Baptème du feu

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Je reprends rapidement conscience, aveuglé par le pale éclat du soleil. J'ai mal. Mon corps brule.

Où suis-je ?

Je m’assois sur le toit zingué où j'étais allongé. Les habitations baignées de fumée s'étendent jusqu'à perte de vue.

Je me souviens à présent.

Cela faisait 1 semaine que nous avions débarqués sur la Planète Orzov-B465 pour mater les rebellions religieuses. Ça avait commencé subitement alors que nous nous dirigions vers le parvis de la cathédrale. Des tirs, des cris au loin, une balise. Les obus nous avaient dispersés comme feuilles au vent. Devant moi, le front qu'était devenue la ville rugissait de toutes ses gueules de feu.

Qu'est-ce que je faisais là ?

Complètement omnibulé par la tempête d'acier à mes pieds, je ne me rendis compte de la présence de Varvara que lorsqu'elle m'envoya une deuxième décharge.

 « Relève-toi soldat ! »

Grinçant les dents sous la douleur, je tache de me relever sans tomber. Mon fusil est resté dans la rue... J'attrape mon pistolet et une grenade à main. Ce faible armement à au moins le mérite de me rassurer alors que j'arrive aux cotés de mon maitre.

La Banshee. Plus mortelle que n'importe quelle escouade des escadrons carmin.

 - « Définir objectif ? »

Varvara me pointe du doigt les portes de l'usine située au bout de la rue en contrebas.

 - "Détruit le nid de mitrailleuse et mène tes hommes jusqu'a la cathédrale. Cette bataille se termine ce soir"

 - "Oui mon commandant !"

J'allais finalement voir le front. Je serre les poings sur mes armes en cherchant un chemin par les toits jusqu'aux terroristes.

 - « Passe par la rue, ils ont besoin de toi en bas. Et ne te fais pas tuer

 - Oui mon commandant ! »

Elle était plus tendre que ce qu’elle ne voulait le montrer. J'entamais la descente de la façade avec un sentiment montant de dégout.

Etait-ce comme ça que j'allais gagner mes galons ? Les autres avaient beau me dire qu'il serait simple d'utiliser cet avantage pour l'éliminer lorsque que je serai jugé prêt à la défier en duel... Non, ce n'était pas le moment.

Mes bottes heurtent les pavés dans un claquement étouffé par l’effarant hurlement de la mitrailleuse située au bout de la rue. Dix hommes à terre.

Leur visage était boursouflés, ils gisaient dans les positions grotesques où la mort était venue les frapper. De leurs blessures béantes s’écoulaient des flots intarissables de sang. Ils étaient des hommes. Ils ne sont plus que de la chair à vif. De simples statues teintant d’écarlate les pavés de rue.

 - « Lieutenant !

Une balle me frôle la joue. Je me mets aussitôt à couvert avec le reste de mes hommes. La plupart ont trouvé refuge dans les boutiques bordant la rue. Acilus m’attrape par le bras et me met dos au segment de façade qui lui sert de refuge depuis le début de l’attaque.

 - Lieutenant vous êtes…

 - Je sais.

 - Heu… Quels sont les ordres ?

Nous somme au milieu de la rue. Les balles continuent de siffler à nos oreilles.

 - Quel est l’état des forces ?

 - Quatorze hommes disponible, groupe de démolition hors de combat.

Je vois mes hommes émerger des comptoirs, retourner les tables derrières lesquelles ils s’étaient cachés. Je devine leur peur derrière leur masque. Tous me regardent. Attendant une décision. Quelle première opération…

 - Acilus, depuis quand tirent t’ils ?

 - Douze minutes Lieutenant.

A en juger par les tirs, ils sont onze réparti dans la rue. Aucun ne sait réellement se servir de son arme. Je rallume la puce attaché à ma tempe.

 - Messieurs ! Mitrailleuse Fenrys – B14, tireurs embusqués formation chaos sur les 30 prochains mètres. Je ne tolèrerais aucune erreur.

Quatorze voix s’invitent dans ma tête.

 - Affirmatif

Je repose ma tête contre cette barricade de fortune et ferme les yeux. Le concert sauvage de détonation continue, puis ralentis…jusqu’à s’arrêter.

Quatorze soldats sortent alors des décombres et ouvrent le feu. Chacun fait mouche. La rue est netto…

Un bruit sourd. Un autre homme s’écroule. Un autre…

Je sors de ma couverture mon pistolet en main. Acilus semble crier au loin. Un torrent de voix explose dans ma tête. Tous me hurlent de me cacher.

Un flash apparait alors un bref instant loin, très loin. Un fusil à poudre. Je peux deviner le crépitement sec de la détonation. La balle file vers moi. Je la regarde faire, me concentre sur cette étoile éphémère au bout de la rue. Les voix s’éteignent. Je ferme les yeux et m’abandonne. Le zen.

Je rouvre les yeux et regarde le projectile voler vers moi, comme englué, lent. Si Pathétiquement lent.

Je fais un pas de côté, prend le temps de viser, et tire.

La balle passe alors à côté de moi à toute allure et vient s’écraser contre un mur de la banque située non loin de là. La tireuse embusquée s’effondre, un trou fumant dans son masque de danseuse.

Je me retourne vers mes hommes, peinant à contenir l’euphorie qui m’envahit.

 - L’objectif est le prince, nous nettoyons la place et nous rentrons dans la cathédrale.

Tous acquiescent. C’est la première fois qu’ils constatent l’efficacité du zen.

Quatorze hommes progressent alors vers la place en une marée sanglante. Je les mène dans l’ivresse du zen.

Le monde est en flamme.

Je deviens aveugle aux banderoles et aux décorations de la fête impériale. Je tranche les danseuses qui se présentent à moi sans ralentir.

Rien n’est vrai.

Nous incendions les bâtiments et abattons les traitres qui en sortent. Je les regarde bruler, conquis par l’euphorie du Zen, espérant que l’un d’eux trouvera le courage de se lever et de m’affronter.

Qu’ils essaient. Ils verront qu’il n’est pas si simple de tuer un membre des escadrons carmin.

Je ris. Je ris à m’en décrocher la mâchoire et à m’en percer les poumons.

Aucun ne le trouve.

Un éclair bleu frappe la ville au loin. Je sors du zen et contemple les dents serrés le champ de bataille que nous avons créé. La musique enfantine qui devait annoncer le début du spectacle des danseuses résonne encore dans la place. Ronald s’avance vers moi de sa démarche dansante.

- Ennemis retranchés dans la cathédrale

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