SCOTT

Le cours est terminé et nous nous apprêtons à sortir quand :

— Scott, Reese, je peux vous voir.

Je soupire, cela fait des semaines que les professeurs nous convoquent pour parler. Je pensais, idiot comme je suis, que tout cela été fini, mais non.

— J'ai appris la nouvelle quand je suis rentré de mon congé maladie. Je suis désolé que vous est aille à traverser ça. Si vous avez besoin de parler, je suis là.

Il l’observe de la même manière que moi, ce regard triste, affligent, ce regard qu’il m’a temps reproché.

Nous le remercions et partons. Je ne sais pas pourquoi ils se sentent obliger de faire ça, ça ne vas rien changer du tout. Mon frère sera toujours malade et dans quelques mois, il mourra. Mais bizarrement, ses convocations ne gêne pas Reese, ça le rassure même. De mon côté, je fais semblent qu’elles m’exaspèrent, alors qu’au fond de moi tout ça me rappelle sa mort.

Mais j’ai aussi peur, peur que mon frère préfère se confier à eux plutôt qu’à moi. Je ne veux pas qu’il me pique mon rôle, je veux juste me sentir utile parce que je ne peux rien faire d’autre que de le soutenir. Malgré cela j’ai envie fuir, fuir sa maladie, oublier qu’il est mourant. En fait, j’essaye de faire comme si tout était normal, comme si on allait vieillir ensemble et que tout allait bien ce passé. Mais ce ne sont que des illusions qui me permettent de tenir, je me mens pour me protéger, pour éviter de penser à la douleur qui m'attend. Si seulement je ne pouvais rien ressentir, mais est-ce que ça serait plus facile ?

Nous sommes en décembre et il ne reste à mon frère plus que dix mois. Je ne veux pas qu'il perde plus de temps à tourner au tour d'Angel. Depuis leur premier rendez-vous, ils n'en ont pas eu d'autres. On va dire qu'ils ont été occupés ses derniers temps entre les cours, les fêtes et autres. Alors j'ai décidé de prendre les choses en main. Tant pis si mon frère n'aime pas mon approche, mais le temps manque.

REESE

Scott est extrêmement joyeux depuis quelques jours, il chantonne, danse, il n’y a qu’une seule raison à son comportement, mon frère prépare une surprise. Ça toujours été sa spécialité, organiser des fêtes ou des rendez-vous surprise. Quand on été petits, il aidait toujours ma mère a organisé ce genre d’événement. Il a toujours aimé faire plaisir aux autres, les voir heureux, et ça le mets de bonne humeur.

Le soir même, Scott me demande de me rhabille chaudement. J'enfile mon sweat, prends mon bonnet, des gants et mes rangers tout en le questionnent :

— Scott qu'est-ce que tu prépares ? Tu m'emmènes où ? Avec qui ?

— Arrête de poser des questions et monte dans la benne.

Je m'installe à l'arrière du pick-up attendant dans le froid que mon frère revient. Bon dieu, mais qu'est-ce qu'il lui prend autant de temps ? C’est alors qu'Angel me rejoint dans l'incompréhension la plus totale.

— Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

— Je pense qu’il a eu une idée géniale.

C'est aussi simple que ça mon frère m'organise un deuxième rencard, s'il nous emmène là où je pense, c'est qu'il ait un génie.

SCOTT

Je monte les étages quatre à quatre et prendre rapidement les deux couvertures que j'ai failli oublier.

— Bonne soirée, dis-je à mes parents avant de disparaître.

Les pauvres, ils n'ont pas dû comprendre ce qui se passait, tout comme mon frère et ma meilleure amie qui m'attende dans le froid. Je prends le volant et démarre la voiture. Je roule pendant quelques minutes les fenêtres ouvertes et Castle on the hill d'Ed Sheeran à fond. C'est une de mes chansons préférée et j'aime le faire savoir, je chante à tue-tête brisant le silence de la nuit. Reese doit penser que j'ai un sérieux problème ou pire que j'ai pris de la drogue. Mais je m'en fiche, je suis heureux et cela fait une éternité que je n'ai pas été dans cet état. Alors à part moi, personne ne peut m'enlever ma bonne humeur.

Nous arrivons quelques minutes plus tard dans un endroit désert. J'arrête la voiture et prends les couvertures.

— Les gars, on a un petit problème, je crois que j'en ais oublié une. Va falloir que vous vous en partager une.

Je fais un clin d'œil à mon frère qui sourit. Je monte dans la benne et m'installe à côté de Reese. Je lui tends le plaide qu'il étend sur leurs jambes. Enroulés dans celles-ci, nous regardons les étoiles.

— On avait huit ans la première fois qu'on ais venu, vous vous en souvenez ? dis-je

— Tu nous avais entraînés là, tu voulais qu'on voie à quel point c'était magnifique. C'est là que notre amitié à commencer, répond Reese

— Et je ne regrette rien, sourit Angel

On a toujours aimé cet endroit, on essaye d'aller le plus souvent possible. Mais on a grandi et on n’y est plus revenu depuis des années. Pourtant, l'amitié qui nous lie à Angel avait commencé ici.

***

2008

— Scott, notre nouvelle voisine lance des cailloux à ma fenêtre. Elle m’a dit de t’appeler, me réveille Reese.

Je me lève, je me rends vers sa fenêtre et l’ouvre :

— Salut, qu’est-ce qui se passe ? je lui demande

— Habillez-vous, j’ai truc à vous montrer.

Je regarde mon frère et en une seconde une décision est prise. On s’habille chaudement et descendons les escaliers sans faire de bruit. Nous la retrouvons alors dehors :

— Où veux-tu nous emmener …?

— Angel, je m’appelle Angel

— Lui, c’est Reese et moi Scott

Sans plus d’explication et sans nous attendre, elle commence à parti. Nous l’attrapons et en silence marchons des minutes et des minutes. Elle s’arrête alors dans un endroit qui nous est complètement inconnue. Angel vient à peine d’emménager qu’elle connaît le quartier mieux que nous.

— Asseyiez-vous et observes, dit-elle en indiquant le ciel.

C’est magnifique, pas la moindre lumière vient perturber celle des étoiles, pas un bruit ne trouble la tranquillité de l’endroit. Je suis fasciné par le spectacle que je vois. Toutes ces constellations que je connais sur le bout des doigts. Ça me transporte dans un univers, une galaxie que je rêve de découvrir dans connaître les moindres recoins, et de voir la Terre depuis la station spatiale. Les étoiles ne sont qu’une partie de mon rêve.

Mais quand je me retourne vers Reese, le ciel n’est pas ce qu’il l’intéresse. C’est Angel qui requiert toute son attention, tout son émerveillement. Il l’aime et il ne s’en doute pas une seconde. À cet instant, je sais qu’il l’aimera longtemps.

***

Dix ans plus tard, la même scène se joue. Il la regarde comme pour graver son visage dans sa mémoire, comme s'il avait peur de la voir disparaitre. Il la regarde avec tout l'amour qu'il a pour elle. Leurs mains sont enlacées, si seulement elle savait à quelques points il l'aime.

Cette vision me remplit le cœur de joie, et je regarde ce ciel qui m'a toujours fasciner. Ce ciel dont il fera partie. Il fera partie des étoiles et il sera sûrement la plus brillante de toute. Je n'avais pas envie de penser à ça ce soir et pourtant. Tout me ramène à sa fin, à sa mort prochaine. Je n'arrive pas à penser à autre chose et ma bonne humeur s'est envolée. Alors retenant mes larmes, je leurs dis :

— On devrait rentrer avant d'attraper froid.

Sans plus un mot, je monte dans le pick-up et démarre la voiture. C’est alors que les premiers flocons de l’année tombent, comme les quelques larmes qui coulent sur mon visage. Pourquoi mon frère doit mourir ? Pourquoi il doit quitter celle qu'il a toujours aimée ? Pourquoi il doit m'abandonner ?