Chapitre 12 : On ne les changera pas

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Shoyo


La deuxième semaine du mois d'Alosanad, le sixième mois, nous avions été choisis pour une mission à l'extérieur de notre ville. Pendant ce temps, ma mère allait emmener mon frère voir de la famille et mon père allait partir à la capitale pour la réunion annuelle des sodurs-chefs.

J'étais très enthousiaste mais ce n'était pas le cas de Naje. Je pouvais le comprendre. La mission était simple, il fallait juste réparer un chalet, mais c'était dans le village natal de Teny. D'où le problème pour Naje. Mais son tuteur, notre sodur-chef, lui avait bien fait comprendre qu'il devait obligatoirement venir, mais cela ne l'avait pas convaincu. Et comme sa place d'apprenti-sodur était en jeu, je ne m'étais pas gêné pour le sortir du lit.

Kunji m'avait accueilli au manoir et m'avait guidé jusqu'à sa chambre. Il m'avait souhaité bon courage, m'avait conseillé de ne pas y aller trop doucement et était parti. Je rentrai donc dans sa chambre, me dirigeant vers la fenêtre.

« Debout Naje ! C'est l'été ! Il fait beau ! Les oiseaux chantent ! Il est temps de commencer la journée et de partir en mission ! Dis-je bien haut et fort. »

Sa chambre était très simple, même assez vide, comme s'il ne faisait que passer par là. Le sol était en parquet, les murs étaient peints en bleu, les meubles étaient blancs. La porte était dans le long de la pièce, entre sa bibliothèque et sa commode. En face de sa bibliothèque, qui était pratiquement vide, se trouvait un bureau et dans le dernier coin de la pièce se trouvait son lit. Il y avait une fenêtre qui avait été trafiquée par l'occupant de la pièce pour entrer et sortir avec grande facilité.

« Encore quelques minutes…

– Oui, quelques minutes, après ça sera quelques heures. Je te connais. Sors du lit. »

Évidemment, Naje refusa et tira sa couverture sur sa tête. Il était toujours un peu fatigué, mais c'était pire après ses missions en solo. Mais je ne pouvais pas le laisser rater cette mission.

« On a une mission à faire. Ça va nous changer de d'habitude.

– Je ne veux pas y aller. Ça va être insupportable. »

Il n'allait pas se lever. Il fallait employer la manière forte. Je l'attrapai et le soulevai avec sa couverture. Ses protestations se firent vite entendre, signe qu'il était bien réveillé. Je le déposai près de sa commode au sol. Il s'assit, se débattant avec sa couverture pour sortir sa tête.

« Mais depuis quand tu arrives à me soulever ?

– Tu es trop léger. Ça fait des semaines que je te dis de manger un peu plus. »

Naje souffla, visiblement agacé. Il baissa la tête avec une mine boudeuse, signe qu'il abandonnait.


Dans le train, Teny parlait de son village et de sa population. Je savais que je devais écouter, mais plus elle parlait, plus je sentais que cette mission allait être compliquée à gérer, surtout pour Naje. Les habitants étaient des personnes extrêmement attachées aux lois et aux normes, ce qui était une très mauvaise nouvelle pour la sécurité de mon coéquipier.

Le maître m'avait déjà pris à part pour me demander d'être très vigilant durant la mission. Et écouter Teny parler de son village pouvait m'apprendre des choses comme des gens à surveiller. Mais rien que sa voix m'énervait. Je lançai un regard désespéré à Naje, le suppliant des yeux de trouver quelque chose pour changer d'occupation. Il me lança simplement son fameux regard du je t'avais prévenu et retourna à son tirage de carte.

« Le village est très charmant, mais maître, êtes-vous certain que tout le monde peut y aller ? »

Vu le regard agressif vers Naje, il était évident de ce qu'elle voulait dire par tout le monde. Elle cherchait à lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas de lui à son village. Lui, il l'ignorait totalement, il gardait son calme et triait paisiblement ses cartes.

« Tout ira bien, dit le maître.

– Mais le village ne voudra pas qu'un bâtard soit là. Il ferait mieux de repartir.

– Et tu ferais mieux de te taire avant de m'énerver, lâchai-je. »

Teny me lança un regard furieux et juste avant qu'elle ne puisse continuer à parler, Naje se leva et me dit :

« Si on allait faire un tour ? »

Je me levai et le suivis. Une fois que nous avions changé de wagon, Naje me parla à nouveau :

« Tu es de moins en moins patient.

– Est-ce que tu as vraiment compris ce qu'elle disait ? M'inquiétai-je.

– Bien sûr que oui, dit-il en continuant à marcher.

– Et tu ne veux pas réagir ? »

Naje sortit sur le balcon arrière du train. Il s'appuya sur une poutre. Je le suivis.

« À quoi cela servirait ? On ne pourra pas la changer. Les autres non plus.

– Moi j'ai changé.

– Tu étais moins con qu'eux aussi, dit-il en regardant le paysage.

– Mais je l'ai été.

– Tu sais, dit-il en posant les yeux sur moi, tu ne m'as jamais inquiété.

– Parce que je n'étais pas assez fort…

– Parce que tu as toujours été respectueux. Tu ne m'as jamais attaqué par surprise ou avec un groupe. Avec toi, j'étais assez serein.

– Un peu comme avec Jared ?

– Non. C'est différent avec lui. »

Normal. Jared avait toujours été là pour lui et avait toute sa confiance. Il avait des années d'avance sur moi. Naje ne l'avait jamais dit, mais je savais qu'il le considérait comme son frère. Il était plus proche de lui que je ne l'étais d'Ico. J'espérais que Jared allait guérir. Mais à cet instant, j'avais d'autres inquiétudes.

« Concernant la mission et des idiots du village de Teny, ne t'en préoccupe pas. Je m'occupe d'eux. »


Après le train et quelques heures de marches, nous étions arrivés au village. Le maître avait accepté de laisser Teny dormir chez ses parents. Quant à nous, nous avions une grange équipée de lits de camp, proche du chalet à réparer mais assez éloignée du village, ce qui nous arrangeait.

J'avais pensé que nous aurions une mission assez calme, mais elle était stressante. Je m'en étais vraiment rendu compte que le lendemain de notre arrivée. Nous étions allés chercher du matériel au village et tout était très malsain.

Dès que nous étions à moins de vingt mètres d'eux, les villageois arrêtaient de parler et nous dévisageaient. Enfin, leurs yeux étaient braqués sur Naje. Teny leur avait certainement tout dit à son sujet. Comme s'ils étaient concernés par tout ce qui tournait autour de Naje.

Naje avait gardé les yeux baissés à chaque instant et n'avait pas dit un seul mot. Le maître l'avait tiré contre lui, gardant une main sur son épaule, indiquant ainsi qu'il était sous sa protection afin de dissuader certains agissements. Contrairement à d'habitude, Naje n'avait pas essayé de s'esquiver. Comment Hagop avait-il pu nous mettre sur cette mission ?

Heureusement pour nous, nous avions rapidement terminé les achats et étions vite retournés au chalet, loin des villageois. Mais malgré ça, Naje ne s'était pas tellement éloigné du maître et restait bien sagement dans son champ de vision.

Nous avions travaillé sur la réparation dans le calme. Ce boulot était très répétitif et en début d'après-midi, le maître dit :

« Teny, tu peux rentrer et profiter de ta famille.

– D'accord ! »

Teny n'avait pas compris que le maître voulait simplement l'éloigner de notre coéquipier. Car même si elle avait été calme jusque là, sa présence n'aidait pas. Il fallait qu'on retrouve un environnement bienveillant pour Naje.

Nous avions passé le reste de la journée à nous changer les idées, j'essayais d'apprendre quelques tours de cartes avec l'aide de Naje. Le maître avait sécurisé l'endroit et nous avions préparer la nourriture ensemble. Nous étions alors assis autour du feu, finissant de manger, lorsque je décidai de demander quelque chose.

« Maître, appelai-je.

– Oui ?

– Les villageois ne viendront pas…

– M'attaquer ? Intervient Naje en voyant que je n'arrivais pas à finir ma phrase.

– Je ne pense pas. »

Sateo posa son assiette vide, se leva et alla derrière son élève absentéiste.

« Mais il serait préférable notre petit Naje, dit-il en posant ses mains sur les épaules de celui-ci, reste dans mon champ de vision.

– Oui maître. »

Je n'aurais jamais cru entendre ça de lui un jour. D'habitude, Naje obéissait sans vraiment reconnaître Sateo comme son maître. Il fallait croire qu'il commençait vraiment à accepter de faire partie de cette équipe. En réponse à ça, le maître ébouriffa les cheveux de Naje qui protesta. Puis, le maître partit pour vérifier les alentours avant la tombée de la nuit.

« Ça te va bien les cheveux décoiffés, dis-je. »

Il souffla et se recoiffa rapidement.

« Je n'aurais pas dû te forcer à venir.

– Si tu ne l'avais pas fait, j'aurais été suspendu à cause de mes absences.

– Ils ne prennent pas en compte les missions en solo pour compenser ?

– Non, elles ne dépendent pas d'eux.

– Pourquoi ça ?

– Désolé Shoyo, je ne vais pas te révéler toutes mes combines.

– Tu oses me faire ça à moi ? Ton meilleur ami ? Dis-je en faisant semblant d'être offensé. »

Il roula des yeux et m'ignora.


Deux jours après, le chalet était presque réparé. Cette mission touchait à sa fin, à mon plus grand bonheur. Je pensais très sérieusement que le reste de la mission allait se dérouler sans problème, mais en pleine nuit, je fus réveillé par les déplacements du maître. Il semblait agité.

« Maître ? »

Il se tourna vers moi et me fit signe de me taire. Il alla vers Naje et posa sa main sur sa bouche. Il se réveilla en sursaut et vit le maître lui faire le même signe qu'à moi plus tôt. Lorsque Sateo se retira, Naje se leva et dégaina son katana. Je l'imitai avec mon épée, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait.

Et j'entendis des pas. Forcément, cela ne pouvait pas finir sans problème. Le maître nous fit signe de rester là où nous étions et sortit examiner les alentours, une arme à la main. Naje sembla s'intéresser à ce qu'il y avait au fond de la grange. Je ne voyais rien, la Lune n'était pas suffisante pour me le permettre.

« Naje, nous devons rester là, chuchotai-je. »

Il continua sa recherche, puis quelque chose attirer son attention puisqu'il s'en approchait silencieusement. Il se retourna rapidement et bloqua un coup dirigé sur lui. Je n'avais rien vu venir.

« Shoyo ! Derrière toi ! M'avertit Naje. »

Je me retournai et vit le maître tirer quelqu'un en arrière. Quelqu'un qui avait son visage camouflé par un foulard. Quelqu'un qui allait m'attaquer.

« Va aider ton coéquipier ! »

J'obéis et allai aider Naje. Deux personnes l'attaquaient. Naje arrivait à s'en sortir pour l'instant mais je devais me dépêcher. J'attaquai l'un d'eux et le repoussai, me plaçant dos à Naje. Je réfléchissais. Je devais trouver un moyen de les repousser afin de protéger Naje. L'onde de choc ! Je devais m'en servir. Je rassemblai l'énergie nécessaire et relâchai tout. Mais ce qu'il se passa n'était pas ce que je voulais.

Une lumière blanche émergea de moi et se propulsa autour de nous deux. Elle repoussa les deux attaquants et forma un dôme, semblable à une demi-sphère. Il était faiblement gris, quasiment incolore, transparent mais très lumineux.

« C'est quoi ce truc ? Demanda l'un d'eux.

– On s'en fiche ! »

Les deux attaquants nous chargèrent mais le dôme les empêcha de nous atteindre. Leurs armes rebondissaient sur la paroi qui était apparemment très solide même si elle ne semblait pas très épaisse. Ils continuèrent de taper, faisant briller la paroi à chaque impact.

Je regardai autour de moi, sachant que Naje et moi étions en sécurité. Naje était désormais plus intrigué par le dôme que par le reste, mais au moins, il allait bien. Le maître avait fracassé la tête du troisième attaquant contre le mur et fonça sur les deux autres. Ces derniers prirent la fuite en le voyant.

« Restez là ! Ordonna Sateo. »

Ils sortirent tous de la grange, nous laissant seuls avec le dernier attaquant, semblant inconscient. Naje se plaça face à moi et saisit mon bras.

« C'est fini. Nous allons bien. »

Je sentis un énorme coup de fatigue. Le dôme s'évapora. Naje m'aida à m'allonger sur un lit de camp. Je sentis la fatigue l'emporter sur moi et perdis connaissance.


Lorsque je me réveillai, il faisait jour. Je me redressai rapidement et regardai autour de moi.

« Tout va bien. »

Naje était à côté de moi. Il se rapprocha et s'assit à côté de moi.

« Comment tu te sens ?

– Je vais bien, dis-je, je suis juste un peu vaseux. Je… Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Tu as perdu connaissance à cause d'une trop grande dépense d'émofa, mais tu es en parfaite santé et aucun de nous n'est blessé. Joli dôme en passant.

– Qu'est-il arrivé aux attaquants de cette nuit ?

– Le maître a dit de ne pas demander. »

Il m'emmena à l'extérieur prendre le petit-déjeuner et me tendit un bol de porridge. J'avais beaucoup de questions mais en entendant le maître et Teny se disputer, je compris que je ne devais pas parler tout de suite.

« Ce n'est pas juste ! Hurla-t-elle. On a une belle mission, simple et sans tracas. Mais on doit partir parce que c'est pas assez bien pour le bâtard !

– Silence ! Tu peux rester ici si tu veux, mais si tu ne reviens pas, tu seras renvoyée. Va faire tes bagages. »

Teny passa devant nous puis s'arrêta. Elle se retourna et fonça sur Naje.

« Tu es fier de toi ? Cria-t-elle. À cause de toi, je passe à côté d'une mission géniale ! Tu n'aurais jamais dû exister ! Ma vie serait plus belle sans toi ! »

J'allai répondre, mais Naje prit les devants :

« Et la mienne le serait également sans toi, mais on n'a pas toujours ce qu'on veut.

– Alors va crever ! »

Le regard de Naje était extrêmement sombre. Il la fixait avec tellement de haine. C'était comme si quelqu'un l'avait remplacé. Je me levai rapidement, laissant tomber mon bol, et me précipitai sur eux. Le maître également. Et heureusement. Il attrapa Naje avant qu'il ne se jette sur elle, immobilisant ses bras, et tint Teny à l'écart avec son autre main.

« La grange, me dit le maître. »

J'allai l'ouvrir et entrai dedans. Sateo y mit Naje et referma la porte, s'occupant de Teny à l'extérieur de la grange. J'attrapai Naje, l'empêchant de sortir. Il se débattait et protestait mais je devais tenir. Je continuais à le maintenir au sol jusqu'à ce qu'il se calme. J'ignorais qu'il pouvait être aussi explosif.

Lorsque je le sentis se détendre, je continuai à le serrer contre moi. D'une manière plus douce qu'auparavant. Il ne bougeait plus et sa respiration se calmait.

« Qu'est-ce que tu fais ?

– D'après mon oncle et ma cousine, les câlins réduisent le stress. Ça fonctionne avec toi. »

Il se redressa, se détachant de moi, et essuya ses joues, dissimulant ses larmes.

« Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris.

– Ce n'est pas grave.

– Pas grave ? Je voulais la tuer.

– Je veux la tuer depuis qu'on a rencontré les guerriers de l'ombre. On pourrait faire équipe.

– Ne dis pas n'importe quoi… »

Il sourit.

« Merci.

– De rien. »

Le maître entra dans la grange et Naje se figea. Mais au lieu de l'engueuler, Sateo s'agenouilla en face de lui et posa une main sur sa tête, lui faisant lever son regard sur lui.

« Tu vas bien ? Demanda-t-il. »

Naje ne parla pas mais hocha la tête.

« Et toi ? Me demanda-t-il.

– Je vais bien.

– Tant mieux. Rassemblez vos affaires, dit-il en se relevant, on lève le camp.

– Quoi ? Demanda Naje.

– On arrête la mission, on quitte le village.

– Attendez ! C'est à cause de ce que je viens de faire ?

– Non, j'avais déjà pris cette décision cette nuit.

– Mais quelle est ma sanction pour tout à l'heure ?

– Pourquoi tu crois que je vais te punir ?

– J'ai attaqué Teny.

– Tu veux dire que tu t'es enfin défendu. Je ne vais pas te punir pour ça. Et en plus, tu n'as même pas eu le temps de la frapper. »

Le maître s'assit sur l'un des lits, en face de nous.

« Mais évite de recommencer en public.

– D'accord, maître. »

Je me repositionnai sur le sol.

« Je n'ai pas envie de gâcher ce moment, dis-je, mais j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé cette nuit. Qui étaient les personnes qui nous ont attaqués ?

– C'était des assassins.

– Pour qui ils venaient ?

– Pour moi ? Demanda Naje.

– Désolé gamin, je n'ai pas découvert qui les avait envoyés.

– Et où sont-ils maintenant ?

– Ils sont là où ils ne pourront plus l'atteindre. Ne demande pas plus de précisions.

– Mais…

– Shoyo, ne demande pas. »

Ah oui… Il s'était occupé d'eux. Traduction : il les avait tués. Mais comme il ne voulait pas me rendre complice de ça, ou tout simplement me choquer, il me disait de ne rien demander. Avait-il le droit de faire ça ? Question bête. Il avait le droit pour défendre ses apprentis. Personne n'avait pensé à ajouter une clause spéciale pour les hors-mariage.

« C'est à cause de cet incident que j'ai décidé d'arrêter la mission.

– Mais nous aurons des retombés si nous abandonnons une mission aussi simple, dit Naje.

– Ce n'est pas à toi de prendre cette décision. Surtout si tu es directement visé.

– Mais…

– Naje, le coupa Sateo. Si tu savais le nombre d'histoires qu'il y a sur des hors-mariage comme toi. Et la plupart d'entre eux ne vivent pas assez longtemps pour apprendre à marcher et à parler. Je ne laisserai pas ça t'arriver. »

Naje baissa les yeux et je vis le regard du maître s'adoucir un peu.

« Ne t'inquiète pas des retombés. Je suis votre maître, c'est à moi de m'en occuper. »

Il hocha de la tête, acceptant la décision du maître. Quoi qu'il en soit, nous avions pratiquement fini de tout réparer.


« Pas que je me plains de son absence, mais où est Teny ? Demandai-je. »

Nous étions dans le train et il faisait déjà nuit. Naje s'était endormi, le maître avait mis une couverture sur lui. J'étais assis à côté de lui et Satep était en face de nous. Il surveillait tout ce qu'il y avait autour de nous.

« Elle va rentrer dans quelques jours et sera suspendue à son retour.

– Et pour quelles raisons ?

– Pour agression sur autrui.

– On ne sera jamais une vraie équipe, pas vrai ?

– Il est rare que les sodurs restent avec leur équipe de formation, mais je savais que la vôtre ne serait qu'éphémère.

– Alors on ne la verra plus une fois que nous serons diplômés ?

– Vous pourrez toujours être forcés de faire une mission avec elle, mais c'est rare qu'ils perdent leur temps à constituer eux-mêmes les équipes.

– D'accord, j'espère que ça ne se produira jamais.

– Tu devrais dormir un peu. Nous avons encore du temps avant de rentrer. »

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