Derrière le mur

Volume 2

Mais de l’autre côté de la cloison, ce n’est point la même chanson.

Une donzelle hurle et crie depuis qu’elle a aperçu une souris.

— Jean-Philippe, mon ami, elle s’est glissée sous le lit ! Qu’attendez-vous pour le déplacer ? Qu’elle dévore tous nos billets ? Trop tard ! la perfide vient de filer sous l’armoire. Poussez-la ! Poussez-la, donc, vous dis-je ! Plus fort ! Encore ! Ah, oui ! comme ça. Oh, oui ! Je la vois ! Encore une fois ! Elle va sortir. Oh, ouiiiiii !!! Vous y êtes presque. Allez, le temps presse.

***

Mon baladeur est à fond. Impossible de monter le son, et l’autre qui continue de couiner. Manquerait plus qu’il lui donne la fessée. Ça suffit ! je n’en peux plus.

— C’est pas bientôt fini ! hurlé-je tel un labrador tout en haut d’un mirador. Y en a qui voudraient pioncer !

Les bruits s’arrêtent un temps, puis reprennent plus ardemment.

***

— Allez-y ! Que l’on en finisse. Allez ! encore. Allez ! plus fort. Ce n’est tout de même pas un minuscule rongeur qui va vous faire peur ! Je vous ai vu d'ailleurs plus d’une fois fricoter avec des bikeurs.

— Oh, Latatia, si vous saviez. Tout le mal que je me donne. J’y mets toutes mes forces. Ah, que le mobilier doit être fixé aux murs pour éviter qu’on ne le dérobe.

— Ah ! oui. Sûrement. Ah ! oui. Évidemment. Vous en savez des choses, Jean-Philippe. Plus qu’un époux, vous êtes pour moi un véritable maître spirituel qui m’enseigne chaque jour des leçons de vie. En attendant, ce fâcheux incident ne se serait pas produit dans d’autres établissements. Que vous est-il donc passé par la tête en réservant dans cet infect boui-boui ? Allez ! Au risque de gâcher ma manucure, je vais pousser avec vous sur les murs. Si les meubles refusent de bouger. Les murs finiront bien par céder. Oh ! oui. Comme ça. Oh ! ouiiiiii !!! Plus bas.

— Ah, que ma mie, vous vouliez de l’aventure. Même pour une nuit, vous rêviez d’évasion. Un Formule Un pour commencer me semblait une bonne - très BOOOOONNE - destination.

— Ah, mais, OUIIIIII, Jean-Philippe ! Que je suis sotte, sotte, sotte !!! J’avais totalement oublié cette lubie. Finalement, j’ai changé d’avis. Prenons nos Vuitton et partons d’ici pour de bon. Maudite souris, tu as gagné ! On te laisse la chambre et la clé. Suite présidentielle du Plaza, nous voilà !!! Ah, ça oui ! On t’aura !