CHAPITRE 51 Une fin de soirée fougueuse (Repris)
Éva m’enlaça et posa sa tête contre ma poitrine. Nous dansâmes un slow, serrés l’un contre l’autre. Sa présence me réconfortait. La chaleur de son corps, aussi douce qu’un soleil de printemps, apaisait mes maux. J’abaissai mes paupières, m’imprégnai de l’odeur fruitée de son shampoing. J’aurais aimé que cet instant ne s’arrête jamais. La valse de ses mains dans mon dos m’invitait à lui répondre. Chacune de nos caresses en appelait une autre, chacun de nos baisers s’éternisait. Impossible de décoller nos lèvres aimantées.
Un sifflement admiratif nous fit sursauter. Tels deux gamins pris en faute, nous nous écartâmes.
— Ce n’est pas trop tôt ! s’enthousiasma René. Je ne voudrais pas vous déranger, mais Colette et Claude vous réclament à l’intérieur.
Une vague de chaleur m’enflamma les joues. Voir de la fumée me sortir par les narines ne m’aurait même pas étonné.
— Euh… René… Si tu pouvais garder ça pour toi…
Il mima le geste d’une fermeture éclair sur sa bouche.
— Je te l’ai déjà dit, Augustin. Je suis une tombe. Vos affaires ne me concernent pas. En tout cas, je suis content pour vous.
— Tu as croisé Justin ?
— Marie lui a balancé un seau d’eau dans la tronche pour le faire dessaouler. Comme il avait besoin de points de suture, ta tante l’a ramené chez elle.
Éva agrippa mon avant-bras.
— Nous devrions peut-être rentrer, nous aussi, me souffla-t-elle. De toute façon, je ne tiens pas à rester ici plus longtemps.
Après avoir salué Claude, Colette, Jacques et les parents des mariés, nous nous installâmes dans la voiture d’Éva.
Un quart d’heure plus tard, je garai le véhicule devant l’hôtel, juste avant le début du couvre-feu. Le restaurant était presque désert. Les pensionnaires avaient déjà regagné leurs chambres, à l’exception d’un officier, accoudé au bar. Ce dernier posa son verre de whisky sur le comptoir. Lorsqu’il se retourna, un juron sonore m’échappa.
— C’est pas vrai ! Encore vous ?
Hans nous salua d’un geste théâtral.
— Bonsoir, Éva, bonsoir monsieur Augun.
— Hans ! s’exclama Éva. Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Je dois te parler. C’est urgent.
Je ne pus m’empêcher de frapper du poing sur le bar.
— Vous ne pourriez pas nous lâcher les basques, juste une fois ? Si vous n’avez rien à faire, partez donc jouer au G.I. Joe sur le front de l’Est !
Il s’approcha de moi et me tapota la joue. Je me retins de lui fracasser la bouteille de whisky sur le crâne.
— Ferme-la, le petit merdeux. C’est à cause de toi qu’on en est là.
— De quel droit me tutoyez-v…
— Augustin, s’il te plaît, m’interrompit Éva d’un ton sec. Laisse-nous quelques minutes. Va voir Justin.
Elle me pressa jusqu’au couloir et claqua la porte derrière elle.
Je fulminai. L’autre arriviste avait encore gain de cause. Il s’apprêtait une nouvelle fois à ruiner ma soirée romantique avec Éva. Il devait prendre un malin plaisir à nous suivre partout. Je commençai sérieusement à soupçonner le lieutenant Aldermann de m’avoir injecté un traceur GPS dans le bras lors de mon anesthésie, avant de me souvenir que nous étions en 1942.
Mes sombres ruminations m’accompagnèrent jusqu’à la maison de Marie, accolée à l’hôtel. Au milieu de la salle à manger, Justin laissait reposer sa main gauche sur la table pendant que Marie recousait sa blessure. Son air de chien de battu accentua ma mauvaise humeur. S’il espérait m’amadouer, il se fourrait le doigt dans l’œil.
— Aïe ! s’écria-t-il. Tu ne pourrais pas me donner un antidouleur, Marie ?
Elle réajusta ses lunettes.
— Avec l’alcool que tu as dans le sang, tu n’en as pas besoin.
Je m’installai à côté de Justin en réprimant mon envie de lui coller une gifle.
— Qu’est-ce qui t’a pris ? maugréai-je.
Il me lança un regard vitreux avant de baisser la tête.
— Je suis désolé. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. J’ai perdu le contrôle de mes nerfs quand elle m’a jeté le verre à la figure.
Ses excuses à la noix ne m’attendrissaient pas. Son comportement inadmissible me restait au travers de la gorge. Si René ne m’avait pas retenu, je lui aurais volontiers collé mon poing sur le nez. Je m’efforçai malgré tout de garder mon calme pour éviter d'envenimer la situation.
— Tu étais prêt à lui éclater la tête avec une bouteille, lançai-je d’un ton glacial. C’est la première et la dernière fois que tu menaces Éva.
— J’ai agi comme un…
— Comme un con ! acheva Marie. Mademoiselle Kaltenbrün n’est pas responsable de tes souffrances. J’ai longtemps pensé que tous les Allemands étaient des salopards, mais j’ai changé d’avis depuis que je l’ai rencontrée. Laisse-lui une chance.
La moue boudeuse qu’il esquissa aurait pu rappeler celle d’un gamin de dix ans.
— Tu parles… Elle ne me regarde même pas. Elle me considère comme un moins que rien. Elle n’a d’yeux que pour Augustin.
— C’est peut-être parce que ton cousin est plus agréable que toi, rétorqua Marie. J’espère que cette cicatrice te servira de leçon.
Elle coupa le fil et rangea son matériel.
Cette cicatrice… Je savais que Justin la garderait toute sa vie. Je comprenais mieux pourquoi il avait toujours refusé d’en parler. Son origine n’était pas très glorieuse.
Les épaules voutées, il marmonna des paroles inaudibles et monta se coucher. Marie lui emboîta le pas une fois sa trousse de secours refermée.
La relation entre Justin et Éva se dégradait de jour en jour. Leur dispute ravivait mes angoisses. Sans mon intervention, Éva serait peut-être hospitalisée à l'heure actuelle. Le souvenir du sang séché sur les pages de son journal intime me terrifiait. Justin m’avait-il envoyé ici pour lui éviter de commettre l’irréparable ? Hors de question de me contenter d’émettre des hypothèses. Même si l’idée de me retrouver coincé dans mon fauteuil roulant me donnait la nausée, je n’avais plus le choix. Je rentrerais à Boston dès que possible et engagerais un détective privé si nécessaire pour trouver des informations à propos d’Éva.
Je jetai un d’œil à l’almanach accroché à côté de la comtoise de Marie. La prochaine pleine lune pointerait le bout de son nez le 27 juillet, soit le lendemain. Je ne disposais plus que d’une journée en compagnie d’Éva avant de la quitter pendant un mois. Cette pensée me déprimait.
Les mains dans les poches, je me dirigeai vers l’hôtel en croisant les doigts pour que Hans se soit étouffé avec son whisky. Dans tous les cas, ce sale parvenu ne me gâcherait pas le temps qui me restait à passer avec Éva.
Des éclats de voix s’échappèrent du restaurant. Encore une dispute ? Je collai mon oreille contre la porte du couloir.
— Il faut que tu arrêtes de me suivre partout, Hans !
— Tu crois que je suis content de venir jusqu’ici pour t’engueuler ? Il a des soupçons, j’en suis sûr. Tu sais aussi bien que moi ce que ça implique. Tu ne peux plus te permettre de batifoler comme une écolière écervelée.
— J’en ai marre d’obéir à tout le monde. J’aime Augustin ! Ce n’est pas un jeu.
J’aime Augustin. Cette phrase se répercuta en écho dans ma boîte crânienne. Mon cœur se gonfla de bonheur, d’allégresse, de légèreté. Une envolée de papillons me chatouilla le ventre. Je me sentais presque pousser des ailes. Une bombe nucléaire aurait pu exploser à côté de moi sans que j’y prête attention.
— Tu te fous de moi, Éva ? Il a vraiment fallu que tu tombes amoureuse de lui ? Tu dois mettre un terme à votre relation, et le plus vite possible !
— Ne me donne pas d’ordre ! Je te l’ai déjà dit, je ne changerai pas d’avis.
— À cause de toi, nous sommes tous les trois en danger ! Reprends-toi, bon sang !
— Lâche-moi, tu me fais mal !
Mes muscles se raidirent. D’un geste du pied, je dégommai la porte et me ruai sur Hans. Le coup de poing que je lui décochai dans la mâchoire partit tout seul. Ma main endolorie me lançait, mais je m’efforçai de garder un visage impassible. Hans recula, se massa la joue et éclata d’un rire tonitruant.
— Pas mal, pour un petit roquet. J’ai presque senti quelque chose. Ne t’inquiète pas, je n’ai pas frappé ta princesse. Je tiens trop à elle ! Nous deux, c’est une vieille histoire, si tu vois ce que je veux dire.
Il m’adressa un clin d’œil exaspérant.
En guise de réponse, je lui jetai un regard assassin, serrai Éva dans mes bras et l’embrassai avec une passion déchaînée pendant de longues, très longues secondes, comme je n’avais jamais osé le faire auparavant. Surprise dans un premier temps, elle me rendit très vite mon intense baiser. Lorsque nos lèvres se décollèrent, l’autre abruti sirotait son whisky, un sourire amusé plaqué sur le visage.
— Vous êtes pires que des gosses, pouffa-t-il.
Il vida son verre d’une traite, récupéra sa veste et enfonça sa casquette d’officier sur sa chevelure de mannequin.
— Je t’aurais prévenue, Éva. J’essaierai de te protéger, mais je ne peux pas accomplir de miracles. Je vais me coucher. Soyez sages, les enfants. Ne faites pas trop grincer le lit, je voudrais bien dormir tranquille.
Il déposa un bisou sur la joue de son amie avant de disparaître dans les escaliers. Je jubilais. Adieu Captain America, et bon débarras.
Les cheveux en bataille, le teint rosé, Éva me dévisageait.
— Je… je suis désolé, bredouillai-je. Je ne sais pas ce qui m’a pris.
— Non, Augustin, ne t’excuse pas. Si tu réagis de cette manière chaque fois que Hans est dans la pièce, je vais lui demander d’emménager à l’hôtel.
— Quoi ?
Elle posa son index sur mes lèvres.
— Tais-toi et suis-moi.
Elle m’attrapa par le poignet, me traîna dans les escaliers jusqu’au troisième étage et me poussa contre la porte de sa chambre. Son regard bleu pastel se mélangea au mien. La flamme incandescente qui brillait au fond de ses yeux transperçait mon âme.
— Je t’aime, Augustin.
Ma poitrine et mon cerveau s’embrasèrent. Éva effleura ma bouche avec la sienne, recula, recommença, encore, et encore. N’y tenant plus, j’enroulai mes bras autour de sa nuque et la plaquai contre moi. Nos lèvres se chevauchèrent dans une cavalcade effrénée. La danse endiablée de nos langues affola mon palpitant.
Lorsque les mains d’Éva se faufilèrent sous ma chemise, des frissons aussi agréables qu’incontrôlables fourmillèrent le long de mon dos. Je humai son parfum vanillé, m’imprégnai de son odeur sucrée, embrassai avidement chaque parcelle de son visage, de son cou, de ses épaules, goûtai à sa peau avec délectation sans jamais me sentir rassasié. L’ardeur de ses baisers, la sensualité de ses caresses sur mon torse m’électrisaient.
Éva détacha la ceinture de mon pantalon. Face à l’intensité de mon désir, elle m’adressa l’un de ses sourires aguicheurs qui renversaient mon cœur. La pulpe de ses doigts frôla mon abdomen, glissa sur mon bas ventre avant de papillonner sur mon entrejambe. Ma respiration s’accéléra, mes soupirs s’amplifièrent. Le flux et reflux de ses mouvements experts sur mon intimité me rendait fou. Les flammes du plaisir me consumaient. J’essayai d’apaiser mon rythme cardiaque, de calmer le tumulte de mes fantasmes, de réprimer mon envie de la déshabiller, de contenir ma soif de la dévorer, mais c’était peine perdue.
Incapable de résister, je laissai mes lèvres descendre vers sa poitrine aussi douce que du satin, promenai mes mains le long de ses jambes, tièdes au toucher. Mes doigts s’aventurèrent sous les pans de sa robe avec hésitation.
— Ne t’arrête pas, chuchota-t-elle au creux de mon oreille.
Je remontai avec lenteur à l’intérieur de ses cuisses jusqu’à l’entrée de son jardin secret, en guettant la moindre de ses réactions. Elle abaissa ses paupières.
— Continue…
Sans la quitter des yeux, je frôlai son bourgeon humide, le caressai, le titillai un long moment. Éva entrouvrit la bouche. Les muscles de son ventre se contractèrent. Avec douceur, j’introduisis mon index en elle et déposai plusieurs baisers au creux de son cou. Elle tressaillit, se cambra, haleta, s’agrippa à ma nuque. Émoustillé par sa jouissance, encouragé par ses gémissements, j’accélérai la cadence en continuant de savourer chaque recoin de sa peau.
— J’ai très envie de toi, souffla-t-elle.
Sans interrompre notre étreinte, elle tâtonna contre la porte, appuya sur la poignée et m’allongea sur son lit. Elle dégrafa ma chemise à la manière d’un effeuillage, retira mon pantalon, se débarrassa de ses vêtements. La vision de ses courbes dénudées au-dessus de moi exacerba mon désir brûlant. Ma raison s’éteignit. Je cessai de réfléchir et m’abandonnai entièrement aux invitations voluptueuses d’Éva. Tout mon être lui appartenait. Il n’y avait plus qu’elle, moi, et les délices de l’instant.
Troyes, 27 juillet 1942
Je me réveillai aux aurores et admirai la silhouette d’Éva, allongée à côté de moi. Je n’avais jamais rien vécu d’aussi intense que cette nuit d’amour. Nos corps entrelacés, nos âmes entremêlées avaient établi une connexion profonde. Cette expérience charnelle et spirituelle unique, je savais que je ne pourrais la partager qu’avec elle.
Je me blottis dans ses bras. La chaleur et la douceur de sa peau contre la mienne, les souvenirs de nos ébats stimulèrent à nouveau mes sens. Mes mains vagabondèrent le long de ses jambes.
Elle ouvrit les yeux, m’embrassa tendrement et posa sa tête contre mon épaule.
— Tu as fait de beaux rêves ? me demanda-t-elle.
— Pour tout t’avouer, je n’ai pas beaucoup dormi. J’avais l’esprit ailleurs.
— Menteur, je t’ai entendu ronfler.
Elle effleura mon torse du bout des doigts.
— Augustin. D’où vient cette cicatrice que tu as sur la poitrine ?
Cette blessure, découverte en sortant du puits de la Kommandantur lors de mon premier voyage, avait guéri comme par magie. Je n’y pensais même plus.
— Ce n’est rien, répondis-je d’un ton évasif. Tu ne vas pas être en retard au travail ?
— Je crois que je vais prendre ma matinée, voire ma journée. Je leur dirai demain que j’étais malade.
— Ils ne risquent pas de débarquer ici pour venir te chercher ?
— Tu es paranoïaque. Détends-toi un peu.
Passer des heures avec Éva, à l’hôtel, dans sa chambre… Cette idée me séduisait beaucoup. Une multitude de pensées inavouables me traversèrent l’esprit. Mes joues s’enflammèrent.
— Tu as faim ? me hâtai-je de demander pour chasser les images qui se dessinaient dans ma tête. Tu veux que je t’apporte le petit-déjeuner au lit ?
Elle glissa ses doigts sous les draps, effleura mon ventre, s’arrêta un peu plus bas et m’adressa un sourire coquin. Ses caresses osées firent bouillonner toutes les cellules de mon corps.
— En fait, j’avais d’autres projets pour nous…
En fin d’après-midi, après avoir passé la journée à discuter, nous câliner, nous embrasser, Éva dut quitter l’hôtel quelques heures pour envoyer un télégramme urgent à son père. Il lui avait ordonné de rentrer à Berlin la semaine suivante, mais elle avait décidé de désobéir et de rester à Troyes, avec moi.
Je profitai de l’absence d’Éva pour monter dans ma chambre et rédiger deux lettres. La première, destinée à Justin, dans laquelle je lui révélai ma véritable identité, expliquait en détail toutes les grandes lignes de la vie qu’il mènerait en Angleterre, sa rencontre avec Maryse ainsi que les différentes étapes de son ascension sociale.
J’ignorais toujours pourquoi il m’avait envoyé ici, ce qu’il attendait de moi, jusqu’où j’étais censé le guider et l’accompagner. Si je mourais dans le passé ou dans le futur, Justin se retrouverait livré à lui-même. La survie de ma famille dépendait de son avenir. Grâce aux informations transmises, je m’assurais qu’il dispose, si nécessaire, de tous les éléments pour suivre son chemin.
La seconde lettre, plus intime, s’adressait à Éva. Si je disparaissais du jour au lendemain, je voulais qu’elle sache à quel point je l’aimais et lui avouer tout ce qu’elle représentait pour moi.
Une fois mes missives rédigées, je cachai les deux enveloppes sous mes affaires, dans ma commode.
Deux heures plus tard, Éva me rejoignit dans ma chambre.
— Augustin, il y a un problème avec l’évier. Tu peux venir voir, s’il te plaît ?
J’empruntai l’échelle de meunier et la suivis jusqu’à la salle de bain. Lorsque j’ouvris la porte, mes yeux s’écarquillèrent. Des bougies posées par terre éclairaient la pièce d’une agréable lumière tamisée. Deux verres de vin nous attendaient sur le rebord de la baignoire ainsi qu’un plateau chargé de fruits de saison, de tartines de pain et de viennoiseries.
Éva détacha ses cheveux, dégrafa un à un les boutons à l’avant de sa robe avec une infinie lenteur, et se débarrassa de ses vêtements qu’elle laissa glisser le long de ses épaules et de ses cuisses. Mon regard s’attarda sur chaque détail de son anatomie. Un désir fulgurant se dressa en moi.
Elle me lança un sourire enjôleur, enjamba le bord de la baignoire et s’immergea dans l’eau. Mon corps en pleine effervescence ne réclamait qu’elle.
— Qu’attends-tu pour me rejoindre, Augustin ?
*
* *
L’éclat argenté de la pleine lune scintillait à travers la fenêtre de la chambre. Éva dormait à côté de moi. Sur le chevet, son bracelet brillait d’une faible lueur bleutée.
Me séparer d’elle me déchirait le cœur. L’idée de me coltiner mon fauteuil roulant me rendait malade. L’unique satisfaction que je retirais de ce retour à Boston était de revoir mes sœurs qui me manquaient beaucoup. J’en profiterais pour leur faire mes adieux. Même si je savais que ce serait éprouvant, je ne reviendrais pas sur ma décision : je resterais vivre ici, avec Éva. Maintenant que je connaissais les fonctionnements de mes voyages, les contrôler serait un jeu d’enfants.
Je caressai les cheveux d’Éva en retenant mes larmes. Un mois… Ce n’était pas insurmontable, après tout. J’essayai de m’en persuader. Je devais y retourner. Chaque jour passé dans l’ignorance augmentait les risques qu’un drame se produise. Je la contemplai un long moment, gravai son visage dans ma mémoire et déposai un baiser sur son front.
— À bientôt, mon amour, chuchotai-je avant de poser ma main sur son bracelet.
Annotations