L'Ombre du Mors Divisio
Dans le parc serein de Poudlard, une brise légère faisait bruire les feuilles des arbres centenaires, témoins silencieux de générations d’élèves, de secrets murmurés et de promesses chuchotées dans le crépuscule. Le soleil couchant projetait des ombres longues et ondulantes sur le sol pavé, créant une ambiance à la fois apaisante et inquiétante. Le parfum de l’herbe fraîchement coupée se mêlait à celui des fleurs sauvages, ajoutant une note de pureté à cette scène presque intemporelle.
Natalia, ses longs cheveux bruns flottant doucement dans le vent, fixait Tom avec une intensité qui mélangeait tristesse et détermination. Elle ressemblait à une statue de marbre, figée dans une émotion complexe. Ses yeux, d’un vert vif, trahissaient un tourbillon de pensées et de sentiments. Chaque geste, chaque souffle semblait calculé, comme si elle pesait soigneusement chaque mot avant de les prononcer.
Tom, assis sur un banc de pierre usé par le temps, se balançait légèrement d’avant en arrière. Ses vêtements, un mélange de cuir usé et de tissus sombres, lui donnaient un air à la fois mystérieux et ancien. Le regard perdu dans l’horizon, il semblait ailleurs, plongé dans un monde que seul lui pouvait voir. Ses yeux sombres brillaient d’une curiosité presque enfantine, mâtinée d'une froideur impénétrable, révélant qu’il avait vu et vécu bien plus que son âge ne le laissait paraître.
Dans les recoins les plus sombres du parc, deux formes éthérées flottaient, invisibles aux yeux des autres, mais toujours présentes pour Tom et Natalia. Obscurix et Lunaria, les deux Pokéniks nés de leurs expériences interdites, les suivaient sans relâche. Obscurix, avec sa peau noire comme l’encre et ses orbes violets luminescents, émanait une présence à la fois protectrice et inquiétante. En contraste, Lunaria, avec sa peau pâle ornée de motifs argentés et ses ailes diaphanes, apportait une aura de sérénité mélancolique. Leurs capacités et leur lien avec leurs créateurs demeuraient un mystère, quelque chose d'encore inexploré et potentiellement dangereux.
Natalia prit une profonde inspiration, sentant l’air frais emplir ses poumons. Enfin, elle brisa le silence de sa voix douce mais déterminée :
— Tom, ce que tu envisages de faire est extrêmement dangereux.
Tom la fixa, ses yeux sombres brillant d’une lueur de défi.
— Je sais, Natalia. Mais c’est aussi notre seule chance. La Pierre de Résurrection… imagine ce que nous pourrions accomplir en combinant ses pouvoirs avec un Horcruxe.
À côté de Tom, Obscurix ondula légèrement, réceptif à la tension palpable entre les deux. Natalia frissonna, non pas à cause de la brise, mais à cause des implications de ce que disait Tom.
— Un Horcruxe est déjà une abomination en soi. Lier une partie de ton âme à un objet nécessite un acte atroce. Ajouter la Pierre de Résurrection à cette équation… tu joues avec des forces que nous ne comprenons pas entièrement. Peut-être même des forces que personne ne devrait jamais comprendre.
Tom se leva, son regard brûlant de conviction, et Obscurix sembla intensifier son aura sombre en réponse.
— C’est précisément parce que c’est inconnu que c’est si important. Les limites de la magie n’ont jamais été repoussées sans risque. Peux-tu imaginer un monde où la mort n’est plus une fin, mais un simple détour ?
Le silence retomba entre eux, lourd de promesses et de dangers. Les ombres du crépuscule s’épaississaient, dansant autour des deux protagonistes ainsi que des silhouettes fantomatiques d’Obscurix et Lunaria, spectateurs invisibles de cette conversation cruciale. Chaque bruissement de feuille, chaque chuchotement du vent portait en lui les échos de l’histoire et des mystères du monde magique.
Natalia lutta contre ses propres émotions, cherchant les mots justes.
— Tom, je comprends ton ambition, mais à quel prix ? Perdre son humanité pour transcender la mort ? La fin ne justifie pas toujours les moyens.
Lunaria flotta doucement près de Natalia, sa présence éthérée accentuant la gravité de ses paroles. Tom esquissa un sourire, un mélange de tristesse et de détermination.
— Peut-être que tu as raison, Natalia. Mais parfois, pour atteindre des sommets inexplorés, il faut être prêt à se perdre en chemin.
Leurs regards se croisèrent dans une tension muette, chacun essayant de convaincre l’autre de la validité de son point de vue. Finalement, après un long moment de silence, Natalia parla à nouveau.
— Nous avons déjà essayé quelque chose de similaire, Tom.
Sa voix était à peine un murmure, comme si elle essayait de dissimuler la gravité de ses mots.
— La première fois que nous avons tenté de créer un Horcruxe avec l’aide de la Pierre de Résurrection, ça ne s’est pas déroulé comme prévu.
Natalia ferma les yeux un instant, se remémorant cette nuit funeste. Lorsqu'elle les rouvrit, le regard lointain, elle plongea Tom dans le souvenir glacé de leur expérience interdite.
Le rocher froid de la Chambre des Secrets renvoyait une cruelle résonance à chaque goutte d’eau tombant du plafond. Les murs, ornés de serpents sculptés, serpentaient vers l’inconnu et disparaissaient dans l’obscurité. Une lueur pâle émanant des torches enchantées formait des ombres mouvantes qui semblaient prêtes à s’animer d’un instant à l’autre.
Mimi Geignarde, une élève timide de Serdaigle en troisième année aux énormes lunettes rondes, s’était aventurée dans les toilettes des filles, en quête de solitude, fuyant les moqueries habituelles de ses camarades. Ses pleurs étouffés résonnaient contre les parois de la petite pièce carrelée. Debout devant un miroir brisé, elle essuyait ses larmes avec le revers de sa main.
— Pourquoi moi ? Pourquoi toujours moi ?, sanglotait-elle, sa voix se brisant sous le poids de ses émotions.
Brusquement, elle entendit un bruit sourd et se figea. Ce bruit n’avait rien de normal. C’était un glissement, un frémissement inquiétant, comme si quelque chose d'énorme se mouvait lentement sous le sol. Elle recula, ses yeux écarquillés d’effroi derrière ses lunettes embuées.
— Qui est là ? Montrez-vous ! cria Mimi, sa voix trahissant plus de peur que de bravoure.
Elle n’eut pour toute réponse qu’un silence oppressant.
Soudain, le miroir devant elle se fendit d’un nouvel éclair de fissures en une étoile brutale et, derrière elle, les éviers commencèrent à trembler. Le sol parut s’ouvrir sous ses pieds tandis qu’un grondement sourd s’élevait des profondeurs. Un serpent gravé sur l’un des robinets sembla prendre vie, ouvrant la bouche et libérant une aura de magie ancienne.
Avant qu’elle ne puisse comprendre ce qui se passait, une brume épaisse et noire en jaillit. Mimi sentit alors une présence glaciale, antique et pleine de malice s’approcher. Les ombres dans les toilettes s’étirèrent et se contorsionnèrent.
Puis, un murmure résonna.
— C'est l’heure.
Les mots étaient presque inaudibles, mais terriblement distincts, comme s’ils avaient été soufflés par un vent d’un autre monde. Mimi tourna ses yeux vers l’obscurité. Son corps tout entier se raidit quand elle réalisa que quelque chose d’inhabituel et d’inhumain approchait, mais il était déjà trop tard.
Du noir absolu des profondeurs sortit le Basilic, le regard imprégné d’une force ancienne ancrée dans les tréfonds de sa nature. Les yeux jaunes et hypnotiques du serpent géant brillèrent dans la pénombre. Une terreur absolue s’empara de Mimi lorsqu’elle croisa le regard de la créature.
En une fraction de seconde, le venin mortel du regard du Basilic se déversa dans l’âme de Mimi. Son cri mourut dans sa gorge avant même de franchir ses lèvres. Tout son être se glaça, pétrifié instantanément par cette rencontre fatale. En un instant, elle passa d’une simple élève apeurée à une statue de chair et d’os, figée dans une expression d’horreur éternelle.
Le Basilic recula tranquillement, disparaissant de nouveau dans les ombres de la Chambre des Secrets, obéissant à une volonté plus sombre et plus insidieuse que la sienne.
Les torches crochées aux parois des toilettes continuèrent de clignoter, comme si de rien n’était, et l’espace demeurait à présent aussi silencieux qu’une tombe. L’humidité des lieux semblait peser encore plus lourd après l’événement, chargée d’une tristesse accablante.
La mort de Mimi, tragique et brutale, avait permis à un fragment de l'âme de Tom de se loger dans le corps du serpent Kah. Tom plaça précautionneusement le serpent au sol, au milieu de symboles anciens tracés avec du sang. Une bougie noire, symbolisant l'acceptation des ténèbres, brûlait faiblement. Parallèlement, une potion composée de son propre sang attendait d'être consommée avant de lancer le sortilège.
Tom Riddle, sa baguette pointée vers son animal fétiche, murmura plusieurs fois en latin :
— Peccatum ad tenebras, anima ad mortem (Péché vers les ténèbres, l'âme vers la mort).
Un hurlement perça soudainement le silence tandis que son âme se fissurait. Il dirigea toute sa souffrance et son désir de survie vers Kah en récitant l'incantation finale :
— Mors Divisio, anima decerptus, pars meae animae nunc vinculum aeternum sit (Mort et division, âme arrachée, que cette partie de mon âme soit à jamais liée).
Un éclat de lumière noire jaillit, symbolisant le transfert de son âme. Mais au lieu de se lier à Kah, qui avait accepté la souillure, deux spectres lumineux émergèrent, se matérialisant devant Natalia, qui se tenait cachée derrière Tom.
— Oui, je m’en souviens. Mais…
Natalia l’interrompit, ses yeux brillant d'une intensité vive.
— Nous n'avons pas créé un Horcruxe ordinaire, Tom. Nous avons, sans le savoir, donné naissance à des créatures d'un pouvoir inimaginable : des Pokéniks. Deux entités portant une partie de notre âme, mais bien plus puissantes et terrifiantes.
Obscurix et Lunaria frémirent à ces mots, leurs présences devenant plus palpables autour de leurs créateurs. Tom serra les poings, déterminé.
— C'était une erreur de calcul, un malentendu. Nous pouvons réussir cette fois.
— Non, Tom, répondit Natalia en secouant la tête. Les Pokéniks ne sont ni entièrement vivants ni morts. Ils incarnent le meilleur et le pire de nous-mêmes. Et nous n'avons aucun moyen de les contrôler. Ils sont bien plus puissants qu'un Horcruxe.
Tom détourna le regard, ses mâchoires serrées de frustration.
— Cela ne signifie pas que nous devons renoncer.
— Ça signifie que nous devons être prudents, insista Natalia. La magie a ses limites, ses règles. Transcender la mort en perdant notre humanité… ce n'est pas une victoire. C'est une perte irréparable.
Le silence retomba sur le parc, plus lourd et plus chargé d'émotions que jamais. Une certitude s’imposait : la quête de Tom allait bouleverser bien plus que leurs propres destinées. Les ombres du crépuscule dansaient toujours, témoins silencieux des décisions qui pourraient changer le cours de l’histoire, tandis que les entités qu'ils avaient créées, Obscurix et Lunaria, attendaient l’inévitable dénouement, ignorant encore les conséquences potentielles de leur existence et de leur utilisation l'un contre l'autre.
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