À la petite fille que tu es parfois
À ta frange blond-cendré sur ton front sérieux
À tes réflexions sur la morale et la foi
À ce voile triste qui passe dans tes yeux
He, tu veux que je te dise; petite fille
Les papas de cinéma ne sont que du vent
Au delà des caméras, ils ont une famille
Différente de ce qu'ils affichent à l'écran
J'ai bien compris qu'au-delà de mon personnage
Tu recherches ce dont tu as toujours manqué
Malgré les ans qui te font prendre de l'âge
Tu me vois en papa; je l'ai bien remarqué
Aujourd'hui tu as un défi à relever
Un challenge de femme; un défi de maman
Comme moi, tu as trois enfants à élever
Tu seras avec eux; tendrement, fermement
Mais, tu sais que tu dois regarder vers demain
En emportant comme bagage tes fêlures
Et n'attends pas de me croiser sur ton chemin
Tu ajouterais du chagrin à tes blessures
Tu dois accepter d'avoir eu cet imparfait
Père fantôme, pudique, qui se taisait.
J'en suis où depuis que j'ai écrit ce poème, il y a bientôt 15 ans ?
J'ai relevé ce défi, j'ai accompagné mes enfants sur le chemin du deuil et j'ai avancé sur le mien, avec le souvenir de mon Prince que j'aime tant. J'ai découvert la psycho-généalogie et comment il était possible de dénouer des mémoires douloureuses, afin d'éviter que des grumeaux d'émotions gelées ne viennent enrayer la mécanique précise du quotidien. Je sais maintenant que nous héritons de certains « maux », de certains traumatismes et je fais de mon mieux pour élaguer dans l’arbre, afin que la lumière passe au travers des branches pour réchauffer les bourgeons.
Je me suis apaisé, je sens la douceur dans mon cœur, je sens la sérénité dans mon esprit ; je sais ce que je vaux, et je sais comment mettre des « mots » sur les « maux » pour désamorcer les troubles et les émois douloureux.
Je connais la force de la parole pour encourager les enfants, les aider à grandir, j’ai pu me rendre compte à quel point un sourire face aux gens pouvait tout changer et illuminer un jour un peu gris.
Je n’ai pas de baguette magique, je ne sais pas comment arrêter la bêtise humaine, ni redonner le sens du bon sens à ceux qui ont perdu la bonne direction, mais je continue de croire en l’Humain, je continue de croire que des belles choses sont en train de se passer, même si on voudrait nous faire croire que le gris et le noir vont gagner.
J’ai cette envie de croire que chacun peut faire un petit quelque chose, cela demande du courage, de l’envie et une bonne dose de sérénité et de confiance.