une scène presque tangible se dessina progressivement dans son esprit, comme si le temps s'était suspendu pour lui révéler les détails oubliés. Les pierres froides et humides, les murmures du passé gravés dans chaque surface...

Le rocher froid de la Chambre des Secrets renvoyait une résonance cruelle à chaque goutte d’eau tombant du plafond. Les murs, ornés de serpents sculptés, serpentaient vers l’inconnu et disparaissaient dans l’obscurité. Une lueur pâle émanant des torches enchantées projetait des ombres mouvantes qui semblaient prêtes à s'animer d’un instant à l’autre.

Mimi Geignarde, élève timide de Serdaigle en troisième année, recherchait la solitude dans les toilettes des filles, fuyant les moqueries de ses camarades. Ses pleurs étouffés résonnaient contre les parois carrelées de la petite pièce. Debout devant un miroir brisé, elle essuyait ses larmes avec le revers de sa main.

— Pourquoi moi ? Pourquoi toujours moi ? sanglotait-elle, sa voix se brisant sous le poids de ses émotions.

Brusquement, un bruit sourd se fit entendre. Ce bruit n'avait rien de normal. C’était un glissement, un frémissement inquiétant, comme si quelque chose d'énorme se mouvait lentement sous le sol. Elle recula, ses yeux écarquillés d’effroi derrière ses lunettes embuées.

— Qui est là ? Montrez-vous ! cria Mimi, sa voix trahissant plus de peur que de bravoure.

Le silence oppressant fut sa seule réponse.

Soudain, le miroir devant elle se fêla d’un nouvel éclair de fissures en une étoile brutale, et derrière elle, les éviers commencèrent à trembler. Le sol sembla s'ouvrir sous ses pieds tandis qu’un grondement sourd s’élevait des profondeurs. Un serpent gravé sur l’un des robinets paraissait prendre vie, ouvrant la bouche et libérant une aura de magie ancienne.

Avant qu’elle ne puisse comprendre ce qui se passait, une brume épaisse et noire en jaillit. Mimi sentit alors une présence glaciale, antique et malveillante s’approcher. Les ombres dans les toilettes s’étirèrent et se contorsionnèrent.

Un murmure résonna :

— C'est l’heure.

Les mots, presque inaudibles mais terriblement distincts, semblaient soufflés par un vent d’un autre monde. Mimi tourna ses yeux vers l’obscurité. Son corps tout entier se raidit lorsqu’elle réalisa que quelque chose d’inhumain approchait, mais il était déjà trop tard.

Du noir absolu des profondeurs émergea le Basilic, ses yeux jaunes et hypnotiques brillant dans la pénombre. Une terreur absolue s’empara de Mimi lorsqu’elle croisa le regard de la créature.

En une fraction de seconde, le venin mortel du regard du Basilic se déversa dans l’âme de Mimi. Son cri mourut dans sa gorge avant même de franchir ses lèvres. Tout son être se glaça, pétrifié instantanément par cette rencontre fatale. En un instant, elle passa d’une simple élève apeurée à une statue de chair et d’os, figée dans une expression d’horreur éternelle.

Le Basilic recula tranquillement, disparaissant de nouveau dans les ombres de la Chambre des Secrets, obéissant à une volonté plus sombre et plus insidieuse que la sienne.

Les torches accrochées aux parois des toilettes continuèrent de clignoter, comme si de rien n’était, et l’espace demeurait à présent aussi silencieux qu’une tombe. L’humidité des lieux semblait peser encore plus lourd après l’événement, chargée d’une tristesse accablante.

La mort de Mimi, tragique et brutale, avait permis à un fragment de l'âme de Tom Riddle de se loger dans le corps du serpent Kah. Tom plaça précautionneusement le serpent au sol, au milieu de symboles anciens tracés avec du sang. Une bougie noire, symbolisant l'acceptation des ténèbres, brûlait faiblement. Parallèlement, une potion composée de son propre sang attendait d'être consommée avant de lancer le sortilège.

Tom Riddle, sa baguette pointée vers son animal fétiche, murmura plusieurs fois en latin :

— Peccatum ad tenebras, anima ad mortem (Péché vers les ténèbres, l'âme vers la mort).

Un hurlement perça soudainement le silence tandis que son âme se fissurait. Il dirigea toute sa souffrance et son désir de survie vers Kah en récitant l'incantation finale :

— Mors Divisio, anima decerptus, pars meae animae nunc vinculum aeternum sit (Mort et division, âme arrachée, que cette partie de mon âme soit à jamais liée).

Un éclat de lumière noire jaillit, symbolisant le transfert de son âme. Mais au lieu de se lier à Kah, qui avait accepté la souillure, deux spectres lumineux émergèrent, se matérialisant devant Natalia, qui se tenait cachée derrière Tom.

***

Tom cligna des yeux, déconcerté par ce qui venait de se produire.

— Oui, je m’en souviens. Mais…

Natalia l’interrompit, ses yeux brillant d'une intensité vive.

— Nous n'avons pas créé un Horcruxe ordinaire, Tom. Nous avons, sans le savoir, donné naissance à des créatures d'un pouvoir inimaginable : des Pokéniks. Deux entités portant une partie de notre âme, mais bien plus puissantes et terrifiantes.

Obscurix et Lunaria frémirent à ces mots, leurs présences devenant plus palpables autour de leurs créateurs. Tom serra les poings, déterminé.

— C'était une erreur de calcul, un malentendu. Nous pouvons réussir cette fois.

— Non, Tom, répondit Natalia en secouant la tête. Les Pokéniks ne sont ni entièrement vivants ni morts. Ils incarnent le meilleur et le pire de nous-mêmes. Et nous n'avons aucun moyen de les contrôler. Ils sont bien plus puissants qu'un Horcruxe.

Tom détourna le regard, ses mâchoires serrées de frustration.

— Cela ne signifie pas que nous devons renoncer.

— Ça signifie que nous devons être prudents, insista Natalia. La magie a ses limites, ses règles. Transcender la mort en perdant notre humanité… ce n'est pas une victoire. C'est une perte irréparable.

Le silence retomba sur le parc, plus lourd et plus chargé d'émotions que jamais. Une certitude s’imposait : la quête de Tom allait bouleverser bien plus que leurs propres destinées. Les ombres du crépuscule dansaient toujours, témoins silencieux des décisions qui pourraient changer le cours de l’histoire, tandis que les entités qu'ils avaient créées, Obscurix et Lunaria, attendaient l’inévitable dénouement, ignorant encore les conséquences potentielles de leur existence et de leur utilisation l'un contre l'autre.

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