J’ai hurlé et pourtant le silence et je me tais encore. Et le pivert a piqué, le pic vert a pilonné le bois de mon arbre et pillé les feuilles de mes branches. Et j’ai vomi le coton, le coton blanc et indigeste, j’ai régurgité encore et encore, parce qu’on n’avale pas le pardon. La forêt s’est faite muette, les insectes, les pierres, les sangliers et les loups, les bouleaux, les chênes et les glands, toute la terre, la boue et les racines, les champignons et les toiles d’araignées, la rosée et la mousse ont fait silence. Sauf le pivert qui a piqué, le pic vert qui a pilonné le bois de mon arbre et pillé les feuilles de mes branches. Et j’ai vomi le coton dans une bouillie verdâtre, c’est la couleur de l’amertume et de la rancœur.

Et quand la forêt s’est embrasée dans son silence, que tout a brûlé, la nouvelle chance de cendres, en cendres, et la faune et la flore tout s’est mis à pleurer, des pleurs secs, brutaux et violents, des sanglots de poings, de la boxe en larmes évaporées. Sauf le pivert qui a piqué, le pic vert qui a pilonné le bois de mon arbre et pillé les feuilles de mes branches.

Et moi j’ai vomi le coton, le coton blanc et indigeste.

Mais la forêt a brûlé, à force de dévotion et d’amour, la forêt a brûlé et il ne reste que des cendres, des cendres grises qui s’écrasent entre les doigts. La forêt a brûlé et j’ai hurlé et maintenant et toujours le silence et je me tais encore. Puis la forêt a brûlé et il ne reste plus que moi, plus que moi et la poussière.

Sauf le pivert qui a piqué, le pic vert qui a pilonné le bois de mon arbre et pillé les feuilles de mes branches.