Chapitre 5 ~ Your stare, your glare, makes me lose track of time
Les arrêts dépassés les uns après les autres, je n'ai jamais connu pire torture. Ce cahier me brûle la main, mais je ne peux le lâcher. Ce serait risquer de le perdre.
C'est le dernier arrêt avant le nôtre. Mes mains se mettent à trembler. Je la regarde encore une fois. Elle a eu la chance de passer ce voyage sans la moindre pression. De tout le trajet, elle est restée la tête collée à la vitre, le visage fermé. J'aurais bien aimé savoir pourquoi elle était soucieuse, mais je dois m'arrêter là.
La porte s'ouvre. Nous nous dirigeons vers l'extérieur. Je me décide à l'appeler :
— Mademoiselle ?!
Elle ne fait pas attention à moi. Elle attend, au bord du passage piéton, prête à traverser. Seule cette rue la sépare désormais de chez elle. Malgré mon premier cri, je n’existe pas. Les solutions à ma situation s’amenuisent au fil des secondes qui s’écoulent. Elle risque de trouver étrange que je connaisse son nom, mais bon. Foutu pour foutu.
— Almia !
Elle se retourne et elle me fixe de son regard émeraude un instant. Le temps s'arrête et dans cet échange silencieux, il me semble qu'elle me reconnaît. Je n'ai jamais été aussi heureux. Je relève ma main portant son journal. Elle me sourit et son visage s'apaise enfin. Je n'aurais servi à rien si j'ai pu la rendre heureuse en lui témoignant de l'attention.
Puis elle se retourne et s'engage sur la chaussée, où une voiture la percute de plein fouet, la faisant s'envoler telle une poupée de chiffon.
Avant de retomber, désarticulée, immobile, comme endormie.
Morte.
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