Chapitre 25 ~ J’lui ai proposé avant qu’elle traverse si elle savait le courage qu’il m’a fallu pour que j’ose

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Jeudi 17 décembre 2026

Salut Sam...

Mon cœur s'arrête, puis redémarre avec difficulté. L’écriture d’Almia me laisse abasourdi. Elle ne m’a connu qu’une fois séparée de son journal. Elle n’aurait jamais dû pouvoir tenir son carnet ou un stylo. L’anxiété monte alors que je relis les deux mots.

Je t'en prie, si je suis encore à tes côtés, ne lis pas ce qui va suivre. Tu es celui en qui j'ai actuellement la plus grande confiance. S'il te plaît, ne brise pas ça.

Allons-y...

Tout d'abord, je te demande pardon, Sam. Je savais que je finirais par partir. C'était comme un sablier interne, un signe que mon répit s’ammenuisait. J'ai très largement dépassé le temps qui m'était donné. Ainsi que les règles et les limites communément admises. À partir du moment où on se « réveille » mort, on sait tout ça. De nouvelles connaissances que l'on n'a jamais apprises sont là, comme par magie. Je n'aurais pas dû pouvoir te toucher, ni te voir aussi longtemps. En règle générale, la limite est d'un mois pour les plus résistants. Certains ne peuvent pas bénéficier de ce sursis, et vont directement… là où je dois me trouver actuellement.
Mais moi... je t'avais à mes côtés. Et tout a changé. Je m'imaginais déjà pouvoir rester auprès de toi pour toujours. Mon cœur ne battait que pour me donner un sursis jusqu'à chaque coucher du soleil. Être avec toi me permettait de tenir un jour de plus. Malgré cela, tous les matins je t’embrassais et te regardais comme si ça devait être la dernière fois

Mais à l'heure où je t'écris, je sens que je la frôle, cette limite. À côté de moi, tu dors paisiblement. Je serais volontiers restée contre toi, à t'observer durant des heures, des jours, mais l'aube pointera bientôt et il faut que j'écrive ça. Tu dois savoir à quel point tu es… parfait, Sam. Et même bien plus que ça. Tu es drôle, prévenant, le plus beau à mes yeux, généreux, adorable… Je n'ai même pas les mots pour tout. Je n'ai pas ta plume, alors je ne saurai jamais te traduire mes sentiments aussi bien que tu le ferais et que tu l'as fait, ce soir-là, quand tu m'as dit que tu m'aimais. Je m’excuse de ne te laisser que ce texte misérable, essaie de lire mon amour entre ces lignes. Cette nuit-là fut une des plus belles de mon existence, si je peux dire ça comme ça. Ça m'a tellement chamboulée, j’ai cru que je divaguais. Et ce sablier m’effrayait. Mais je n’ai jamais autant aimé de ma vie, alors j’ai enlacé ce bonheur avec toute la force que j’avais. Et j'ai eu l'impression d'être morte une deuxième fois. De bonheur. D'amour.

Dans une période sombre de ma vie, tu étais toujours là, à veiller sur moi. Mon seul regret est qu'il ait fallu ma mort, ou les quelques instants avant, pour que je le sache. Mais malgré cela, même après mon dernier soupir, tu as tout fait pour moi. Je suis tellement désolée que tu aies dû mettre ta vie de côté pour moi, mais, égoïstement, je souhaitais continuer. Je t'en prie, pardonne-moi pour ça, pour ces soirs où j'ai eu du retard. Je voyais bien que je te faisais du mal et je m'en mords les doigts.

Mon cœur se brise en pensant à ce soir où je ne reviendrai pas. Pas plus que les soirs d'après. J’ai tellement peur de te faire souffrir, en restant plus longtemps, en te volant ce temps et en te faisant espérer. Mon cœur se broie en t'imaginant tourmenté par mon absence. Et puis, après tout, je dis ça, mais peut-être que je m'imagine des choses. Peut-être sera-ce une délivrance pour toi. Je pense néanmoins que c'est plus sain que tu puisses reprendre une vie normale. Ton avenir n’est pas aux côtés d’un cadavre.

Ne te tourmente pas trop pour mon absence, si ça a été le cas. Vis pour moi. Rien ne me rend plus heureuse de vous savoir ensemble, Koridwen et toi.

Maintenant encore, je me rappelle du soir où je suis apparue chez toi. Où en serions-nous si tu n'avais pas ouvert mon journal à ce moment-là ? Cela me paraît dater d'une éternité, voire plus… Je me dis aussi que j'aurais peut-être mieux fait de vraiment te donner une chance, en m'arrêtant au bord de cette route. Mais, tu sais, entre Nolan et Talya, j’avais perdu tout ce qui me liait aux autres. J’étais terrifiée de me faire mal, je n’avais pas la force pour tout ça. La solitude et l’attrait de la paix valaient mieux qu’une énième déception. Alors, comme une imbécile, j'ai traversé. Pourtant que je l'avais vue, cette voiture ! Je me suis jetée sous ses roues…

Il y a tellement de choses que je voudrais te dire. Par la fenêtre, le noir d'encre du ciel tend à s'éclaircir. Le temps m'est compté. L'éternité ne nous suffirait pas, donc je conclus et je profiterai de ce que nous parviendrons à obtenir.

Sache ce qui va suivre et ne l'oublie jamais.
Je t'aime Sam. Je t'aime plus que tout, plus qu'on ne t'a jamais aimé, plus qu'on ne t'aimera jamais. Je t’aime plus qu’il ne l’est permis, plus qu’il est possible. Je t’aime pour toujours et même la mort n’a rien pu changer à cela. Si tu le veux bien, je vivrai éternellement dans ton cœur, le seul endroit que je n'aie jamais désiré en ce monde.

Ta femme, à jamais,

Almia.

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