10.2

Une minute de lecture


Les arcanes et la religion n’avaient jamais été une composante majeure de l’éducation de Benabard. Il n’avait aucune raison de croire en la sainteté d’un lieu de magie et de culte plus qu’en celle d’une écurie. Pour autant, ce fut vers le temple qu’il se précipita après que la dénommée Gerane l’eut encouragé à se cacher. En définitive, il ne songea même pas à aller au camp des artistes, un mur devant être plus solide qu’une toile et un moine plus à même d’offrir l’asile qu’un forain.

Les édifices de Soun-Ko étant hauts, le temple avait été bâti au sommet d’un dédale de marches vertigineux pour asseoir sa domination sur la ville. L’ascension de ce piédestal parut interminable à Benabard.

Il eut beau courir, trébucher, se trainer le long de cet escalier aussi longtemps que ses forces le lui permirent, le monument architectural lui semblait toujours aussi loin. Plus, peut-être.

Lorsque l’adrénaline redescendit, fatigue aidant, Benabard s’écroula. La nuit était sombre. Les lanternes suspendues aux toits et aux balustrades des bâtisses environnantes ne propageaient pas leurs lueurs jusqu’à la Grand-Place. Ne restait que les projecteurs du chapiteau pour l’éclairer. En dépit des dizaines, peut-être des centaines de marches que Benabard avait la certitude d’avoir gravi, la structure de fer et de textile semblait encore si proche… Une sueur froide glaça l’échine de l’adolescent. Galvanisé par le frisson qu’elle lui provoqua, il reprit sa course, avalant les degrés à grandes enjambées. Rien n’y fit. Il eut l’impression d’avoir reculé en rejetant l’œil en arrière.

Les larmes ruisselèrent sur ses joues comme d’une fontaine au mécanisme rompu. La situation lui échappait. Les jambes flageolantes, il redescendit les marches. En moins de temps qu’il ne lui en fallut pour s’en rendre compte, sa semelle touchait au pavé de la Grand-Place.

— C’est absurde… s’effraya-t-il.

Un sentiment de crainte et d’urgence lui déchirait les entrailles et cette douleur inouïe le paralysait. À travers ses larmes, il entrevoyait la mort.


Annotations

Vous aimez lire Ana F. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0