Chapitre 4 : La Première Tâche (2)
Heureusement, le livre était toujours en vie lorsqu'ils arrivèrent devant l'entrée dissimulée.
— Orteil de Troll, prononça Cassius.
Devant eux, le mur s'ouvrit sur leur salle commune. Elle était déserte et silencieuse, ce qui était rare mais appréciable. Ils s'avancèrent, leur pas résonnant sur le sol de marbre de l'entrée, puis descendirent quelques marches jusqu'à la salle principale. La moquette étouffa alors le bruit qu'ils faisaient et Adrian fit courir ses doigts sur le mur, tantôt caressant les tapisseries aux couleurs des héros de leur maison, tantôt sur le mur de pierre caverneux, jusqu'à venir se heurter aux immenses bibliothèques. Cassius se dirigea vers un livre bien précis et posa sa baguette dessus.
— Vert gallois, murmura-t-il.
Deux Botrucs surgirent alors d'entre les pages. Le plus petit fit un salut amical avec la brindille qui lui servait de bras.
— Cassius et Adrian ! s'écria-t-il d'une voix enthousiaste.
— Je me demande si on les a jamais vu séparés ces deux-là... bougonna le deuxième en s'étirant avec des bruits de craquement.
— C'est un gros livre que vous avez là ! dit l'autre sans tenir compte de sa remarque.
Cassius regarda Adrian avec un sourire.
— C'est un livre sur les dragons, mon cher, lui dit-il.
— Les dragons ? s'exclama le petit Botruc. Oh, j'adore vraiment les dragons !
— Vraiment ? dit le plus grand. Je croyais que ton nom venait d'une fleur des champs.
— D'ailleurs, ajouta Adrian, si tu pouvais nous dire comment affronter un dragon et en sortir vivant, ça nous arrangerait...
— Je ne m'y connais pas beaucoup en combat, répondit Vert gallois. Je n'aime que la façon dont ils volent, si haut, si haut...
— Eh bien, redescends sur Terre, petit, et fais ton devoir maintenant, ordonna le bougon Botruc. J'ai besoin de retourner dormir, demain sera mouvementé.
Vert gallois s'exécuta et passa une brindille entre deux pages bien précises puis activa le mécanisme qui fit s'ouvrir la bibliothèque sur une autre salle. Cassius et Adrian s'y engouffrèrent tandis que le mur se refermait derrière eux et que les voix des Botrucs s'évanouissaient peu à peu.
— Demain ? disait Vert gallois. Qu'est-ce qu'il y demain ?
— Laisse-moi dormir, petit.
— Tu veux toujours dormir...
Finalement, le silence retomba, brisé par le bruit de l'énorme ouvrage qui s'écrasait sur la table. Cassius et Adrian prirent chacun une chaise pour s'y asseoir en face et Cassius put ouvrir le livre pour lire à la lumière de la lampe suspendue au plafond de pierre une introduction des plus étonnantes.
« Lancer un sortilège sur un dragon est quasiment impossible du fait de leur peau très résistante à la magie. Comme il n'y a rien d'autre à dire sur le sujet, je vais maintenant vous raconter pourquoi j'ai transformé mon mari en corne de Strangulot. »
Cassius ne pouvait pas y croire. Il tourna et tourna les centaines de pages mais ne trouva rien d'autre que des potions de métamorphose humaine. Il s'arrêta sur une illustration qui montrait les étapes d'une transformation en œil de scarabée. Adrian laissa échapper un rire et Cassius se leva pour aller regarder à travers la fenêtre qui donnait sur les profondeurs du lac.
— Si on ne peut pas passer par la peau, proposa Adrian, on pourrait passer par la bouche. Tu peux lui faire boire une de ces potions pour que ton dragon devienne un dard de Billywig inoffensif ou alors lui concocter une Goutte du Mort-Vivant. Le problème reste maintenant de trouver comment on peut faire avaler quelque chose à un dragon sans finir grillé à l'occasion.
Cassius laissa tomber sa tête sur le vitrail et observa une tortue marine s'éloigner. Il n'avait aucune arme. Seule sa capacité à esquiver les flammes lui serait utile pour rester en vie.
La cloche annonçant la pause sonna alors et, quelques instants plus tard, plusieurs élèves firent leur entrée dans la salle commune, dont ceux qui revenaient du cours de Maugrey auquel Cassius et Adrian auraient dû assister. Ils attendirent d'entendre qu'il y avait suffisamment de monde dans la salle principale pour pouvoir sortir sans se faire remarquer. Ils prirent enfin la direction de la bibliothèque pour ramener le livre qui s'était révélé bien peu utile. En chemin, Cassius essaya de trouver d'autres moyens de battre le dragon mais chaque idée qui lui venait à l'esprit semblait toujours plus absurde que la précédente.
Ses pas s'arrêtèrent lorsque Adrian posa une main sur son épaule, interrompant le cours de ses pensées et le ramenant à la réalité. Cassius aurait préféré ne pas y retourner. Devant eux, avec sur le visage un sourire qui tenait plus de la grimace, se tenait le professeur Maugrey.
— Messieurs...
Cassius et Adrian échangèrent un regard paniqué.
— Si vous voulez bien me suivre.
Aucun des deux ne bougea. Ils étaient figés sur place.
— Je me chargerai d'eux, Alastor, intervint alors une voix familière derrière eux.
— Severus, dit Maugrey en se retournant, ces deux garçons de votre maison viennent de briller par leur absence durant mon cours. J'ai à m'entretenir avec eux.
— Comme il me semble vous l'avoir entendu dire, répondit Rogue en posant une main sur les épaules des deux élèves qui affichaient maintenant un sourire satisfait, ces garçons sont de ma maison. Par conséquent, je me chargerai de leur cas moi-même, Alastor.
Ce dernier émit ce qui sembla être un grognement et s'éloigna de sa démarche gauche, après leur avoir jeté un dernier regard terrifiant. Lorsqu'il eut disparu au fond du couloir, Rogue se retourna en faisant voler ses robes derrière lui et fit signe à Cassius et Adrian de le suivre.
— Absents pendant le cours de Maugrey, n'est-ce pas ? dit-il. Sachez que je ne serai pas toujours là pour vous sauver la mise alors tâchez de vous montrer plus malin avec lui, désormais. Il saisirait n'importe quelle occasion pour faire usage de son autorité.
Ils firent finalement halte devant le bureau du professeur Rogue, qui jeta un rapide coup d'œil au livre que tenait Adrian.
— Pucey, vous pouvez partir. Vous n'avez pas besoin de moi pour trouver la bibliothèque, j'imagine. Warrington, entrez.
Cassius obéit. Il n'était pas souvent venu dans cette salle mais elle avait peu changé depuis la dernière fois. C'était une pièce exiguë, plus éclairée par les profondeurs du lac sur lesquelles donnait la minuscule fenêtre que par la lampe ridiculement petite qui se balançait au bout d'une chaîne métallique accrochée au plafond. C'était la seule chose qui avait été rajoutée au cachot que c'était autrefois, mis à part les étagères sur lesquelles s'entassaient des ingrédients de potions qui faisaient guise de décoration et le bureau en face duquel s'assit Cassius. Le fauteuil rembourré était sûrement la seule chose qui le mettait à l'aise dans cet endroit.
— Savez-vous, demanda Rogue en s'installant face à lui, en quoi consiste la première tâche ?
— Je... Oui, des dragons.
Cassius vit des badges sur le bureau. Il savait déjà desquels il s'agissait, il avait entendu cette histoire. Rogue qui confisque des badges anti-Potter, ça avait rapidement fait le tour de l'école.
— Des dragons, répéta Rogue. Dans ce cas, qu'avez-vous prévu ?
— Professeur, vous n'êtes pas censé m'aider, n'est-ce pas ? demanda Cassius.
Rogue lui lança alors un regard qui lui rappela de quelle maison ils étaient. La maison des vainqueurs. Évidemment qu'il était censé l'aider.
— Je n'en sais rien, à vrai dire, se reprit Cassius. Je n'ai rien trouvé. Alors je suppose que je vais devoir... courir vite.
Rogue arqua un sourcil.
— Rien ? Vous n'avez rien prévu, à part courir vite ?
Cassius se sentit bête et ne sut pas quoi répondre.
— Vous me décevez, Warrington. J'ai bien peur qu'il ne faille que je vous aide moi-même à trouver un sortilège.
— On ne peut pas ensorceler les dragons, professeur, se souvint Cassius.
Un sourire apparut alors sur le visage de Rogue.
— Je ne vous parle pas des dragons...
***
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