MON COEUR EST UN FANAL
Moins d'une minute de lecture
En ces jours indolents où tout écorche et blesse,
Jusqu’à l’écœurement je buvais d'un long trait
L’adolescence amère et, plein d’un songe abstrait,
Je regardais passer l’Amour et ma jeunesse.
De cette étrangeté du geste et de la voix,
Je recevais, béat, l'émotion profonde
Et devinais très tôt, dessous la frange blonde,
L'ivresse et la douleur de mon chemin de croix.
Ainsi tout était dit dès cette aube dévote :
L’Amour, ce maître obscur, me tenait à sa botte.
Je l’ai suivi partout pour connaître et savoir
Les saveurs, les parfums de l'étreinte subtile ;
Mon cœur est un fanal que chacune peut voir,
Lorsqu’à la nuit venue elle cherche un asile.
Annotations