104.3

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Amis Lecteurs, ce début d'arc est compliqué alors pour pas rester bloquée, je me jette à l'eau, morceau par morceau. Mon ménage avance bien dans l'arc d'avant. Je l'aurais bientôt fini et lesdits morceaux arriveront plus vite... je crois ? Je suppose que c'est une bonne nouvelle ?

Ana, dubitative.

Zyanya Xoconen aimait boire, jouer, rire et parler fort ; en cela, elle correspondait à l’idée que le monde se faisait d’un vieux marin et personne ne s’étonnait de la savoir capitaine d’une unité d’Ailes de l’Eau. Ses subalternes aussi étaient connus pour savoir s’amuser. Partout où ils allaient, l’alcool coulait à flots, les chansons claironnaient et les bagarres éclataient à tout va. En comparaison, les officiers de la protection civile passaient pour une bande d’enfants sages.

À peine arrivé à la caserne centrale, les draconniers de la base navale s'étaient mis en devoir de désinhiber leurs hôtes à grands coups de bière et d’hydromel. Le capitaine en remplissait des chopes à tour de bras pendant que son équipe les distribuaient à l’assemblée. C’était leur façon de dire bonjour.

— Buvez, les minots ! criait intempestivement Zyanya entre autres encouragements. Ça fortifie !

Isaac la soupçonnait de se tromper sur ce point, mais l’odeur sucrée de l’alcool de miel attisait sa curiosité. Il attira l’attention de sa sœur d’un léger coup et, d’un regard entendu, lui demanda la permission d’en gouter. Yue la lui refusa d’un froncement de sourcil bref, mais catégorique.

— S’il te plait… insista-t-il d’une petite voix suppliante.

Yue leva les yeux au ciel, puis signa à Bard de lui servir une gorgée de ce qu’il demandait. Le fabuleux s’exécuta.

Zyanya, qui les observait du coin de l’œil depuis un moment, se souvint alors d’un passage important d’une lettre que le commandant de la caserne centrale lui avait envoyé quelques décans plus tôt ; il y était question d’une princesse de l’Est et d’un dragon qui lui obéissait au doigt et à l’œil.

— Mez. Je crois que c’est lui.

L’interpellée piquait de nez, assise entre deux fûts. S’entendre appeler la secoua à peine.

— Mez !

Rappelée à ses sens, Mezmona se redressa d’un bloc.

— Oui, Capitaine ! jeta-t-elle, confuse.

— Rah, mais t’est complétement à l’ouest, toi ! râla Zyanya. Je te dis que c’est lui, le grand debout dans le coin, là à côté de la fille toute blanche qu’à les longs cheveux noirs. Va. T’es venue que pour ça, non ?

Encore un peu hébétée, Mezmona suivi le regard du capitaine jusqu’à repérer celui qu’elle désignait. Ce ne fut qu’en l’identifiant qu’elle comprit de qui il était question. Son cœur s’emballa, chassant tout ce qui restait sa somnolence.

— Vous êtes sûre que…

Le capitaine la poussa du pied, coupant court à toutes ses velléités.

— Va, je te dis. Tu lui poseras tes questions directement.

Non sans lui darder un regard courroucé par-dessus l’épaule, Mezmona s’éloigna, pleine d’appréhension mais aussi d’excitation. Sa traversée du mess bondé lui parut interminable. Son impatience dut se voir, car sa cible leva les yeux vers elle bien avant qu’elle n’atteignît sa tablée. Mezmona s’efforça de ne pas perdre contenance sous leur feu, de le dévisager avec autant d’aplomb qu’il la dévisageait.

Mezmona se souvenait avoir réfléchit à ce qu’elle lui dirait en le rencontrant, mais pas de ce qu’elle avait décidé au bout du compte. Avec de la chance, il comprendrait tout sans rien avoir à entendre.

Une fois campée devant lui, elle lui tendit la main pour l’inviter à la serrer. Le fabuleux resta interdit de longues secondes. Il examinait sa main et Mezmona se délectait de la question qui naissait au coin de ses yeux brûlants.

— Mes écailles te font peur ? le taquina-t-elle.

Mezmona n’aimait pas particulièrement avoir des griffes au bout des doigts mais trouvait ses mains plutôt jolies, réhaussée de vert, bleu, rose et or. Lorsque l’autre fabuleux leva enfin la sienne, elle put constater qui lui aussi pouvait se venter d’avoir une jolie parure. La sienne n’avait aucune couleur à proprement parlé, mais un éclat adamantin captivant.

Leurs mains se serrèrent. Mezmona trouva celle de son comparse rugueuse. Tiède, aussi. Presque froide, compte tenue de ce à quoi elle s’était attendue.

— Je suis Mezmona, se présenta-t-elle au fabuleux hagard. Moi aussi, je suis un dragon.

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