Prologue : Origines Inconnues

4 minutes de lecture

Cole


« Capitaine ! Barque en vue à bâbord ! »

Le capitaine chercha cette barque du regard et la trouva rapidement. Personne n'était à bord, mais elle semblait contenir des affaires. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait une barque abandonnée dériver sur l'eau, mais le fait qu'elle fut en très bon état sortait de l'ordinaire. Le capitaine se demanda si le calme exceptionnel de l'eau y était pour quelque chose.

« Je vais aller dessus. Toi, tu viens avec moi, dit-il en pointant quelqu'un à sa droite. »

Pendant que le reste de l'équipage continuait son travail, le capitaine et son second rapprochèrent la barque solitaire et descendirent dessus. Elle était intacte et n'avait pas une seule infiltration d'eau. Ils y ont vu un coffre en bois. Il était magnifique et semblait être extrêmement précieux. Par pure curiosité, le capitaine ouvrit ce coffre. Il n'eut même pas besoin de forcer la serrure, à croire que c'était voulu. Il écarquilla les yeux lorsqu'il vit ce qu'il contenait.

Un bébé qui ne devait pas avoir plus de 2 mois. Peut-être moins. Il était endormi et bien installé dans le lit improvisé à l'intérieur de ce coffre. Le capitaine prit le nourrisson dans ses bras et retourna sur son navire, ordonnant à l'autre homme de ramener tous les objets. Naturellement, les autres membres de l'équipage s'étonnèrent de voir un bébé à bord.

« Arrêtez votre travail ! On rentre ! Et le plus vite possible ! »

Le bébé devait avoir faim et il n'avait que du poisson à proximité. Combien de temps était-il là ? Est-ce qu'il allait bien ? Il avait l'air en bonne santé mais il n'était qu'un pêcheur, comment pouvait-il le savoir avec certitude ?

Le temps du retour, il fouilla d'une main le restant du coffre. Il y avait plusieurs objets et une lettre, mais elle était incompréhensible. Pas parce qu'elle était mal écrite, mais parce qu'elle était dans une langue étrangère. Cependant, il réussit à comprendre une chose : ce bébé s'appelait Cole Liebewig.


Il amena l'enfant aux services sociaux de la capitale d'Aquana de l'empire de Bloss. Un médecin était rapidement venu pour examiner le bébé et une recherche fut lancée afin de lui trouver une nourrice.

« Alors ? Demanda le capitaine. »

Il s'inquiétait pour le bébé. Sa vie venait d'être marquée par cette rencontre avec ce petit être. Il avait besoin de savoir ce qu'il allait devenir. Qui avait pu abandonner un nourrisson sans défense ? Si l'eau n'avait pas été aussi calme, il aurait été mort noyé depuis longtemps. Peut-être avait-il été protégé par une force supérieure ?

« D'après le médecin, le bébé n'a qu'un mois et il est dans un état très préoccupant, répondit la femme chargée du dossier.

– Il est malade ? Qu'est-ce qu'il a exactement ?

– On ne sait pas comment c'est possible, mais il n'a pas de magie, avoua la femme. Il n'y a aucune trace de l'émofa en lui. »

Le capitaine écarquilla des yeux. L'émofa était le nom qu'on donnait à l'énergie utilisée pour se servir de la magie. Elle était en chaque personne, qu'elle s'en servait ou non. Il n'avait jamais entendu parler d'une personne qui en était dépourvue. Ce bébé était le premier de son cas.

« Est-ce qu'il aura une vie normale ? »

Même si elle n'était pas toujours utile, l'émofa avait une place importante dans la vie de chacun. Cette énergie et les techniques qui découlaient d'elle étaient ce que les gens avaient de plus précieux. Et ce bébé en était privé. Le capitaine sut que ce petit devrait faire face à beaucoup d'injustices en grandissant.

« Difficile à dire. Il a également beaucoup de problèmes de santé. On ne sait pas si c'est lié à l'absence de l'émofa ou non, mais il va avoir de soins médicaux très poussés. On ne sait pas s'il guérira un jour, ni s'il vivra très longtemps…

– Que va-t-il lui arriver maintenant ? »

Les soins médicaux étaient assez coûteux. Il ne pourrait pas y faire face. Il ne pouvait pas accueillir le bébé chez lui. Il allait devoir abandonner ce bébé comme l'avaient fait les personnes qui l'ont amené au monde.

« Comme nous n'arrivons pas à traduire la lettre, nous n'avons aucun moyen de retrouver sa famille. Et puisqu'il n'a pas de techniques héréditaires, on pourrait le proposer à l'adoption. Mais comme personne ne pourra assumer la totalité des frais médicaux, il va devenir un pupille de l’État et le rester jusqu'à sa majorité. On fera notre possible pour le soigner.

– Et l’État pourra prendre en charge les coûts des soins ?

– Certainement, surtout qu'une personne a déjà entendu parler de l'histoire de Cole et a déjà fait un don important. Ne vous inquiétez pas. Il est entre de bonnes mains. »

Le capitaine repartit, sachant qu'il allait devoir tourner définitivement la page.


Cole ne sut jamais d'où il venait, ni qui il était vraiment. Il mourut en 5 087, à 61 ans, avec sa femme lors d'un éboulement de bâtiment. Il avait laissé derrière lui ses deux fils, Shun et Chris, de 10 et 8 ans. Peu de monde était venu à l'enterrement. Pourtant trois personnes avaient assisté à la mise en terre du cercueil, les deux garçons ne savaient pas qui elles étaient et ils ne pourraient jamais les reconnaître, car en plus de s'être dissimulées derrière des voiles noirs, elles étaient parties sans rien dire.

Aucun des deux n'y prêta attention. Pour eux, ce n'était qu'un mystère de plus.


Mais il n'y avait pas que des mystères.


Il y avait aussi des secrets.


Et le passé avait les siens.

Annotations

Vous aimez lire Jozuenn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0