LE BONHEUR ABSOLU
J’ai rêvé des maisons construites comme un jeu,
Autour de cris d’enfants et de rires sonores ;
L'on y voyait aussi, sous un soleil de feu,
Quelques bancs disposés sous de frais sycomores
Où des anciens repus venaient causer un peu.
J’ai rêvé des amis au plus près de ma voix,
Tous issus de mon cœur et formant colonie,
Qui racontaient parfois leurs souvenirs grivois
Dans les soupers fameux de mon Apollonie,
Puis nous disions des vers et nos peines parfois.
J’ai rêvé des amours, sans attache à mes jours,
Fécondes cependant et toujours enflammées,
De toutes les couleurs et de tous les velours,
Qui savaient dissiper, de leurs bouches aimées,
Les ombres qui venaient rôder aux alentours.
J’ai rêvé des saisons sous un soleil joufflu,
Des maisons sans absent, des fièvres sans séquelles,
D'intenses amitiés d'un culte résolu,
Et d’un souffle puissant qui donnait à mes ailes
L’irrésistible élan d’un bonheur absolu.
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