3. GET UP AND FIGHT

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REESE

Cela fait des semaines que ça dure, des semaines qu'il m'évite, qu'il fait comme si je n'existe pas. Tous les soirs, je l'entends rentrer à point d'heure, je sais très bien ce qu'il a fait. J'aimerais le plaquer contre un mur, lui foutre un coup de poing et le forcer à m'expliquer ce qui ne va pas.

Je n’en est rien à faire qu'il me blesse, mais il fait souffrir nos parents, il les inquiets, ils ont peur pour lui.

Cette semaine, il a décidé de passer à l'étape supérieure, il a décidé de ne plus rentrer à la maison. J'accepte encore le fait qu'il parte au lycée sans moi, mais là, c'est trop. Les parents deviennent fous, ils sont même prêts à appeler la police. Il n’est pas le seul à subir la nouvelle, il n’est pas le seul que ça effraie. Mais on peut surpasser ça ensemble, parce que ce n’est pas en se déchirant que les choses s’arrangeront.

Alors je prends mon courage à deux mains, balaye ma timidité et sonne chez tous ses amis, jusqu'à ce qu'il y en un qui me dise où il est.

— Où est mon frère Antonio ?

— Il est parti quand j'avais le dos tourné. Reese, ton frère va tout sauf bien.

— Je sais. Mais il faut que je lui parle, qu'il arrête de se comporter comme ça.

C'est ainsi, que je me retrouve pour la première fois de ma vie, dans une boîte de nuit à chercher mon frère. Il fait sombre, seuls les projecteurs donnent un peu de lumière, la musique est plus qu’assourdissante et des milliers de gens dansent. Je ne sais même pas par où commencer, je suis complètement désorienté dans cet endroit qui met inconnue. Comment vais-je le retrouver dans tout ce monde ? Je tente tant bien que mal de traverse la foule, m'excusant à chaque fois coup que je donne, regardant chaque visage, mais à mon goût il se ressemble tous.

Je déteste ce genre d'endroits, je ne sens pas à ma place, je me sens oppresser. J’ai l’impression d’être un ovni, et en plus je DÉTESTE danser. Je n'ai qu’une envie : partir. Mais je ne peux pas, pas tant que je ne l'ai pas trouvé.

Je suis épuisé, en sueur, j’ai chaud, j’ai l’impression d’étouffer tellement l’air frais manque. J'ai la sensation que ça fait des heures que je le cherche. J'ai fait la boîte dans tous les sens possibles et inimaginable, vu des choses que j’aurais préféré ne jamais voir. Pour finir j’ai même réussi à me perdre, et à me demander comment j’en étais arrivé là.

Lessiver je me retrouve assis au bar, avec pour seul réconfort un simple verre d'eau, ayant perdu tout espoir de le retrouver.

C'est à ce moment-là que je vois une tête aussi blonde que la mienne avec son petit nez épaté et ses yeux marron. Scott est là à quelques mètres de moi une bière à la main. Je m'approche alors de lui.

— Salut frangin, dis-je assez fort pour qu'il m'entend sous la musique.

— Laisse-moi tranquille.

— Non, toi et moi ont rentre à la maison que tu le veuilles ou non.

— Tu as fait tout ce chemin pour me dire ça, va te foutre Reese.

Je lui arrache sa bière des mains et le fait descendre de son tabouret, il essaye de résister, mais il ne tient même pas debout. Le voire dans cet état me fait mal, de le voir souffrir en silence est insupportable, mais ce qui horrible, c’est de le voir malheureux et au plus bas. Pourquoi cet idiot n’a pas demandé de l’aide à quelqu’un ?

Je le soutiens jusqu'au pick-up où je récupère les clés dans sa veste en jean. Tout le long du chemin il proteste, il dit qu'il me hait, me déteste, mais je ne l'écoute pas, je ne le laisse pas m'atteindre. Quelques minutes plus tard, nous arrivons dans l'allée.

— Scott va falloir qu'on discute de certaines choses.

— Essaye toujours.

Après ça il a claqué la portière et rentre chancelant dans la maison. Moi je reste assis, soupirant de fatigue, de désespoir, le désespoir de faire comprendre à mon frère ma décision. Je ne veux pas gâcher le temps qu'il me reste à me disputer avec celui qui me connaît par cœur, celui dont je suis le plus proche.

Je finis par rentrer et tombe de fatigue dans mon lit. Si seulement tout pouvait être facile, si tout pouvait être différent.

Je suis en train de somnoler quand j'entends du bruit, je regarde désespérément mon réveil. Quatre heures du matin cela fait à peine une heure que je me suis couché, bordel qu'est-ce que fou encore Scott ? Ça ne peut être que lui de toute façon.

Épuisé, je descends l'escalier, comme par hasard, mon frère est habillé et il est sur le point de quitter la maison encore une fois. Mais cette fois-ci, je suis décidé à ne pas le laisserais partir, pas question :

— Tu nous quittes déjà ? Tu aurais pu attendre le matin.

Il soupire et se retourne vers moi.

— Je n'arrive pas à dormir, je vais juste faire un tour.

— Te fous pas de moi, dis-moi ce qui t'arrive, dis-moi ce qui ne va pas.

Il commence à faire les cent pas, se passant rageusement la main dans les cheveux.

— Ce qui ne va pas, c'est que t’a décidé de nous abandonner, d'abandonner Angel, les parents, moi ! Qu'est-ce qui ne vas pas chez toi ? s'emporte-t-il

— T'es sérieux là, tu crois que j'ai envie de mourir, que j'ai envie de vous quitter ! Dans l'histoire, ce n'est pas moi qui abandonne, c'est toi ! Tu gâches le peu temps qu'ils nous restent ! Qu'est-ce que tu fuis ?

— Tu veux tout savoir, j'ai peur de te perdre, j'ai peur de souffrir ! Je ne veux pas ressortir tous ça, alors je m'éloigne, je fais semblant d'être en colère contre toi ! Mais je suis en colère contre ta putain de maladie ! C'est ça que tu veux entendre !

Je tombe des nus, Scott est quelqu'un de très pudique sur ses sentiments. Je n'ai pas le souvenir qu'il me les ait montrées un jour. Toutes ses semaines, passées à me fuir, étaient son moyen de se protéger de ce qui allait arriver. Pourquoi je ne l'ai pas compris plus tôt ?

— Scott tu aurais du m'en parler.

— Tu sais très bien que les sentiments et moi ça fait deux.

Je n'ai pas le temps de dire quoi, qu’il a mit ses écouteurs et qu’il a passé la porte.

Mes parents, alertés par les bruits, sont descendus, ils sont là à me regardés avec tristesse. Je sais qu'ils ont tout entendus. Qu'ils ressentent la même chose que lui. Mais ils le montrent différemment, ils essayent toujours de me convaincre que les traitements me donneront plus de temps. Ils essayent de me garder le plus possible près d'eux comme si d'instant à l'autre, j'allais m'effacer. Scott n'est que le reflet de la colère qu'ils ont en vers ma décision, c'est aussi simple que ça.

SCOTT

Je cours de plus en plus vite, de plus en plus loin sans but précis. Je veux juste fuir, fuir tout ce que je ressens. Ma playlist de pop à fond dans mes oreilles essaye d'empêcher, tant bien que mal, mes émotions de me submerger. Je n'ai jamais exprimé mes sentiments devant mon frère, je n'ai jamais pleuré devant lui, je me suis toujours montré fort. J'ai toujours voulu le protéger, jouer au super-héros même quand j'étais au plus bas. Il n'a pas à porter tout ce que je ressens, ce n'est pas son rôle.

Mais ce soir, ce costume d'homme invincible, toujours heureux s'est effrité. Pour la première fois, j'ai évoqué ce que j'ai toujours redouté depuis des années, la peur de le perdre.

Et maintenant je suis assis là sur le trottoir en train de regarder le ciel, aux bords des larmes. Je regarde ses étoiles qui me fascinaient tant avant, mais que je déteste à présent. Elles n’auront plus la même signification dans un an, ce ne seront plus des milliers de points, non elles se seront réunis pour former son visage, avec son sourire et c’est tout va bien. Il me suffira de les regarder pour penser à lui et ça me fera mal parce qu’il sera en paix, pas moi.

Tu dois être fort, montre lui que tu ne l'abandonnes pas. Retiens tout ce que tu as sur le cœur et redeviens le super-héros que tu as toujours était pour lui. Aime-le chaque jour et arrête de tous gâcher, ta priorité s’est de le protéger.

C’est une promesse que je me suis toujours faite à son égard et que malheureusement pour lui, j’ai oublié. Oubliés que dans ce combat nous étions deux, oubliés qu’il souffrait autant que moi. Personne ne mérite qu’on l’abandonne après une nouvelle pareil et c’est ce que j’ai fait, je me suis défilé parce que ça me fait souffrir. Mais c’est mon devoir de tenir cette promesse qu’importe ce qu’il m’en coûtera, qu’importe si ça me brise ou que ça me détruit. Il est bien plus important que ça. À présent, je dois me racheter auprès de lui et auprès d’Angel, parce que dans mon égoïsme, je l’ai blessé aussi. Je l’ai évité, j'ai ignoré ses messages, ses appels, je l'ai abandonné comme Reese.

— Scott qu'est-ce que tu fais là ? Il est cinq heures du matin, dit-elle en ouvrant la porte les yeux à demi-clos.

— Désoler, j'espère que je n'ai pas réveille tes parents. Mais je suis venue m'excuser, je t'ai ignoré et je n'aurais pas dû. Je comprendrais que tu ne veuilles plus de moi comme meilleur ami parce que je crains.

— Arrête de t'excuser, Reese m'a expliqué quand ce moment tu n'allais pas fort. Mais tu aurais pu au moins répondre à mes messages.

Je baisse la tête me sentant coupable. Je lui dis bonne nuit, m'excuse encore une fois et rentre chez moi de mon plein grès, mon frère a besoin de moi…

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