Chapitre 29

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Aodren, les genoux à terre, fixait l’empereur qui le surplombait de toute sa hauteur. Marwen était toujours inconscient sur le lit, respirant en rythme régulier. Une femme aux longs cheveux roux avait sa main sur l’épaule du prince pour le maintenir de force au sol.

— Prince Aodren, comme nous nous retrouvons ! Lui dit l’empereur avec petite sourire. Notre rencontre m’a tellement marquée, que je ne pouvais pas vous laisser me quitter ainsi.

Aodren le fusilla du regard sentant la rage bouillir en lui et essaya tant bien que mal de se défaire de la prise de la guerrière. Mais cette dernière ne céda pas et  serra plus fort son épaule, lui provoquant une vive douleur qui le fit grimacer.

— Que voulez-vous ? Cracha-t-il à l’homme qui lui faisait face.

— Rien que je n’ai déjà pas petit prince. Vous m’avez déjà offert ce que je souhaitais, répondit l’empereur en ouvrant les mains. Et comme je ne suis pas ingrat, j’ai décidé de vous laisser la vie sauve en remerciement pour ce présent inestimable que vous m’avez fait.

Aodren le regarda sans comprendre. Ses yeux se tournèrent alors vers Mawen qui semblait dormir. L’empereur suivit son regard avant de reprendre.

— Le mage est en effet un petit plus non-négligeable...

— Que comptez-vous faire de lui ? En faire l’un de vous pantins ? Comme le maire et Rainir ? Ou les gamins de    Toren ?

Le sourire du guerrier disparut laissant place à un masque froid et autoritaire.

— Ces gens ne me suivent que parce qu’ils le veulent bien, ils n’y ont pas été forcés. Contrairement à vos sujets qui obéissent à un roi simplement parce qu'il est le fils d’un tel, n’ayant jamais prouvé sa force et sa valeur. Répondit-il avec mépris.

— Comment osez-vous dévaloriser ainsi la famille   royale ? Vous ne connaissez rien de nos coutumes. Vous n’êtes que des barbares qui tuent et détruisent tout sur leur passage.

L'empereur ricana et s’accroupit face à lui.

— Allez donc demander ça aux habitants de Toren. Eux qui vivaient dans la peur, leur fameux roi ne se souciant guère de leur protection face aux monstres, obligés de payer des mercenaires pour survivre. Certains finissants finalement par mourir de faim car ils n'avaient plus assez d’argent pour acheter leur nourriture. Demandez-leur, comment s’est amélioré leur vie depuis que nous sommes arrivés.

Aodren serra les mâchoires, rougissant de honte, n’ayant rien à répondre. Oui, il était vrai que la capitale avait délaissé Toren, ignorant leurs malheurs. Mais si ça avait été moi ! J’aurai fait quelque chose... se dit-il énervé.

— Tu vas transmettre un message à ton roi et à tous ses conseillers, lui dit l’empereur plongeant ses yeux aussi sombres que la nuit dans les siens. Dis-lui que l’empereur des sables ne tardera pas à marcher sur son palais et que ce jour-là, s’il ne m’accueille pas avec un drapeau blanc, alors je mettrai à feu et à sang toute sa cité et ses habitants. À lui de voir s’il tient plus à sa couronne qu’à son peuple.

Aodren lâcha un petit rire étouffé avant de répondre avec un sourire narquois.

— Ce n’est pas avec le peu de guerriers que tu as que tu pourras vaincre les chevaliers de l’armée royale !

L’empereur se releva et le toisa froidement.

— J’ai massacré tes deux cents soldats avec seulement vingt des miens, crois-tu vraiment que vous fassiez le poids face à l’ensemble de mes guerriers ?

Aodren eut l’impression qu’on lui jetait un seau d’eau froide au visage. L’ensemble de son armée... Il compte leur faire traverser la frontière ? Songea-t-il avec effroi en fixant l’empereur. Cet homme est fou...

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas venir le coup que la guerrière lui asséna à la tête et perdit conscience, s’écroulant face contre terre.

À son réveil, la pluie avait cessé et le jour était levé. Il était toujours sous la tente de soin, seul, aucun bruit ne lui parvenait aux oreilles, si ce n’est le chant des oiseaux. Il se releva difficilement, sorti hors de la tente et fut  éblouis par les rayons du soleil. Puis, baisant les yeux, il découvrit avec horreur les soldats massacrés gisant sur le sol inondé de sang. L’odeur qui s’échappait des corps finit de lui retourner l’estomac et il tomba à genoux, vomissant de la bile qui lui brûla la gorge.

Les larmes aux yeux, il mit quelques instants à se reprendre avant de relever à nouveau. Il fit le tour du camp, espérant trouver au moins un survivant, mais les étrangers avaient précautionneusement achevé chacun de ses hommes. Au moins, Laren est sauf, se dit il en pensant à son valeureux chevalier. S’il n’a pas été attaqué, il devrait bientôt atteindre la capitale.

Revenant à la tente de soin, il eut une pensée pour Marwen qui était maintenant aux mains de l’empereur. Soudain, le visage de son assistante s’imposa à lui. Lyne ! Il se précipita en courant dans la tente qu’on lui avait attribuée. Une fois entré, il découvrit l’espace vide. Seul le lit restait, toutes les affaires de l’assistante avaient disparu. Il ressortit, cherchant en vain un indice et examinant tous les corps qu'il trouva. Elle n’était nul part. S’était-elle enfuie ? L’empereur avait-il décidé de l’emmener elle aussi ? J’espère qu’elle s’est enfuie, sinon Marwen va me tuer... pensa-t-il, abattu.

Il retourna ensuite dans sa propre tente, rassemblant rapidement ses effets personnels, se demandant que faire ensuite. Devait-il retourner à la capitale ou tenter de sauver Marwen des mains de l’empereur des sables ? Je pourrais au moins essayer de m’infiltrer dans Toren pour l’espionner...

Alors qu’il resortait, hésitant à se diriger vers Toren, quelque chose tomba au sol devant lui. Relevant les yeux, il découvrit une femme debout sur l’une des branches d’un chêne qui l’observait froidement. Elle était vêtue de noir, sa longue tresse rousse ressortant sur l’une de ses épaules. Il soupira en comprenant qu’il ne pourrait échapper à sa surveillance, se retourna et prit la direction de la route qui le mènerait à la capitale. Derrière lui, il sentait la présence de la femme qui le suivait à plusieurs mètres de distance.

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