Chapitre 21 ~ Shame on my eyes, thinking you were real

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La réalité se confond avec mes souvenirs, mes rêves et mes appréhensions pour l'avenir.

À de nombreuses reprises, il me semble apercevoir Almia. Mais à chaque fois, lorsque je m'approche d'elle, son visage adopte l’expression de ce fameux soir, du moment suivant son vol plané, de l'instant où elle a atterri sur la chaussée, morte. Du sang tachant son merveilleux visage. Et puis elle disparaît.
Malgré cette répétition sadique, à chaque nouvelle apparition, je me laisse prendre. Et mon espoir est saboté une fois de plus.

Monde cruel.

J'ai, il me semble, passé la journée suivant ma crise d'angoisse à dormir. À moins d'en avoir passé deux. Voire trois. Qu'est-ce que j'en sais, après tout ? Elle n'est plus là pour me réveiller au coucher du soleil.

J'ai l'impression qu'un filtre s'est déposé sur mes yeux. Ou peut-être est-ce la brume de mon esprit qui a réussi à altérer mes capacités physiques ?
J'ai perdu notion du temps, points de repère et sens à ma vie. J'ai sûrement aussi perdu mon cœur, mon humanité, mon âme, qui sait ?

Il est 22h, les rues de Paris sont aussi désertes que la nuit du Nouvel An. Je déambule au hasard, sans but. Si encore j'avais une direction, une destination, je pourrais dire que je me suis égaré. Sauf que ce n'est pas mon cas. Je regarde à peine devant moi, incapable de voir ce monde clairement, pourtant pas une fois je ne percute quoi que ce soit.

Heureusement, je ne croise la route de personne. Je hais actuellement la totalité de cette planète. Tous des imbéciles qui seraient incapables de comprendre ma peine. Je pourrais tous les étriper si cela pouvait me soulager un peu, ne serait-ce qu'une seconde.

Cette douleur lancinante dans ma poitrine ne me lâche pas. Les lumières artificielles produites par les lampadaires m'agressent les yeux.
L'amertume et le désespoir ont un goût acide dans ma bouche.

Je marche.
Un pied devant l'autre.
Éviter ce trou sur la chaussée.

Chagrin

Un pas de plus.
S'éloigner de mon cocon.
Fuir cet endroit où les vestiges de mon passé attendent mon retour, pour mieux me le faire regretter.

Souffrance

Trop de larmes pleurées.
Plus une goutte de cette eau salée ne peut couler.
Torture interne.

Un souvenir de trop, une note dissonante.

Je m'arrête une seconde et rends le maigre contenu de mon estomac.
Je vomis.
Rage
Deuil
Désolation.

J'ai soif, tellement soif… Et j'ai si mal.

Le manque d'eau dans mon organisme déconnecte ma tête. La chute est dure, ce qui vient ensuite l'est moins, presque agréable.

Quelque part dans la banlieue parisienne, un corps gît, face contre terre, sous une pluie battante, aussi froide que la neige de la semaine passée.

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