1.1 Aide inespérée

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État 34, An 3215 Quelques jours après l'arrestation d'Inès. Chez les rebelles.

Suite au coup d'État, c'est l'effervescence dans le monde entier. Des Deltas tentent de venir au secours de l'Alpha de leur État et lancent des mouvements de troupes armées sur les lieux du conseil. Les cinq tyrans ont prévu les contestations. Leurs armées et celles endoctrinées des autres régions se retournent contre la tentative de libération et plusieurs pays sont envahis.

Toutes les Alphas sont sous la domination des cinq despotes. Les neuf entraves dures sont rendues obligatoires dans le monde entier. Le fouet et la canne autorisés de nouveau. Dans les quelques lieux où ils existaient, les hommes autrefois Libres ont remis leurs entraves. Les Lambdas sont redevenues des Zêtas. Seules les M sont autorisées à garder leur position sociale.

Toutes les personnes qui avaient retrouvé de l'espoir et une raison de vivre avec l'intronisation d'Inès refusent de revivre l'horreur. Mis à part quelques Deltas anciennes partisanes de Cassandra, chaque citoyen de l'État 34 se soulève. Zêtas, Gammas et Epsilons rejoignent la rébellion. Elles cachent les rebelles et leur fournissent des informations et surtout, le plus important des armes. Les deux Deltas architectes et l'avocate ainsi que plusieurs autres Deltas proches d'Inès œuvrent en sous-marin pour la résistance.

Dans les autres pays, la révolte est identique. Ceux anciennement gouvernés par un Alpha tolérante agissent comme les citoyens de l'État 34. Les contrées sous contrainte tyrannique fuient ou attaquent des dépôts d'armes. Les paroles d'Inès depuis un an leur ont fait entrevoir un futur meilleur qu'ils ne veulent pas voir s'échapper. Même au sein des demeures des cinq nouvelles puissantes, le peuple décide de lutter.

Igor appelle tous les autres groupes de partisans. Il insiste sur un regroupement général et sur le recrutement massif. De partout, des foules contactent les révolutionnaires locaux et gagnent les maquis, grottes, forêts, montagnes, .... Quand ils ne fuient pas, les civils rassemblent matériels ou informations pour les divulguer aux réseaux de contestation. Igor et Irène n'ont jamais eu autant de monde, de matériel, d'argent ou autant de données en provenance du monde entier.

Le chef des rebelles recueille les informations. Il tente de savoir dans quelle prison sont Inès et Déborah. Il scrute les moindres faits et gestes des quatre Alphas tyranniques et les déplacements de celle qui est blessée. Les combats et mouvements de troupes sont surveillés attentivement.

Le mois qui suit est une angoisse permanente. Les rebelles du monde entier sont en ébullition. L'avenir s'annonce sombre et inquiétant. De partout des faits de violence, envers des reproducteurs et des femmes, sont relatés. Pour maintenir l'ordre, la répression se fait dure et sans pitié. Les despotes ont du mal à s'installer. L'appel à la résistance d'Inès a été entendu par le monde entier qui se soulève et s'organise.

Les tyrans ont peu de soutien et ne peuvent compter que sur leurs armées d'endoctrinées. Les soldates sont très nombreuses. On sent que ce coup d'État a été préparé depuis de longues années. Irène réalise que cela a dû être conçu quand les cinq femmes étaient encore enfants et éduquées ensemble chez la défunte Tata Gwendoline. La chef rebelle pleure en comprenant que le meurtre de sa tante a été sûrement orchestré par Cassandra, pour pouvoir mettre en place les troupes au cerveau formaté.

Cette vaste machination, savamment mise en place, est particulièrement machiavélique et retors. De ce qu'en sais Irène qui a côtoyé un peu les filles, Cassandra n'a jamais eu assez d'intelligence pour monter une telle chose. Sophie en est la seule capable toutefois, elle était si jeune. La chef rebelle se refuse à croire qu'une fillette de treize ans ait pu préparer un meurtre. Elle a déjà du mal à l'accepter d'une ado de quinze ans.

Si ce n'est pas Cassandra ou Sophie, alors qui tire les ficelles ? Qui aurait pu guider et formater les fillettes à l'époque sans éveiller les soupçons de Gwendoline. Il aurait fallu pouvoir les approcher malgré la surveillance de la Suprême de l'époque. La seule possibilité est la compagne secrète de Tata Gwendoline, celle qui a rompu quelques jours à peine avant le meurtre. Seulement, personne ne sait de qui il s'agit même Irène.

La chef rebelle obtient enfin des nouvelles qui, sans être bonnes, ne sont au moins pas mauvaises. Inès et Déborah sont en vie. Elles sont dans la prison d'Helianos, une prison de L'État 25. C'est le pays voisin du 34, la contrée de la Vice Suprême Sophie, le tyran blessé dans l'attaque. Malheureusement, c'est un endroit les plus sûr de la planète. Très bien gardé, ce pénitencier est tenu par des Zêtas soldats endoctrinées au berceau.

Rentrer dans cette forteresse, en plein cœur du territoire ennemi est mission quasi-impossible sauf à se faire arrêter. En ressortir vivant est illusoire, penser faire échapper les deux femmes tiendrait du miracle. Toutes les propositions sont étudiées, mais vouées à l'échec. Personne ne sait comment agir et tous enragent.

Lou a des informations à propos de Sophie. La Vice Suprême est chez sa fille pour se faire soigner. La blessure semble assez grave. Sophie est restée un bout de temps à l'Hôpital et se terre aujourd'hui dans la demeure de sa descendance, à l'abri des regards. Une Zêta infirmière est au chevet de la Vice Suprême jour et nuit. Delta Solène a fait sécuriser sa maison. Elle ne permet à personne de rentrer. Elle remplace sa mère pour la présence publique pour l'État 25. La vice-Suprême reste enfermée en sécurité et donne ses ordres par mails.

D'après les sources, la tête pensante du complot actuel est Sophie. Les quatre autres Alphas sont ses lieutenants. La Vice Suprême s'est emparée de L'État 34 et le dirige à distance. Les quatre sous-fifres supervisent l'État 29, celui de Déborah ainsi que de plusieurs autres. Elles sont en train de se répartir la planète sans tenir compte des populations, créant une sourde colère digne d'une cocotte-minute prête à exploser. Irène a beau scruter les personnes qui gravitent autour des tyrans, elle ne voit pas de femmes assez âgées pour être l'ex compagne de sa Tata et donc le vrai cerveau.

Irène fulmine. Elle veut venger sa tante. Elle veut faire imploser cette prise de contrôle. Si elle le pouvait, pour la première fois de sa vie, Irène a des envies de meurtres. Elle rêve d'empoisonner à petit feu les cinq femmes ou bien de leur coller une balle dans la tête. Pour la première fois de sa vie, Igor a les mêmes envies d'assassinats. Tous les deux refrènent leurs colères et continuent d'inciter à la non-violence. Ils ne savent que trop bien que l'escalade dans l'horreur ne mène jamais à quelque chose de bon.

Un mois plus tard, les rebelles recueillent suffisamment d'informations et se préparent. L'État 34 est d'attaque pour l'Insurrection. Le 29 et le 25 sont quasiment au point. Les autres s'organisent encore. Les nouvelles dictatrices mettent tout en œuvre pour trouver les contestataires. Rien de concret pour le moment, les renégats arrivent toujours à s'enfuir.

Dans ce grand malheur, des faits troublants apparaissent. Un grain de sable enraye la machine despotique de l'intérieur. Igor et Irène recoivent des messages de toutes les communautés de rebelles. Des reproducteurs et des Zêtas sont envoyés en sécurité auprès des renégats par un groupe inconnu. Celui ci agit partout dans le monde. De manière rapide et efficace, sans laisser de traces. Des frappes chirugicales commises par un petit nombre de personnes dont personne ne voit le visage. Même ceux secourus ignorent de qui il s'agit.

De nombreux orphelinats voient les enfants kidnappés et rendus à leurs mères. Les femmes gagnent les rangs des rebelles pour protéger leurs enfants. Une nouvelle se propage. Un établissement d'éducation de futures Zêtas, dont l'un des tyrans avait demandé la démolition et le nettoyage, s'est retrouvé encerclé de soldats endoctrinées. Alignées dans la cour, les filettes et leurs professeurs s'apprêtaient à se faire fusiller. Face aux fusils, elles ont vu les soldates subir des enrayages de leurs armes incompréhensibles. Puis, un bâche est tombée du ciel. Elles ont entendu des coups de feu venir des arbres.

Quand la bâche est arrivée au sol, les soldates étaient par terre, endormies par des fléchettes anesthésiantes. Une silhouette toute de noire habillée a sauté des arbres et leur a dit de courir vers un bus. Prenant le volant, le fantôme les a déposé devant un campement rebelle et s'est enfuie sans que l'on puisse voir son visage ou lui parler. Seule une fillette peut affirmer qu'il s'agissait d'une femme, car celle ci s'est approchée de la filette pour lui rendre son doudou qui était resté dans le lit de la petite.

D'autres actions kamicazes font mention des mêmes silhouettes, en petits groupes de moins de cinq femmes, partout dans le monde, parfois en même temps. Souvent auprès des plus puissantes. Les quatres lieutenants de Sophie subissent des pertes au sein même de leurs esclaves et de leurs proches. Des sabotages à l'intérieur même des bureaux des despotes, des armes d'endoctrinées dont les balles ne fonctionnent plus.

Des informations fuitent de toutes parts. Outre les fantômes, Igor et Irène sont prévenus quelques heures voir quelques jours avant une rafle. Quelqu'un de très proche des dictatrices renseigne le couple. Parmi les puissantes, une rebelle inconnue transfère des fichiers confidentiels en provenance du monde entier. C'est très étrange et à chaque fois, les données sont véridiques et très fiables.

Igor ignore de qui il s'agit. Chaque message est signé « Pour Daniel 9568. Prends soin de toi. Je t'aime. ». Les renégats pensent à la mère, la sœur ou la compagne d'un reproducteur. C'est impossible que ce soit la fille puisque qu'aucune femme ne connaît son géniteur. Cependant, une mère ayant perdu son fils ou une sœur ayant grandi avec un frère qu'elle sait aujourd'hui esclave est tout à fait à même de prendre le parti de la rébellion.

L'amour, puisqu'il en est clairement question, est un moteur puissant pour s'opposer aux choses qui ne vont pas. Irène est bien placée pour le savoir. Elle a créé la rébellion par amour pour ses fils. Elle a organisé des kidnappings par amour pour Igor. Elle gère un groupe d'individus colériques et revanchards en les incitant à la paix par amour pour l'Humanité. Oui, l'amour est l'un des moteurs les plus puissants quand il s'agit d'avoir la volonté de changer les choses.

Qui que ce soit, cette personne leur fournit de très précieuses informations. Les rafles qui se préparent ou les convois d'armes et de nourritures à attaquer n'ont presque plus de secrets pour Irène. Les déplacements des Alphas ou bien les prisons où sont amenés les prisonniers permettent à Rudolf et Gaël d'effectuer quelques libérations sans danger. Des précisions sur la détention d'Inès et de Déborah rassurent tout le monde et principalement Igor, Chen et Peter qui se préoccupent du sort de la jeune Alpha.

Ces cadeaux du ciel sont envoyés sur le bracelet de gestion du compagnon de Déborah. L'homme est arrivé le lendemain de l'attaque, en panique. Inès lui avait donné l'adresse du campement rebelle au cas où avant le conseil des Alphas. Deux semaines après, il recevait un texto provenant du numéro de Déborah. Le lieu de détention d'Inès et Déborah, avec les plans détaillés de la prison lui avait été communiqué.

Toutes les informations fournies par cette source mystérieuse sont exactes. De nombreux rebelles ont pu s'enfuir ou acquérir de quoi se soigner ou se défendre. Souvent, ils ont même été libérés s'ils avaient été faits prisonniers. C'est un vrai miracle. Jamais les contestataires auraient pensé avoir accès à de telles choses un jour.

D'autres surprises parviennent à Peter qui reçoit d'étranges cadeaux. Des enfants venant de lieux très divers arrivent en bus à plusieurs reprises. Parfois, leurs mères et leurs pères sont avec eux, mais c'est assez rare. C'est pour la plupart des orphelins venant de centres d'éducation pour reproducteurs ou pour Zêtas. De nombreuses futures soldates endoctrinés sont sauvées de leurs tristes avenirs pour être confiés à un Peter abasourdi.

Des camions de vivres ou de médicaments livrent leurs chargements en pleine forêt, à quelques centaines de mètres de la cachette de la semaine du jeune homme. Un petit pot de miel de sapin est joint, petit plaisir gustatif et péché mignon du rebelle. Quelqu'un joue au père Noël avec lui. Si elle n'était pas enfermée entre quatre murs par une folle furieuse, Peter pourrait croire que cela lui provient d'Inès.

Quand il émet cette théorie à haute voix auprès de ses amis, la seule réponse qu'il obtient est une illustration collée à son pot de miel hebdomadaire. Un dessin d'Inès et d'un ange au visage flou. L'être ailé tient un cadeau dans ses mains, avec le prénom de jeune homme écrit en gros. Il comprend aussitôt que les offrandes viennent d'une amie d'Inès, dont la jeune fille lui avait parlé peu de temps avant d'être arrêtée.

Les jumeaux ont parfois des livraisons douteuses signées "Une complice d'Inès". Des colis au contenu salace ou discutable. Une poupée gonflable ou les pilules bleues qui circulent dans les bordels sont les éléments les plus glauques. Le reste, c'est principalement des sous-vêtements de très mauvais goût. Ceux de Rudolf sont très précis, comme si la personne qui envoie les colis le connaissait très bien. Lorsque le paquet est personnalisé, le jeune homme voit des souvenirs à la fois heureux et tristes refaire surface. Des moments de vie entre ses seize et ses vingt ans, quand il était captif. Mais il est impossible que la personne avec qui il a partagé ces instants soit l'expéditrice. Il se refuse à le croire.

Une dernière fuite de données provient des Alphas despotiques elles-mêmes. Ces femmes sont tellement sûres d'elles que pas un instant, elles ne soupçonnent pas leurs Zêtas d'avoir les oreilles bien ouvertes ou de fouiller leurs poubelles. Les renégats trouvent de véritables mines d'or dans les déchets de Marie ou de Katia, deux lieutenants de Sophie.

Ces deux femmes ont en plus un léger penchant pour la boisson et sont enclines au bavardage de comptoir pour peu qu'une jolie fille leur offre un verre ou deux. Les autres font un peu plus attention et ne permettent le recueil que de très peu de choses. Célia et Clara surveillent leurs propos en public, y compris avec leurs amies proches si une Zêta est dans les parages. Quelques notes griffonnées échappent toutefois à leur vigilance. La plus secrète reste Sophie. Personne mise à part sa fille et sa Zêta infirmière, qui est séquestrée, ne sait sur quoi travaille la Vice Suprême.

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