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Aubin redoutait la nuit, il savait ce qui s’y cachait. Pourtant, il ferma la porte de sa chambre derrière lui et examina le moindre recoin sans lâcher la poignée des mains. La pièce n’avait rien d’effrayante. Elle était spacieuse et le soleil venait toujours l’éclairer par les trois fenêtres. De jour, il s'y sentait parfaitement bien.
Il prit une longue inspiration et relâcha la poignée. Une tension serra son estomac et il sut qu’il reviendrait ce soir.
Une fois la lumière éteinte et les rayons disparus, la peur s’empara de lui. Il resta étendu dans son lit à fixer le plafond, regardant les ombres dangereuses des arbres au-dehors. La fatigue écrasante le fit sombrer dans un léger sommeil. La peur le ramena à la réalité et il ouvrit aussitôt les yeux. Il serra les draps entre ses doigts et prit une longue inspiration.
— C’est stupide, murmura-t-il.
Il roula sur le côté et ferma les yeux.
La fatigue de la journée alourdissait ses yeux et il se sentit partir dans un sommeil léger. C’était là. Ses oreilles sifflèrent et son cœur prit de la vitesse, et il sut qu’il était là. Aucun de ses membres ne lui répondit. Il tenta de prendre une inspiration, mais elle resta coincée dans ses poumons.
Déglutir lui demanda une force surhumaine. Il hésita à ouvrir les yeux. Il se surprit à être à nouveau sur le dos, les yeux rivés au plafond, l’ombre des arbres toujours présente.
Forcer son réveil devenait une mission de plus en plus difficile après des mois de tourment. Il était trop tard.
Du bruit attira son attention sur le côté. Il garda les yeux visés sur le plafond alors que le plancher grinçait. Il venait de l’armoire comme chaque fois. L’ombre noire se dessina d’abord doucement puis grossit progressivement. Ses pupilles jaunes, égales à deux fentes, transpercèrent l’obscurité pour le regarder.
— Bonjour, Aubin.
Le jeune homme faillit crier victoire quand ses doigts serrèrent les draps. Il était libre. Le démon avait encore perdu.
— Pas ce soir.
Son estomac se renversa alors que le démon ricana.
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