Mélilémots #3

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Mots à incorporer : Hélicoptère, hiberner, découper, îlot, orage

Deux yeux jaunes s’ouvrirent dans la nuit. Les pupilles s’agrandirent jusqu’à prendre toute la place dans l’œil. Pourvue de sa meilleure vision nocturne, Mélissa avança silencieusement dans la bijouterie. Toute de cuir noir vêtue, elle était invisible dans la pénombre du bâtiment. Un pas après l’autre, elle s’approcha de la vitrine principale.

Un joyau rouge brillait à la faible lueur de l’installation. Le collier, d’une valeur de plusieurs millions d’euros, lui faisait de l’œil. Un sourire se dessinant sur son visage, la jeune fille tendit les mains vers les vitres. Un éclair soudain illumina son visage. Elle avait les traits fins et des mèches rousses s’échappaient de son déguisement.

Elle fit sortir une griffe de ses gants faits sur mesure. D’un adroit coup du poignet, elle fit un trou de petite taille dans la vitrine. Lentement, elle passa la main pour s’emparer du précieux trésor. Toutes les alarmes avaient été désactivées pour lui permettre ce coup. Elle remercia silencieusement son acolyte, resté à l’extérieur.

Lorsque son butin fut en sa possession, elle ne s’attarda pas. Elle repartit par là où elle était entrée : une fenêtre qu’elle avait soigneusement prit soin de laisser entrouverte en partant de son travail la veille. Dehors, l’orage se faisait de plus en plus violent. La pluie lui fouetta le visage, de nombreux coup de tonnerre raisonnaient à ses oreilles. Un violent frisson la parcourut. Elle ne devait pas rester là.

Le plus rapidement possible, elle remonta la rue jusqu’à la camionnette de son complice. A peine eut-elle refermée la porte derrière elle qu’il démarra. Dégoulinante, elle enleva un gant pour passer la main sur son visage.

—  C’est le déluge dehors.

Steeve, un petit génie de l’informatique, mais aussi un ours-garou, maniait le volant d’une main de maître. Un petit sourire en coin ne quittait pas son visage.

—  A qui le dis-tu. Je suis trempée.

La chatte-garou chercha son butin dans sa sacoche. Lorsqu’elle le sortit, le geek siffla d’admiration. De nouveau éclairs se reflétèrent dans ses lunettes, faisant ressortir ses yeux bruns. La masse de cheveux noirs qui recouvraient son crâne arrivaient presque à cacher son regard.

—  C’est un gros caillou.

Le collier était composé d’une énorme pierre rouge sertie dans de l’or blanc.

—  C’est un diamant rouge. La pierre la plus rare et la plus chère au monde.

Steeve poussa un nouveau sifflement.

—  Et comment on va revendre ça ?

Mélissa haussa les épaules.

—  Je connais quelqu’un. Prend cette sortie.

Elle lui indiqua le chemin jusqu’à un énorme building. Il regarda la bâtisse d’un œil admiratif.

—  Ce quelqu’un doit être très riche.

Elle ne répondit pas et sortit sous la pluie diluvienne. Elle se dépêcha de rejoindre le porche, serrant contre elle le précieux paquet. Un portier dans une tenue rouge lui ouvrit la porte.

—  Monsieur Hanks vous attend au sommet. Je vous prierai de bien vouloir prendre l’ascenseur.

Mélissa hocha la tête avant de prendre la direction indiquée. L’appareil était déjà là. Elle s’engouffra à l’intérieur et appuya sur le bouton « toit ». Profitant de cet îlot de calme, elle ferma les yeux et souffla. Elle avait tellement besoin de cet argent. Elle ne pouvait pas se permettre de reculer maintenant.

Une petite sonnerie lui indiqua qu’elle était arrivée. Elle rouvrit les yeux, ajusta sa tenue, et s’avança. Le toit était en proie aux rafales de vents. Plissant les yeux, elle s’avança vers le centre. Un immense hélicoptère était posé dans un coin. Les hélices tournaient au ralenti. Il était prêt à partir. Regardant à droite et à gauche, Mélissa finit par apercevoir son interlocuteur.

—  Monsieur Hanks ?

—  Mademoiselle Olligan. Merci d’avoir fait le déplacement.

Un homme d’une bonne trentaine d’années s’avança vers elle. Il avait les yeux aussi noirs que ses cheveux. Son sourire aux dents ultra blanches était purement commercial. Mélissa resserra sa prise sur son trésor.

—  Je veux mon argent.

L’homme ne se départit pas de son sourire. Il fit un petit signe de la main et un homme qu’elle n’avait pas encore vu s’avança. Il tenait dans ses mains une valise. Sur un geste de son employeur, il l’ouvrit, révélant de nombreux billets prêts à s’envoler. Il la referma d’un coup sec.

La cagoule qui maintenant sa longue chevelure en place s’envola sous l’effet d’un coup de vent plus violent. Les cheveux dans le visage, elle n’était plus capable de discerner correctement son interlocuteur.

—  Où est le diamant ?

Lentement, avec des gestes précis, elle le sortit de son paquet. Elle le tint fermement dans sa main, tentant de distinguer son acheteur.

—  Ah, parfait. Il est tel que je l’imaginais.

D’un signe de la tête, il demanda à son employé de faire l’échange. Il s’avança vers la jeune femme et tendit la main vers le collier. Mélissa le ramena fermement contre elle.

—  Personne ne saura jamais que c’est moi ? Qu’est-ce que vous allez faire ?

D’un geste dédaigneux du poignet, il fit signe à son agent de se dépêcher.

—  Partir en vacances. Me mettre au vert. « Hiberner », si vous voyez ce que je veux dire.

—  Et vos affaires ?

L’homme semblait franchement agacé à présent.

—  Cela ne vous regarde pas.

Lentement, il se dirigea vers son hélicoptère. Malgré l’orage, il allait partir par la voie des airs. Son employé fit un nouveau mouvement vers le collier. Cette fois, Mélissa se laissa faire. Elle prit rapidement la valise qu’il avait dans les mains.

—  Tu peux la tuer maintenant.

—  Quoi ?!

L’agent la saisit par les épaules et la souleva. Mélissa essaya tant bien que mal de se débattre mais rien n’y fit. Elle hurla. Ses cris, emportés par le vent, ne parvinrent à aucune oreille. D’une simple poussée, il la fit passer par-dessus le rebord du toit. La valise s’ouvrit, laissant s’échapper les billets. Certains volèrent jusqu’à l’hélicoptère, se faisant découper au passage.

La peur au creux du ventre, les cris moururent dans sa gorge. Les yeux exorbités, elle ne pouvait que voir l’hélicoptère s’envoler avec le précieux trésor à son bord. Il lui sembla vivre sa chute au ralenti. Alors qu’elle voyait sa vie défiler devant ses yeux, une pensée lui vint : les chats retombent-ils toujours sur leurs pattes ?

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