I N T E R L O G U E - Bonus

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Salutations, Amis Lecteurs ! En travaillant sur l'interlogue, j'ai écris plusieurs versions et posté ma préféré, mais je me suis dis que quitte à vous faire attendre pour la suite du premier chapitre, je pouvais vous donner ma deuxième scène préféré pour vous faire patienter !


Ana :)

Ombre détalait, bondissait, patinait sur le parquet lustré à chaque virage. Malgré ses détours et ses feintes désespérées, son poursuivant refusait de se laisser semer. Pour un vieux chat qui n’avait jamais eu à courir chasser la souris, un bambin de trois ans constituait une menace sérieuse.

Abelard courrait tant qu’il avait de jambe. Son rire fou, entrecoupé de grognements de fauve, résonnait partout dans le castel comme les manifestations d’un spectre particulièrement amusé.

Au détour d’un couloir qui se terminait en impasse, une porte entrebâillée offrit à Ombre une échappatoire providentielle. Il se faufila par la fente en poussant un miaulement de détresse. Abelard, qui ne perdait pas sa trace, enfonça le panneau de toutes ses forces en poussant un cri de prédateur. Sa proie le désintéressa à la minute où il vit ce que contenait la pèce, cependant. Un montage de paquets cadeaux aux emballages colorés s’y entassait, certains plus hauts que lui.

Son anniversaire remontait à plusieurs lunes, mais il se souvenait en avoir reçu beaucoup à cette occasion et en conclu que ceux-là aussi devaient lui être destinés. Pendant que le chat de sa sœur se réfugiait sous un meuble, il réclama son dû à grands coups d’ongles.

— Abelard, j’essaie de dormir, râla une voix ensommeillée depuis la pièce adjacente. Fais moins de bruit.

Ces mots lui firent oublier le cadeau dont il déchiquetait l’emballage aussi vite que ledit cadeau lui avait fait oublier Ombre.

— Yue ! s’exclama-t-il.

Ignorant son injonction, il se précipita dans sa chambre à pas sonores, grimpa sur son lit et s’en fit un trempoline.

— Yue ! Lève-toi ! Lève-toi ! Viens voir !

Un grognement inintelligible s’éleva de sous les couvertures.

— Allez ! Allez ! Y a déjà le soleil ! Lève-toi ! Viens jouer avec moi ! J’ai plein de nouveaux jouets ! Viens voir !

Résignée, Yue s’étira dans un concert de craquements osseux et se redressa contre sa tête de lit.

— Si tu parles des paquets qui sont dans mon bureau, ils ne sont pas pour toi. Ce sont mes cadeaux. Pour ma promotion, tu te souviens ?

La dure réalité lui fit passer l’envie de sauter. Son sourire se retourna.

— Mais… Tous les cadeaux ?

— Tous.

Les grands yeux bleus d’Abelard s’emplirent de larmes. Pour le distraire de sa déception avant qu’il ne pleurât pour de bon, Yue se dépêtra de ses couvertures, encra ses pieds au sol, saisit le petit garçon sous les épaules et le propulsa en l’air avec entrain. Il poussa un cri de rire en s’élevant, le répéta à chaque élan, vrillant les tympans de Yue.

— Encore ! Encore ! réclama-t-il quand elle le reposa.

Une pluie de coups s’abattit sur la porte de la chambre qui donnait sur le couloir. Sans autre sorte de politesse, Aline entra, les sourcils froncés sur un visage rouge.

— Où est Ombre ? tonna-t-elle. Jusqu’où tu l’as chassé, encore ?

Abelard glissa sous le lit avant même d’entendre la fin de sa phrase.

— J’ai rien fait ! Laisse-moi !

— Menteur ! Sors de là ! Je te parle !

— Non !

— Espèce de…

— Aline, intervint Yue. Regarde dans le bureau, j’ai entendu miauler par là-bas tout à l’heure.

Aline croisa les bras sur sa blouse, une main serrée autour du pendentif en cristal rouge hérité de sa mère, l’air de prendre la défunte à témoin.

— Toi, va regarder. Tu l’as laissé entrer, alors fais le sortir.

Épargnant l’effort de le chercher à quiconque, Ombre sortit de sa cachette, guidé par la voix de sa propriétaire. Aline le prit dans ses bras, lissa son poil grisonnant d’une main protectrice et sortit en grommelant.

Yue leva les yeux au ciel. Ses rapports avec Aline ne s’amélioraient pas avec le temps. Malgré leurs efforts respectifs pour ne pas rentrer à la baronnie aux mêmes dates, elles finissaient toujours par se croiser au moins une fois l’an et par se disputer au passage.

Yue se pencha sur la cachette d’Abelard.

— Tu peux sortir, elle est partie.

Il rampa vers elle, un gros mouton de poussière accroché à ses cheveux. Yue remarqua qu’ils commençaient à foncer et le soupçonna de couver une chevelure rousse pour dans quelques années.

— Aline, elle crie tout le temps ! ronchonna-t-il, en s’époussetant.

Un sourire ironique titilla la lèvre de Yue.

— Je sais. C’est désagréable, hein ?

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