... défendus.

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Les traits d'Avarosa étaient inefficaces contre la vigueur de la carapace de la demoiselle, et son valet la protégeait avec l'opiniâtreté d'un démon qui aurait vaincu la mort. Leurs mouvements n'étaient pas précis car ils tourbillonnaient comme si l'ivresse du combat se disputait à celle des alcools qu'ils empestaient. Pour autant, la brutalité de leurs pattes aussi aiguisées que des lames de rasoir s'avèrerait létale. La formation défensive avait bien vite été rompue pour cette raison : en restant proches, nous risquions de nous gêner.

Enhardi par une parade, Furion tâcha de contre-attaquer mais le valet régurgita une nuée de larves cependant qu'un cri aigû sortit de sa gorge désarticulée. Le guerrier parvint à éviter le déversement d'un bond qui le plaqua à terre, tandis que la bête tenta de l'écraser avec son abdomen... Ou peut-être avait-il une idée plus sordide encore ! Son élan fut cependant contrecarré par le marteau de Viden. Fort de tout son poids, il repoussa le monstrueux valet qui tomba à la renverse. Le corps parasité ne parvenait pas à se relever, ses pattes ne pouvant soutenir l'abomination : il était temps de l'achever !

Impossible... Mon ordre de l'éliminer avait été complètement étouffé par le vrombissement d'une douzaine de moustiques. Le cri aigû de la créature était en réalité un appel à l'aide. Il nous fallu bien cinq minutes pour venir à bout de cette vague d'insectes, juste assez pour que le valet recouvre son équilibre.

« J'ai une idée ! Tenez-le occupé un instant ! »

Fuyant derrière les lignes, j'ai retrouvé Gultan. Recroquevillé, blessé mais encore vivant, je n'ai aucun doute qu'il s'en sortira même si sa difficulté à répondre m'angoisse. Je n'avais pas encore le temps de m'occuper de lui alors je me suis dirigé directement face au seul cadavre en ces lieux.

De l'autre côté, la demoiselle a commencé à attaquer avec le valet et tous deux forme un couple effarant. Par moment des pustules éclatent un peu partout sur leur abdomen et laissent couler des sangsues avides. Elles ne trouvent heureusement aucune prise car nos armures sont justement prévues pour nous protéger mais combien de temps avant qu'elles ne s'insinuent parmi les failles ? L'idée même d'être contaminés horrifiait Avarosa et Viden qui redoublaient d'hardiesse pour contenir, blesser, éloigner le couple cauchemardesque. Par moments la demoiselle, frustrée de son inefficace allié, mordait dans sa chair pour extraire un peu de sang. Elle en sortait plus vigoureuse que jamais et lui ne faiblissait pas ! D'une charge volcanique, elle repoussa Furion et son volte-face manqua de peu Viden qui tomba à terre. Ivre de sang, extatique, la demoiselle poussa un cri aigû auquel répondit le valet par un vacarme similaire. L'espace d'un instant, tous mes compagnons se sentaient perchés au bord du précipice même de l'abandon et l'oubli...

« J'ai une idée ! Tenez-le occupé un instant ! »

Je me suis dirigé directement face au seul cadavre en ces lieux : celui de la monstruosité aux restes encore grouillants. Percée de part en part, du sang dégoulinait des morceaux du cadavre de son hôte. C'était un pari qu'il fallait prendre.

Malgré la pénombre, je n'eus pas grand-mal à trouver une bouteille vide mais il était plus difficile de récolter le liquide dont raffolaient ces bêtes de malheur. En tâchant d'entailler le corps, j'ai fait éclater une pustule et une nymphe a essayé de me sauter au visage ! Par chance je me suis protégé à temps et pus continuer mon extraction... D'une large entaille sur le bras, je ne parvins à récolter qu'un tiers de ce dont j'avais besoin alors il me fallut fouiller plus bas, d'où était sorti l'abdomen. Le parasite s'était laissé chevauché c'est pourquoi les jambes du cadavres n'étaient pas encore exsangues : une entaille dans la cuisse était tout ce dont j'avais besoin.

Ivre de sang, extatique, la demoiselle poussa un cri aigû auquel répondit le valet par un vacarme similaire. L'espace d'un instant, tous mes compagnons se sentaient perchés aubord du précipice même de l'abandon et de l'oubli !

Une bouteille traversa le silence momentané de la nuit, à travers le champ de bataille inanimé. Comme suspendu, le temps laissa au projectile tout le loisir de se ficher sur le buste du valet dans un silence macabre. Personne ne savait exactement ce qui allait se passer mais la peur, quant à elle, asujetissait chacun à une paralysie expectative.

Seule la demoiselle brisa cette attente, portant une morsure foudroyante aussi bien que féroce, cependant que le valet se contorsionnait sans oser crier son martyr. Elle ne s'arrêta pas là : le corps mutilé de son partenaire lui ouvrit la voie à un nouveau festin qui l'occuperait encore quelques minutes... Pendant ce temps, d'autres moustiques étaient arrivés.

« Dépêchons-nous de les expédier et il ne restera que la demoiselle ! »

Je savais que mon ordre était inutile, Avarosa avait déjà éliminé deux de ces moustiques grâce à l'ardeur que lui conférait l'adrénaline. Voir mes propres camarade aussi violents avait quelque chose de terrifiant mais c'était nécessaire, c'était le seul moyen de venir à bout de cette menace. De mon côté, je devais m'assurer de ne pas tomber dans la même folie sanguinaire et protéger Gultan... Tiens où était-il passé d'ailleurs ?

Un moustique me remarqua et je pus lire dans ses yeux qu'il me convoitait tout particulièrement : le mélange sanguin avait dû laisser une trace sur moi et son bourdonnement avertit les siens. Seule la demoiselle ignora l'appel. L'appât vivant que j'étais devenu s'avéra finalement une aide opportune : mes camarades comprirent que les derniers moustiques me chargèrent dans un dernier chant du cygne. Mon épée dégainée, je savais que mon entraînement ne servirait à rien : la peur serait mon marionnettiste dans cette danse macabre.

Lorsque le dernier insecte rendit l'âme, nous nous retournâmes comme un seul homme vers la demoiselle. Nos craintes les plus folles étaient infondées : elle n'avait pas l'air plus monstrueuse encore bien qu'elle ait encore grossi...

Nous étions prêt pour une bataille plus intense encore que les précédentes.

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