Chapitre 5 : L'Équipe
Shoyo
Notre maître nous emmena dans notre local d'entraînement, il n'était pas très loin d'une des portes de la ville et d'un magasin. Il nous donna à chacun une clef du local, insistant sur l'importance de ne pas la perdre. Il ouvrit la porte et précisa que la propreté du lieu était de notre responsabilité. Il ajouta que nous pouvions venir quand nous le voulions.
L'entrée donnait directement dans la salle d'entraînement, elle était grande et avait des murs de couleur crème et un sol en bois foncés. Le plafond était assez haut et le toit était maintenu par plusieurs poutres. Il y avait quelques fenêtres, actuellement couvertes de neige, qui pouvaient facilement être condamnées de l'intérieur grâce à des dalles coulissantes en bois, tout comme la porte d'entrée.
Dans la longueur de la pièce se trouvaient quatre portes. La première donnait accès à la pièce de stockage pour les armes et les objets d'entraînement. Les trois autres donnaient accès aux vestiaires, meublés pour héberger quatre personnes chacun.
« Celui du fond est le mien, dit le maître. Le deuxième est pour les filles et le dernier pour les garçons. Je précise que je ne veux pas voir les garçons dans celui des filles et vice-versa.
– Pourquoi il y a de quoi avoir huit élèves alors que nous ne sommes que trois ? Demanda Teny.
– Ça arrive que l'on doive être deux équipes par local ou qu'on ait des équipes surchargées.
– Pourquoi nous avons des chambres ici ? Demandai-je. Nous avons une maison.
– Certaines missions nécessitent que nous partions très tôt ou que nous rentrions très tard. Je doute que vous vouliez déranger vos familles. Et il y a d'autres raisons. Maintenant, allez voir vos chambres. »
Les pièces étaient longues et pas très larges. Juste après la porte, il y avait quatre casiers sur la droite et un porte-manteau avec banc sur la gauche. À côté, il y avait des lits superposés de chaque côté, en dessous d'eux, il y avait des tiroirs. Dans le fond, il y avait un lavabo en dessous de la seule fenêtre. À gauche de ce lavabo se trouvait une petite pièce pour les toilettes et à la droite, une petite pièce pour la douche.
Sateo, notre maître, précisa que nous avions à notre disposition de quoi faire notre toilette mais également de la literie, un chauffe-plat avec une casserole et une poêle. La seule condition était de remplacer ce qui était vidé ou abîmé. Nous avions également l'obligation de déposer des vêtements, des chaussures de rechange et de la nourriture en boîte de conserve.
Teny regardait absolument partout, faisant attention à chaque détail. Très certainement pour éviter de regarder Naje. Elle était agacée de devoir faire équipe avec lui et semblait vouloir en finir rapidement. Je devais avouer que je n'étais pas mieux. Naje restait à l'écart, ayant très certainement compris notre ressenti.
Le maître nous rappela dans la salle d'entraînement et nous fit nous asseoir au sol. Il nous remit nos passeports professionnels valables dans l'hémisphère nord et nos badges d'identité de notre profession. Ensuite, il nous donna un sac de pressing dans lequel se trouvait notre uniforme et nous ordonna d'aller l'enfiler.
L'uniforme était composé d'un calot, d'un pantalon rouge vif, d'un haut blanc, d'une paire de chaussures noires, d'une ceinture pour y accrocher des armes et d'une longue veste bleu foncé avec des épaulettes et boutons argentés. Sur le calot, sur le côté gauche de la poitrine et sur les bras de la veste se trouvaient les écussons.
L'un d'entre eux était celui des sodurs, il représentait un bonhomme au garde-à-vous sans visage, portant l'uniforme sur un fond blanc, tout cela entouré d'un cercle noir sur lequel il était écrit en blanc sur le haut : Sodur, et sur le bas : Bloss Aitis Manok. Le deuxième était celui indiquant que nous n'étions que des apprentis. Il était comme le premier, sauf qu'à la place du bonhomme se trouvait un livre et qu'il y avait écrit : Apprenti-Sodur.
« Vous devez le porter lorsque vous serez en service ou pour la plupart des missions et je vous conseille de le porter également durant les entraînements pour vous habituer à le porter. Le textile est parfait pour faciliter les mouvements tout en vous protégeant. Vous allez bientôt avoir un deuxième pour les temps chauds, il sera plus léger mais sera très similaire à celui-ci. Et vous en avez déjà un de rechange dans les casiers. »
Sateo fit une pause.
« Demain à neuf heures précises, il y aura la cérémonie où vous prêterez serment. Vous avez intérêt à être à l'heure et en uniforme. Donc je veux vous voir ici à huit heures pour vérifier que votre tenue est bien mise. »
Une fois qu'il avait fini de tout nous expliquer, il nous laissa partir. Naje partit rapidement, mais pas Teny et moi. Le maître comprit que nous avions des questions et nous invita à les poser.
« Pourquoi nous sommes ensemble ? Demanda Teny. Cette équipe ne fonctionnera pas.
– Parce que Naje est avec vous, c'est bien ça ?
– Notre équipe ne sera pas crédible avec un bâtard, dit-elle, ça nous portera malchance. Ça ne nous apportera rien de bon.
– Tu es certaine ? Aux dernières nouvelles, Teny, tu es la dernière de la promotion. Naje, lui, est le premier. Tu auras besoin d'attention pour t'améliorer, mais je ne pourrais te la donner que si je la prends à quelqu'un d'autre. Ce quelqu'un est Naje.
– Je progresserai mieux si j'étais dans une équipe de confiance.
– Tout le monde pourrait dire ça pour ne pas être avec Naje. Mais il faut bien qu'il soit dans une équipe et comme tu as besoin d'attention et lui beaucoup moins, vous avez été mis ensemble et ça ne changera pas.
-Je ne le côtoierai jamais. »
Teny partit, ses pieds claquant contre le sol, elle allait tenir parole, je le savais.
« Et moi ? Demandai-je.
– Naje et toi avez beaucoup de choses à vous apprendre l'un à l'autre, mais tu le sais déjà.
– Il est associable, il ne parle à personne et ignore tout le monde. On ne pourra rien faire ensemble.
– Il ne répond pas tout simplement parce qu'il sait qu'il ne sera pas écouté, mais il écoute.
– Ça ne me convainc pas.
– Tu es loin d'être un idiot, Shoyo. Tu sais que Naje est très patient, il saura te canaliser et te forcer à réfléchir. Et tu es quelqu'un d'honnête, tu ne l'as jamais rabaissé à cause de son statut de bâtard. Je pense que dans votre promotion, tu es le seul qui peut faire équipe avec lui sans le persécuter.
– Vous oubliez qu'il y a Jared, ou même Koayo.
– Les Rida de ta promotion gardent leurs distances avec lui. Quant à Jared, il est l’exception mais il est important que Naje développe d'autres relations. Écoute, je sais que tu le considères comme un rival, mais il est déjà à un meilleur niveau que le tien et il continuera à s'améliorer. Alors, à ton avis, est-ce que tu arriveras à le surpasser un jour ? Ne penses-tu pas qu'il serait préférable qu'il s'améliore avec toi que contre toi ? »
Honnêtement, je ne savais pas quoi répondre à ça.
Suite à cette conversation, j'avais beaucoup réfléchi à tout ça et j'en étais revenu au test de Naje. Il avait été accepté, mais je ne savais pas comment c'était possible vu qu'il avait semé son surveillant. Ça me rendait très curieux. Je décidai d'en parler avec mes parents au repas du soir.
« Il n'a fait aucune erreur, dit mon père. C'était à son surveillant de ne pas le perdre et il a échoué.
– Et ça n'a pas invalidé son test ?
– Non.
– Mais comment il a fait pour savoir dans quel étang était son paquet ? Demanda Ico en finissant sa pomme de terre.
– C'était peut-être indiqué dans l'énigme comme c'était le cas pour moi.
– Mais un étang est grand, comment pouvait-il savoir où aller exactement ?
– C'était dans l'énigme, dit mon père en reposant son verre. Ico, va te brosser les dents et te coucher. »
Mon frère râla mais obéit. Ma mère le suivit pour vérifier qu'il le faisait correctement.
« Ce n'était pas dans l'énigme, c'est ça ? Demandai-je.
– Non. Le véritable but du test de Naje était de le faire échouer. Il n'y avait pas d'indication pour déterminer dans quel étang était le paquet, ni où exactement. »
Très certainement parce que les organisateurs ne voulaient pas d'un bâtard parmi les sodurs. Mais il avait réussi malgré tout et ils avaient été obligés de le laisser passer.
« Alors comment il a fait ?
– Tu sais comment on peut obtenir une technique ? Demanda-t-il en vérifiant que mon frère était bien parti. Quelles sont les trois méthodes ?
– L'héritage, l'enseignement et le vol. »
Cette dernière était interdite et punie par les lois de tous les pays au monde. La première n'était que pour les techniques héréditaires, elles se transmettaient forcément d'un parent à ses enfants sauf s'il avait un sceau.
L'enseignement ne servait pas uniquement pour la fonction d'un métier. Les aînés d'un clan enseignaient les techniques héréditaires à leurs cadets afin de faciliter leur apprentissage. Mais l'apprentissage d'une technique était différent d'une personne à une autre. Et avoir des techniques et les maîtriser étaient deux choses différentes.
« Tu sais que Naje est le fils d'un Huiju, dit mon père en s'enfonçant dans sa chaise. Il a donc hérité des techniques de ce clan.
– Mais personne ne lui a appris à s'en servir.
– Si on les a par héritage, on peut se passer de l'enseignement d'un aîné. Même si c'est plus long et plus compliqué. Et tu sais que Naje est assez doué pour apprendre seul et rapidement toutes les techniques qu'il possède.
– Tu sous-entends qu'il a maîtrisé les techniques des Huiju ? Demandai-je étonné.
– Au moins la vision éclaircie… Elle permet de voir de manière plus nette, c'est certainement comme ça qu'il a pu trouver le paquet. Je ne sais pas pour les autres.
– Mais c'est un affront, dis-je en fronçant les sourcils.
– C'est pour ça que j'aimerais que tu le gardes pour toi, dit-il en me lançant un regard assez compatissant. S'il reste discret, et apparemment il le fait puisqu'il a semé son surveillant, il ne devrait pas avoir d'ennui.
– Pourquoi me le dire à moi ?
– Parce que tu le découvriras un jour ou l'autre. Je préfère que ce soit en privé par moi. »
Le lendemain, le maître avait vérifié nos uniformes et nous nous rendîmes à la grande place pour prêter serment. Tous les nouveaux apprentis-sodurs de notre secteur étaient présents. Nous étions alignés en rang, au garde-à-vous
Le discours n'était pas très intéressant, le sodur-chef rappelait simplement nos devoirs et disait que nous avions encore beaucoup à faire avant de devenir un véritable sodur. Puis, le sodur-chef passa nous voir un à un pour que nous prêtions serment et pour nous donner un manuel. Mon tour arriva rapidement.
« Je jure de servir, avec honneur et fidélité, pour le bien de l'empire de Bloss et de son peuple. »
Le sodur-chef approuva et un sodur me remit mon manuel intitulé : Le guide des sodurs. Nous l'avions étudié tous les jours à l'école et maintenant, nous avions personnellement le nôtre.
Suite à cela, le maître nous emmena à l'hôpital. C'était pour nos vaccinations obligatoires pour ce métier. Franchement, je m'en serais bien passé.
Normalement, le quatrième et les deux derniers jours de chaque semaine étaient des jours de repos. Mais d'après le maître : un sodur n'est jamais vraiment en repos et il avait la liberté d'organiser l'entraînement comme il le voulait. Sateo ne nous accordait que les deux derniers jours de la semaine pour le repos.
J'étais arrivé en avance et j'avais pris mon temps pour ranger proprement mes affaires dans mon casier. Contrairement à toute attente, Naje était arrivé à l'heure, même s'il était le dernier. Le maître avait vérifié encore une fois nos uniformes et avait décidé de commencer l'entraînement.
L'objectif de celui-ci était de développer notre endurance et notre agilité. Pour cela, Sateo nous avait fait courir dans la ville et avait indiqué que nous allions le faire cela tous les jours, quel que soit le temps, en changeant de parcours régulièrement.
Au début, ça allait puisque nous étions passés par les routes déneigées. Mais ensuite, nous avions couru dans la neige, sauté des obstacles et même tenté d'escalader. La ville était bien adaptée pour tout ça et ça ne dérangeait même pas les habitants, même si le risque de leur rentrer dedans n'était pas inexistant.
Cela n'avait rien à voir avec le sport que nous faisions à l'école. J'avais du mal à tenir le rythme, Teny aussi. Naje s'en sortait bien, très bien même. Il bougeait différemment de nous, gagnant en rapidité grâce à sa souplesse. À croire qu'il savait quel mouvement faire, qu'il savait où et comment se positionner et se rattraper.
Après, le maître nous avait entraînés au combat. Il avait vérifié ce que nous savions faire avec et sans armes. Ensuite, nous avions débuté l'apprentissage de notre première technique. À l'école, nous entraînions surtout pour développer notre émofa.
C'était les boules d'élément. Les boules de terre permettaient de blesser quelqu'un ou de bloquer une attaque. Celles de feu et de foudre servaient à blesser par brûlure ou par choc électrique. Celles d'eau permettaient de ralentir quelque chose. Celles d'air servaient à dévier des projectiles ou à capturer certaines choses, comme les autres boules.
La taille de ces dernières dépendait de la quantité d'émofa utilisée et nous ne pouvions pas créer une boule d'un autre élément que le nôtre. Teny s'était donc entraînée à faire des boules de terre, moi d'air et Naje de foudre.
Au bout de deux jours à nous entraîner dans notre local chauffé, nous avions réussi à créer des boules d'assez bonnes qualités alors nous étions passés à l'étape suivante. Comme ils avaient tous les deux l'élément de la terre, le maître se mit avec Teny pour l'entraîner à réceptionner, dévier et détruire des boules de terre. De mon côté, je devais dévier et détruire celle que Naje m'envoyait.
Même si Naje me laissait le temps dont j'avais besoin et que ses boules étaient bien plus faibles et petites que celles qu'il avait l'habitude de faire, je me prenais des petites décharges à chaque échec. Je n'arrivais pas à les éviter à cause de l'instabilité de son élément. Et ça m'énervait.
« Je n'y arriverai jamais ! Râlai-je.
– Tu y es presque, dit Naje.
– Tu plaisantes ? J'arrête.
– Ce n'est pas en abandonnant que tu vas progresser, soupira-t-il.
– Tu m'énerves ! Tu pourrais au moins réagir.
– Ni en passant tes nerfs sur moi, d'ailleurs.
– Tu ferais mieux de te taire, menaçai-je.
– Sinon ? Lâcha-t-il avec un regard provocateur. »
C'était trop pour que je puisse le supporter. Je me jetai sur lui, utilisant ma force brute. Mais Naje était bien plus intelligent et réfléchi que moi, alors il évita facilement mes coups. Il attrapa mon point et m'immobilisa en le maintenant contre mon dos. Le maître, qui avait gardé un œil sur nous, prit la relève. Il nous attrapa par le bras et nous sépara.
« Ce n'est pas le comportement digne de sodur, Shoyo ! Tu aurais pu blesser ton coéquipier ! Tu as de la chance qu'il ait su réagir et qu'il n'ait… Naje ? D'où vient ce bleu ? »
Il avait un bleu sur son bras. Il marmonna que ça venait d'un autre entraînement et s'éclipsa. Le maître le laissa partir, sachant qu'il ne pourrait pas obtenir plus de chose de lui. Quant à moi, je fus puni et dus nettoyer le local en fin de journée, tout seul.
Naje n'était pas revenu les jours suivants. Alors le maître avait travaillé avec nous à tour de rôle. Je n'y arrivais toujours pas et ça me frustrait énormément. Et comme je n'étais pas capable de rester sagement à la maison lors de mon premier jour de repos, j'avais décidé d'aller au local dès quatre heures du matin. Je m'étais échauffé et avais repris étape par étape l'entraînement, mais je n'étais pas très performant.
Après un échec supplémentaire, je fus pris de rage et frappai le mur le plus proche.
« Ce pauvre mur ne t'a rien fait. »
Normal. Mais qui venait de parler ? Je regardai tout autour de moi pour trouver l'intrus.
« En haut. »
Je levai les yeux. C'était Naje. Il était en hauteur, assis sur une poutre. Je n'avais aucune idée de comment il avait fait pour monter là, ni même entrer sans que je m'en aperçoive. Naje était habillé d'un tee-shirt bleu, d'un pantalon gris et de bottes noires. Apprendrait-il à mettre un pull un jour ? Il avait laissé son sac à dos sur une autre poutre, à côté d'un katana noir. Une de ses jambes était devant lui, pliée, le pied sur la poutre. L'autre jambe pendait dans le vide. Il était adossé contre le mur des vestiaires et avait l'air fatigué.
« Qu'est-ce que tu fais là ?
– Je viens de rentrer et comme j'ai vu de la lumière ici, je suis venu voir.
– Tu viens de rentrer ? Tu as été absent toute la semaine et là tu débarques le svotag en pleine nuit ?
– Tu n'auras pas d'explications si c'est ce que tu veux.
– Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais être chez toi.
– Je n'ai pas tellement envie d'escalader le manoir pour rentrer.
– Tu as juste peur d'être pris à faire le mur.
– Je ne me fais jamais prendre.
– J'ai de gros doutes là dessus.
– Je peux aller et venir à ma guise sans que quelqu'un le remarque.
– Si tu le dis.
– Écoute, lorsque tu n'arrives pas à faire quelque chose, tu t'énerves et tu te bloques.
– Où tu veux en venir ?
– Tu as besoin de tout reprendre à zéro.
– Et comment je pourrais faire ?
– Déjà, tu devrais analyser la boule que tu veux dévier, expliqua-t-il en bougeant ses doigts. Comme sa taille, sa forme et sa vitesse. Ensuite, tu dois créer une boule avec la bonne quantité d'émofa selon ce que tu veux faire. Si c'est pas assez, ça ne changera presque rien. Si c'est trop, tu vas perdre le contrôle.
– Sa forme ? On parle de boule…
– Parce que c'est la forme la plus facile à manipuler, mais on peut en faire d'autre. Il faut aussi faire attention où tu la dévies. L'idéal serait de les renvoyer sur un ennemis. Et ton élément est très pratique. Tu peux réceptionner les boules d'autres éléments, les contenir et les neutraliser au lieu de les renvoyer.
– Ça fait beaucoup à penser. »
C'était la première fois que Naje parlait autant. Et je devais avouer que le maître avait raison. Il avait beaucoup de choses à m'apprendre. Il finit par descendre pour me rejoindre au sol.
« Tu as déjà réussi à réceptionner des boules ? Demandai-je.
– Je peux faire ça uniquement avec les boules de foudre. Je suis blessé avec les autres.
– Et si je veux seulement dévier un projectile ?
– Un courant d'air serait suffisant. »
Naje créa une boule de foudre. Il la garda en main pour me montrer comment elle était en me disant quelle taille devait avoir la mienne. Il me l'envoya et m'indiqua quand et comment la dévier. Il recommença plusieurs fois puis cessa de dire comment je devais faire.
Je finis par réussir, que ce soit pour envoyer, dévier ou pour contenir et neutraliser une boule. Voyant que je n'avais plus besoin de son aide, Naje sauta et escalada les poutres pour récupérer ses affaires. Il s'apprêta à partir lorsque je l'arrêtai.
« Merci Naje.
– De rien.
– Au fait, qui t'a appris à jouer du piano ?
– Pourquoi ? Dit-il en se tournant vers moi.
– Tout à l'heure, tes doigts bougeaient comme si tu jouais du piano.
– Je n'ai jamais appris à en jouer.
– Mais lorsqu'on était à l'école, tu en as joué.
– J'ai juste suivi les mouvements que j'avais en tête ce soir là.
– Tu as dû apprendre quand tu étais petit.
– Ou peut-être dans une autre vie. »
Il partit sans rien demander, comme toujours. J'étais obligé de reconnaître que Naje était doué. Tout comme l'était Tsuyo. Plus j'y pensais, plus je remarquais qu'ils se ressemblaient. Il allait vraiment surpasser tout le monde. Pourrais-je vraiment le surpasser un jour ?
Annotations