Chapitre 46 : Le réveil des traumatismes - Part 1.
- Pleure pas. On a gagné.
- Gagné ? Non, on a perdu. Tout perdu…
***
Ding Dong !
Affalée dans le fauteuil, son téléphone en main, Kimi roula ses yeux dans ses orbites. Quel emmerdeur avait l’audace de venir sonner chez elle en ce jour pourri ? Ce n’était vraiment pas le moment de venir la déranger. La déprime, ça se savourait en paix ! À croire que même cela, la blonde n’y avait pas droit. D’un pas toujours aussi las que celui qui l’avait sorti du lit, elle fit l’effort de se rendre jusqu’à la porte d’entrée.
Elle l’ouvrit en grand, sa main collée à la poignée.
Un sifflement s’éleva dans l’air.
- Waw, t’as une sale tronche.
Boum.
Ni une, ni deux, les nerfs crispés, elle la claqua dans le sens inverse et entama son chemin jusqu’au salon. Quand elle l’entendit entrer comme chez lui, Kimi se retourna aussi en pétard que l’étaient ses cheveux :
- Oh ! C’est pas une église, ici !!
Tiger éclata de rire. Le garçon que l’on aurait pu qualifier de sans-gêne, pris ses aises dans le hall, n’ayant que ses vieilles baskets à retirer, car il était venu sans veste. Kimi nota la chair de poule sur ses bras, mais elle boudait bien trop pour le relever.
- Quel accueil, ça fait plaisir. À ce rythme-là, je n’avais même pas besoin de sonner, plaisanta-t-il en s’invitant dans la pièce principale.
Ce dernier faisait référence à un temps où il n’avait pas besoin de se manifester pour s’incruster chez son amie. Elle avait beau râler, Kimi se rendit immédiatement dans le garage pour ramener deux cannettes de soda fraîches.
- Toi aussi, t’as une sale tronche, lui balança-t-elle en même temps que sa boisson.
Il la rattrapa sans mal et l’ouvrit directement.
Tiger ramena ses cheveux mi-longs en arrière, avec le mince espoir de les dresser.
- Je viens de me lever, c’est pour ça, dit-il en prenant naturellement place dans le plus grand fauteuil.
- Depuis quand tu viens voir les gens directement après le réveil ? Je m’en serais bien passée, lui répondit-elle, hargneuse, en se plaçant de l’autre côté du canapé.
Tous deux se faisaient face. Avant de boire un coup dans leurs cannettes respectives, les vieux amis effectuèrent un rituel, croisant leur bras pour prendre une gorgée. Ils s’écrasèrent ensuite chacun sur un accoudoir, leurs jambes s’entremêlant. Ainsi, ils ressemblaient à des frères et sœurs.
Kimi joua même à la maman :
- Tu n’as plus de veste ? l’interrogea-t-elle, cachant sa gêne en buvant un autre coup.
- Si, mais elles sont toutes sketter. Ma veste en cuir part en lambeaux et celle en jeans est dégueulasse. J’arrive pas à ravoir les tâches. Pourquoi ? Tu t’inquiètes pour moi ?
- Nan. Il fait juste de plus en plus froid, trou du cul.
Le grand rire de Tiger lui mit du baume au cœur. Avant, il ne rigolait pas aussi franchement. Avait-il enfin réussi à trouver la paix intérieure ?
- Dossan a des vieilles vestes plutôt sympa dans un placard. Il veut s’en débarrasser, donc prends-en une. Il sera pas contre. Prends-en une, je te dis, insista-t-elle en s’agaçant quand il lui montrait un air peu convaincu.
- Ok, répondit-il d’un ton à peine perceptible. Ce sera vintage ! Oh my gooood !
Il n’y avait rien de mal à avouer que sa présence lui fit du bien. Néanmoins, Kimi déplaça sa tête sur le dossier principal.
Elle soupira, la joue écrasée :
- Qu’est-ce que tu fais là, sérieusement ?
- Avant, tu ne me posais jamais cette question. C'est dur de perdre ses privilèges... dit-il, faussement attristé.
- Avant, c'était différent… Tu ne viens pas m'annoncer une mauvaise nouvelle, quand même ?
- Je suis là, parce qu'un petit chat m’a dit… Que tu avais besoin de compagnie, répondit-il en musique.
- … Oh…
- Et ça se voit, donc je suis venu à ton secours ! s’exclama-t-il, d’un ton grandiose.
- Alors toi, t’es vraiment bête comme tes pieds.
- Pas plus que toi.
Kimi attrapa un coussin pour lui lancer à la figure. Il riposta en lui écrasant son pied au plus près de son visage. Ce à quoi elle répondu en lui arrachant une chaussette pour lui infliger le supplice des chatouilles. Il détestait ça. Tiger fit un bond hors du fauteuil et se laissa tomber sur Kimi. Il y écrasa tout son poids. Elle n’avait pas dit son dernier mot et le bloqua avec la force de ses jambes autour de ses côtes. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient plus bagarrer de cette façon. Tiger chercha à la déstabiliser et releva la tête. D’un souffle, il fit voler ses propres mèches de cheveux pour que leurs regards se croisent.
- Salut, fit-il en lui lançant un clin d'œil.
- Bluuuurg, rétorqua-t-elle en faisant semblant de vomir.
Ils étaient très proches, presque nez contre nez. En s’en rendant compte, Kimi écarquilla les yeux. Est-ce que c’était dangereux ? Les prunelles dorées de Tiger pétillaient. Même en couple avec Mike, puis avec Ulys, elle n’avait pas été aussi proche. Cela la faisait culpabiliser pour ces deux garçons qui l'avaient aimé sincèrement.
- Qu’est-ce que t’as ?
- Euh…On est…
- Proches ?
Elle hocha vivement la tête, relâchant sa prise.
- Comme depuis toujours, dit-il en se glissant plus haut, ses hanches entre ses jambes, dans le seul but de l’entourer de ses bras. Tu veux qu’on s’embrasse ? lui souffla-t-il à l’oreille.
- Arrête, t’es con ou…
Tandis qu’elle le repoussait avec facilité, car il se laissait aller, Kimi stoppa son geste. Quelque chose ne devait pas aller de son côté non plus pour qu’il agisse de cette manière. Elle le connaissait par cœur.
Alors finalement, pourquoi pas ?
- Ce n’est pas comme si, on l’avait jamais fait… la taquina-t-il en lui présentant sa langue, sur laquelle trônait un piercing.
- C’était une erreur, murmura-t-elle, ses paupières se plissant à plusieurs reprises. Parce qu’on avait tout perdu.
- Alors qu’on avait gagné.
- Tu le penses toujours… ? lui demanda-t-elle, visiblement tiraillée.
Il ne répondit pas de suite.
- C’est vrai qu’on a perdu gros ce soir-là.
- Pas plus qu’elle. Tu sais, j’y repense souvent ces derniers temps. Si les Wolfs ont mis le feu à Gordon… J’ai beau avoir envie de leur en vouloir, je ne peux que rendre les armes.
- Dis pas de bêtises. Ils ont toujours été les premiers à nous attaquer. S'ils ne l'avaient pas fait, ce ne serait pas arriver.
- Donc, tu ne regrettes pas ?
- Je ne veux pas y penser, c’est tout.
Kimi détourna la tête.
Un corps chuta dans l’eau. Elle se raidit, privée d’air, comme si elle coulait, se noyait.
Les souvenirs l’inondait.
Tiger entoura son visage. Il récupéra son regard.
- N’y penses plus.
- Comment je pourrais… dit-elle en prenant appui sur ses deux bras placés en arrière, pour se relever.
Elle cherchait la surface, suffoquant.
- C’est fini, souffla-t-il, assis au plus proche de son corps, et en attrapant son menton entre deux de ses doigts.
Cela la calma instantanément. Il suffisait d’un contact humain. Quand elle loucha sur sa main, puis sa bouche, Tiger tendit le cou. Délicatement, il déposa un baiser sur ses lèvres. Il prit du recul, et jaugea sa réaction en inclinant à nouveau la tête. Quartier libre. Il lui en glissa un autre, plus entreprenant. Sur les gros coussins du fauteuil, leurs doigts se croisèrent. Bientôt, Kimi l’entoura et se laissa porter par le joug de ses mains. Des flashs. Elle avait des flashs qui rendaient blanc son esprit. Parmi tant de cris, le sien, et ses larmes, ainsi que les poings abîmés par la bataille. La pluie qui tombait raide. Elle braillait, telle une enfant, si peu adolescente, le nez rivé vers le ciel. À cet instant, elle aurait préféré mourir. La douce poigne de Tiger attrapa sa nuque. Rien ne les empêchait d’en arriver là. Kimi avait tellement souffert autrefois. Elle venait de quitter Mike. Leur relation avec les wolfs avait empiré. Le point de rendez-vous les avait amenés jusqu'au canal. La bouche qu’il fit traîner sensuellement sur son cou l’avait rencontré quelques années auparavant. Elle l’emporta sur une vague lointaine.
Ils avaient gagné et pourtant, ils avaient pris la fuite. Tous les deux, sous l’averse, toute force les ayant quittés. Kimi se rappelait de son immense peine, du chaos dans sa tête, du réconfort de l’étreinte de Tiger, comme il la réchauffait en temps réel. Lui, c’était le seul dont elle n’avait pas parlé à ses copines. Ce baiser, pour le peu qu’il avait duré à l’époque, lui faisait honte. Elle s’en délectait à l’instant même et ne pensait plus à rien. Les mèches blondes de Tiger lui chatouillèrent le dessus de la poitrine, sur le côté de laquelle il passa un pouce, au-dessus de ses vêtements.
Qu’est-ce qui leur en empêchait, déjà ? Kennedy… Cela avait toujours ambigüe entre eux. La pensée pour son amie lui fit ouvrir les yeux, tandis que la porte du salon se prêta à faire de même.
- Je suis rentré des… courses, ralentit Dossan en les découvrant collés serrés sur le canapé.
L’embarrassement fut immédiat. Ils se séparèrent d’un coup, remettant leurs vêtements en place. Malgré le père cool qu’il était, Dossan eut du mal à contenir le sentiment qui grimpa en lui. L'idée de retrouver sa fille dans les bras d'un garçon ne lui parut pas si grave en soi, mais il ne se serait jamais douté que cela puisse être avec Tiger. Ces deux là avaient toujours été proches dans le passé. Tout un temps, Kimi passait par tous les moyens pour s'évader dans la rue en sa compagnie. Il se doutait brièvement de l'influence qu'avait eu ce duo sur leur groupe de copains. Mais là où il avait toujours vu un ami à qui Kimi arrivait à se confier, contrairement à lui-même, il n'aurait jamais cru les retrouver en train de se rouler une pelle dans son canapé.
La première pensée de Tiger, qui connaissait Dossan comme un tonton, fut de se convaincre que ça se passerait bien, mais en le voyant se raidir, il déglutit. Et Dieu sait ce qu'il en fallait pour que le garçon prenne peur. La zenitude le quitta, tandis que Kimi blêmit pour la première fois devant son père.
- Eh bien, lança Dossan, d'un ton emplie d'amertume. Tu peux rentrer chez toi.
- … Do…
- Tiger. Tu déguerpis, maintenant, dit-il d’un ton ferme en envoyant son pouce en arrière, ou tu ne remettras plus jamais un pied ici.
La menace était lourde.
Après réflexion, il ne se fit pas prier. Le tigre longea les murs vers la sortie, peu fier de se faire réprimander par l’homme le plus gentil du monde. Qu’il réagisse de cette manière pesa énormément dans la balance, alors qu’il n’avait toujours été qu’un esprit libre.
Dossan, confus, se tourna vers sa fille, les mains en suspens. Un petit quelque chose en lui, mais alors un chouïa, chercha à lui rendre la pareille pour ce qu’il venait de ressentir. Cela lui avait fait un choc. Déjà debout pour tenter de s’expliquer, d'un visage plein de regrets, Kimi vit au sien qu’il était déçu.
Il devint plus dur :
- Si tu… savais tout ce qui me traverse l’esprit en ce moment, mais je dois dire que… Ce qui me perturbe le plus…
En fait, il n’arriva pas à se contenir, car cela faisait bien trop de temps qu’il se posait la question.
- Tu n’étais pas censée être amoureuse de Sky ?? demanda-t-il d’un ton montrant qu'il tombait des nues.
Ce fut la fois de trop. Alors qu’elle haïssait ces moments où elle ne répondait plus d’elle, Kimi n’arriva pas à se contrôler. Dans un élan de rage, elle prit le premier objet qui passa sous sa main. La télécommande en paya les frais, volant à quelques millimètres du visage de Dossan pour ensuite s’écraser contre le mur derrière.
- Kimi !!! Rev… !
Ce dernier n’arriva ni à la rattraper, ni à avoir la force de crier. Il tremblait. Tout son corps tremblait. Gagné par des sueurs froides, à cause de son excès de violence, Dossan prit la sage décision de s’asseoir. Il glissa ses doigts dans ses cheveux, fébrile.
Un rire nerveux le saisit :
- Comme quoi, lança-t-il avec ironie, ça ne s’en va jamais…
Les vieux traumatismes persistaient. Quand bien même il arrivait à gérer les crises de colère de ses enfants, certains cris, certains gestes, lui rappelait sa vie avec son père. Les bleus des coups disparus, Dossan restait marqué au fer rouge. Ce dernier enfonça son visage dans ses paumes et le laissa longuement y reposer pour se calmer. S'il réussit à passer au-dessus de ses souvenirs, d'autres le frappèrent. Ce qu’il venait de voir entre Kimi et Tiger lui revenait à l’esprit par images fracassantes. Son cœur tapa fort dans son torse. Des bribes ravivaient ses sens, aiguisants des couteaux qui se plantèrent dans son ventre. Il en devenait malade. Comment pouvait-il seulement se rappeler d’une telle chose à un moment pareil ?
Il vut trouble, comme s'il avait bu. Encore plus tremblant et pâle, il alla jusqu’à l’évier pour se servir un verre d’eau. Le clinquement d'une bouteille d'alcool résonna dans ses oreilles et la sensation de mains remontant le long de ses bras lui provoqua un relan. D’horreur, ses poils se hérissèrent. Il chassa désespérément ces flashs. Non, je peux pas. Il eut l’impression qu’il allait s’évanouir. Je peux plus gérer ça. Doucement, la respiration lourde, il se laissa glisser le long du plan de travail de la cuisine. C’est trop dur. Non, Dossan. Garde ça pour toi. Si tu l’ouvres, tu perdras tout.
***
"Maman, surtout, quand tu voudras dire bonjour à Leroy, ne le touche pas. Ce n’est pas méchant de sa part, c’est juste que ça lui fait peur."
Ce fut avec ces paroles en tête que Blear rentra chez elle, s'attendant à tomber sur le jeune couple, dès son arrivée.
- Où sont-ils ? demanda-t-elle à Charles qui l’avait accueilli.
- Ils se promènent dans le jardin. Si vous allez les voir, pouvez-vous leur toucher un mot concernant le repas.
- Nous le préparons toujours ensemble ?
- Bien sûr. À vrai dire, je pensais leur préparer une petite table à part pour ce soir, proposa-t-il. Ils sont adorables, je crois que cela leur fera plaisir et que ça mettra notre invité à l’aise.
- … Je suis d’accord, répondit-elle après réflexion.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Blear se rendit dans la cour arrière, plongeant son regard sur l’étendue de verdure. Le temps permettait une jolie balade. Au loin, elle vit le jeune couple sur un banc en pleine discussion. Le contraste entre les adolescents était aussi intéressant que le fait que deux personnes aussi distinctes soit ensemble. Ce n’était pas évident de marcher dans l’herbe en bottines. Elle cacha cette difficulté aussi bien que ses chaussures étaient dissimulées sous son jean. Comme haut, elle y avait glissé une chemise. Comme convenu, Blear se présenta au petit-ami de sa fille, sans faire un quelconque geste brusque. Celui-ci se tendit en la voyant, tandis que Lysen qui s’était pomponnée pour l’occasion, serrait son bras.
- Bonjour, Madame… se lança Leroy en premier, nerveux.
- Bonjour ! s’exclama-t-elle, de bonne humeur. Comment ça va ? enchaîna-t-elle tout de suite, dans une tentative de les mettre à l’aise. J’ai une petite question pour le repas de ce soir. Je vais cuisiner…
- Tu vas cuisiner ? l’arrêta Lysen, étonnée.
- Avec Charles. Cela fait longtemps que je n’ai pas mis la main à la pâte.
Sa miniature eut un soupir de soulagement. Leroy, qui se faisait silencieux, ne sut où se placer.
- … Est-ce que tu insinues que je ne sais pas cuisiner ? demanda-t-elle, d’un ton plaisantin.
- C’est que ça fait longtemps…
En remontant ses mains sur ses côtes, Blear montra sa détermination à prouver qu’elle était capable d’élaborer un bon repas. Malicieuse, Lysen pouffa gentiment de rire. Depuis que sa mère avait fait un pas vers eux, elle ressentait la différence. Une complicité renaissait. Que ce soit avec ses enfants ou avec Charles, la Richess retrouvait effectivement une joie de vivre qu’elle n’avait plus connue depuis longtemps.
- Donc, je vous propose soit, une escalope milanaise, soit des lasagnes maison.
- Oh, moi j’aime les deux ! s’exclama Lysen. Et toi, qu’est-ce que tu préfères ?
Pourtant légèrement détendu, Leroy senti une pression monter avec le fait de devoir choisir le repas. Il baissa la tête, timide. Quand il n’était pas sur ses gardes, il éprouvait tout de même des difficultés à s’exprimer.
- Je crois que je préfère… La lasagne. J’adore les pâtes… Donc, la lasagne,oui.
- Très bien, se réjouit Blear. Un bon point à retenir. Je vous laisse, je vais annoncer cela à Charles…
- Ah !
- … Oui ? fit-elle en constatant que Leroy voulait dire quelque chose.
Il se leva.
- Merci de m’avoir invité… dit-il en effectuant une minuscule courbette avec sa tête.
Une douceur immense envahit Blear. Elle l’avait vu si sauvage. C’était étonnant et agréable de le voir autant sur la réserve. Du mieux qu’elle put, elle lui rendit sa sincérité en lui accordant le même sourire qui trônait sur le visage de Lysen.
- … Il n’y a pas de quoi !
Cramoisi, Leroy sentit ses jambes devenir coton. Dans son tout nouvel accoutrement, il attrapa son amoureuse dans ses bras et s’y laissa tomber de soulagement.
Celle-ci le serra fort en retour.
- …J’ai cru que j’allais mourir de stress, avoua-t-il en se laissant aller à nouveau sur le banc.
- Mais tu l’as fait, lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux.
Il soupira, heureux, et ferma ses poings sur ses genoux.
Il était pensif.
- À quoi tu penses, l’interrogea Lysen qui le vit lever la tête vers le ciel, puis s’attarder sur les quatre coins du jardin.
- … Au fait qu’on est si différents…
Leroy scruta sa réaction.
Il était évident que sorti de ce contexte, cette phrase ferait peur à n’importe qui.
- Et pourtant… Je me sens tellement bien à tes côtés.
- Moi aussi. J’ai l’impression…
La jeune Makes pouvait être plus timide qu’elle ne le laissait paraître. Sous ses airs de mini-diva, il y avait une adolescente folle amoureuse. Leurs doigts se touchèrent.
- Que j’ai vraiment ma place auprès de toi, déclara-t-elle en rougissant.
- …
Ils partagèrent un long baiser. Dans ces moments-là, Leroy se sentait triomphant. Triomphant de ses traumatismes.
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