Portrait d'un homme

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Si vous l'aviez croisé dans la rue, vous serez-vous peut-être retourné sur son passage. En tout cas, moi, oui.

Il n'était ni trop grand, ni trop petit, pour un homme. Il avait dans la vingtaine, l'adolescence était désormais derrière lui, comme en témoignait sa peau débarrassée de nombreuses imperfections. Sa peau avait la même couleur que celle du caramel, qui avait tendance à foncer légèrement lorsqu'elle était exposée aux rayons du soleil. Ses yeux, pareils à deux émeraudes, semblaient lire en vous lorsqu'il vous fixait durement, ce qu'il avait très souvent tendance à faire. Ses pupilles noires ressortaient à travers ses iris d'un vert clair. En proie à la colère, celles-ci devenaient plus sombres, témoignant de ses accès de colère qui se pouvaient être violents. Ses sourcils, de la même couleur que ses cheveux, surmontaient ses deux pierres précieuses.

Son nez n'était ni trop petit, ni trop gros. Il n'était pas vraiment aquilin, mais pas non plus droit. Ses lèvres, de couleur rosâtre, tirant sur le beige, étaient généreuses et pleines, bien qu'assez fine. Lorsqu'il souriait (ce qui était rare, mais arrivait de plus en plus), elles dévoilaient des dents blanches parfaitement alignées. Enfin, la ligne de sa mâchoire se dessinait sous sa peau.

Ses cheveux étaient bruns, d'un noir profond comme il est assez rare de voir une telle chevelure. Mi-longs, des petites mèches avaient tendance à camoufler le haut de ses oreilles et tombaient devant ses yeux. Ils étaient légèrement bouclés, bien qu'en réalité, ils étaient plus ondulés, formant quelques boucles rebelles.

Il se plaisait à développer sa musculature : abdominaux, biceps, triceps, dorsaux, pectoraux – la liste est trop longue pour être citée dans son intégralité – étaient parfaitement taillées. Bien que son corps ne ressemblait pas à ceux de ces hommes bodybuildés qui concourraient, il en était fier. Ils étaient à l'image de sa carapace : dure et impénétrable. Même si ces temps-si, il s'était laissé aller. Il avait d'autres préoccupations, beaucoup plus attirantes que de passer plusieurs heures par semaine derrière une machine de sport.

Le haut de son corps était parseminé de quatre tatouages significatifs. Deux feuilles de pacanier épousaient parfaitement la forme de ses clavicules. Sur son avant-bras gauche, se dessinait une dague au manche stylisée. Mais le plus impressionnant (et le plus lourd de sens) était le quatrième tatouage sur son bras droit : un serpent, gueule ouverte dans une posture agressive comme s'il était prêt à mordre était enroulé autour d'un cœur humain. Sa queue se perdait dans l'ombre du biceps de l'homme.

Sa garde-robe était aussi triste et uniforme que sa vie en elle-même. Mais depuis plusieurs semaines, on pouvait y dénicher des vêtements plus colorés et légers, signe qu'on remplissait petit à petit son armoire de nouvelles choses. Mais la majorité de ses vêtements se trouvaient toujours dans les mêmes tons foncés : gris, noir, bleu marine, un peu de bleu roi, et – chose unique – une touche de blanc.

T-shirts, jeans et pantalons de toute sorte, baskets, chaussures, pull en coton, certains en laine, d'autres encore en synthétique, cols en V, cols roulés, de rares cols ronds, manteau et petite veste. Tels étaient ses habits de prédilection.

Néanmoins, comme dit plus haut, on pouvait parfois y trouver quelques trucs qui sortaient du lot. Alors, on les sortait de l'armoire et on l'étendait devant nous, bras étirés pour les regarder. Ainsi, étaient pendue à l'aide d'un cintre, une veste en cuir noire, qui mettait en valeur sa carrure. Elle lui allait comme un gant. La façon dont elle était toujours impeccablement étendue, à l'écart de ses autres habits, démontrait qu'il y tenait particulièrement. Si on approchait le cuir de son nez, on pouvait y sentir un doux parfum qui avait imprégné la veste.

À l'étage du dessus, était posé un bonnet en maille. De couleur marron, il mettait en valeur ses cheveux bruns. Il existait quelque part non loin son exact jumeau, à l’exception que celui-ci était gris. De l'autre côté, se trouvait un costume entièrement noir, de la cravate à la chemise en passant par les chaussures à petits talons typiques.

Bien. Maintenant, il est temps de passer à ce que vous ne pourriez pas voir si vous le croisez un jour au détour d'un couloir : son caractère.

Ce jeune homme était insociable. Il n'aimait personne et ne voulait apprendre à connaître personne. Bien entendu, il n'avait pas toujours été ainsi. Durant son enfance, il était plein de joie et d'entrain. Mais la vie n'avait pas été tendre avec lui, arrachant à lui très jeune, la personne qu'il aimait plus que tout au monde. Il avait traversé de douloureuses épreuves, avait même côtoyé la mort à de plusieurs reprises. Il s'était alors forgé une personnalité forte, puissante et repoussante. Pour se protéger, il s'était de plus en plus refermé sur lui. En réalité, il ne vivait plus vraiment pour lui.

Sa carapace était devenue impénétrable, froide et épaisse.

Mais il se dégageait une aura de lui, qui attirait indubitablement, et poussait certains téméraires à s'acharner. Ainsi, une poignée de personnes avaient su percer sa coquille et atteindre les tréfonds de son cœur, l'empêchant de se noircir irrémédiablement. Ils étaient devenus (à contre-cœur ?) des amis. Des amis loyaux, fidèles et aimants. À leurs côtés, il oubliait l'espace de quelques heures les misères de la vie.

Et puis, la vie étant ce qu'elle est, pleine de rebondissements et d'événements inattendus, elle avait posé sur son chemin un être pur et heureux, comme il était rare d'en voir dans ce monde si triste. Optimiste là où il était pessimiste, heureux quand il était triste, aimant quand il était détestable, persévérant là où il était acharné. Il avait su, en quelques mois à peine, briser en mille morceaux sa carapace, l'ouvrir au monde et aux autres, chasser toute la nostalgie et la mélancolie de ses pensées en les remplaçant minutieusement, pas à pas, d'émotions et de sentiments nouveaux, qu'il n'aurait jamais cru ressentir.

Cet homme est la preuve que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours quelqu'un qui nous attend, quelqu'un qui souhaite nous aider, quelqu'un qui est fait pour nous. Et si nous avons la chance de le trouver, alors nous connaîtrons une renaissance à ses côtés.

En réponse au défi "Portait".

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