20. M
"Il est facile de ne pas tomber lorsqu'on ne prend pas la peine de tenter de tenir debout".
J'ai lu cette phrase dans un livre, il y a longtemps. Je ne lis pas beaucoup, non, je préfère vivre les choses par moi même. Les vastes paysages, les couleurs hétéroclites des places emplies d'une foule mouvante, les embrassades, les histoires au coin du feu, les courses-poursuite... Je vis dans ce monde. Alors pourquoi lire tout cela alors qu'il suffit de se précipiter dehors et de s'affranchir de toutes ses chaînes pour les voir réellement ?
Il est difficile de briser ses chaînes, j'en conviens. Pourtant, c'est ce que je suis en train de faire.
Toi, tu es tombée avant même de te lever. Tu es tombée d'un pont. Sans voir que tu n'avais plus qu'à pousser sur tes jambes pour t'envoler.
Rien n'est facile. J'aurais pu tomber, moi aussi. Moi aussi j'avais mal, moi aussi je chancelais, mes larmes me rendaient aveugle. J'ai tâtonné dans le noir, essayé sans relâche, pansé mes plaies, je suis tombé, je me suis relevé.
Tu as abandonné bien trop tôt. Tu es lâche, mais je t'aime. Tout le monde ne peut pas vivre.
Je suis libre à présent, alors je vivrai la vie dont tu n'as pas voulu. Je nous vangerai de l'adversité qui a refusé de nous faire entrevoir un ciel lavé de tout nuage.
Le jour se lève avant même que je ne pense à trouver un endroit pour dormir. Je sors les pièces de ma poche, et j'achète un sandwich au thon. J'adore le thon, ça sent la mer.
J'emprunte la vieille route cabossée qui mène à la station de vélos électriques. Il n'y a jamais personne le matin. Silencieusement, je déverrouille un cadenas avec un vieux trombone et enfourche l'un des engins.
Ma prochaine étape se trouve loin, vers le Nord.
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