Décalage culturel
Vers dix neuf heure trente, Dalil me dépose chez sa sœur, Naia, à quelques kilomètres du centre-ville. Elle vit dans un appartement au premier étage avec son époux et ses deux jumeaux nés l’été précédent. Je les salue tous les trois en remerciant Naia de m’accueillir à la dernière minute. C’est une femme très calme, douce et sans exubérance, contrairement à son aîné. Dalil parti, elle m’invite à poser mes affaires et à disposer de la salle de bain. Après quoi, je m’assoie près d’elle pour faire connaissance. Après s’être toutes les deux présentées, la discussion ne prend pas aussi facilement qu’avec Dalil. Il semble y avoir un gouffre culturel entre nous. Épouse au foyer avec ses deux bambins, elle vit en Islande depuis peu et dit s’y plaire. Elle semble comblée par son rôle de maman, bien loin des bavardages impudiques de son frère. Pour sûr, nous n’aurons pas de conversations aussi abruptes qu’avec lui. Tandis qu’elle donne le sein à Jaddi, j’essaie de me rapprocher d’Arman afin qu’il ne se sente pas délaissé. J’appuie sur les touches d’un clavier en plastique qui fait des bruits d’animaux. Il y a des années que je n’ai pas fréquenté un seul bébé, et j’imagine que ça se voit. Les sourires et cris de joie du bambin me mettent à l’aise.
Finalement, le tchai que m’offre Naia permet de nous raccorder au sujet de mon voyage en Inde. Avec Dalil, ils sont originaires du Pendjab, une région au nord-ouest de l’Inde que ma sœur et moi avons en partie visitée. Je lui confie que ma sœur et moi avons adoré les kulchas d'Amritsar, un genre de naan épicé qu’on ne trouve que là-bas. Émue, elle me d’en cuisiner le lendemain.
À vingt-et-une heure trente, je suis enveloppée dans mon sac de couchage à bord d’un étroit canapé en cuir. Les pleurs de bébés se dissolvent dans mon sommeil.
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