Attention au départ
Hello les filles, une date et un lieu de rendez-vous : le 10 novembre à 9h à l'aéroport, n'oubliez pas votre passeport et votre maillot de bain ! À très vite. Vida.
Le sourire qui s'imprime sur son visage ne l'a pas quittée depuis son réveil. Elle imagine Sallie trépigner depuis le message, se poser un milliard de questions. Elle repense au harcèlement bienveillant de Lucie à la suite de cette annonce le mois dernier, auquel volontairement, elle n'a offert aucune réponse. Oui, depuis sa décision de partir loin, très loin de son quotidien pour cette semaine si délicate, son sourire ne l'a pas quittée.
L'aéroport, enfin ! Vite, une place ! Les filles l'attendent et l'impatience de Sallie fait déjà des ravages sur son téléphone.
On est là !
T'es où ?
Tu arrives quand ?
Feignant l'agacement, les bras croisés, les orteils tapant le sol, Cette dernière scrute une Vida aux prises avec l'embrassade fougueuse de Malia, Lucie et Maria. L'oeil ne trompe pas. Sa curiosité est sans limite, et sa volonté de connaître les moindres détails de la vie de ses amies ont eu raison de son sourire.
— Bon alors, tu nous prépares quoi là ? On part où ? Tu te rends compte que ce suspense est cruel, n'est-ce pas ? s'indigne Sallie.
— J'ai envie de vous offrir une semaine de bien-être pour vous remercier.
Capables d'un soutien indéfectible, Vida a trouvé en ces quatres femmes de merveilleuses personnes dignes de confiance. Que souhaite-t-elle à présent ? Les combler à sa façon, comme elles l'ont comblée lorsque sa vie a basculé. Faut-il voir les choses en si grand ? Ne peut-elle pas simplement leur dire qu'elle les aime ? Sallie s'esclafferait pour cacher son embarras, Malia la prendrait dans ses bras pour lui murmurer la même chose, Lucie poserait une main délicate sur son visage et Maria lui répondrait avec simplicité qu'elle aussi l'aime terriblement.
Si simple... Pourtant, pour Vida, tout cela est désormais, si difficile. Alors elle leur confie son projet. Une semaine. Un hôtel. Du soleil. Des cocktails.
— T'es complètement malade ?! Tu vas pas nous offrir des vacances ? Ne fais pas n'importe quoi avec cet argent. Il est précieux, lâche Malia, espérant ne pas avoir froissée son amie en souffrance.
— Oui, il est précieux et avec, il voudrait que je vive, que je profite, et surtout, que je sois heureuse. Et cette semaine, j'ai besoin d'être heureuse très loin d'ici, avec vous autour de moi. Quoi que je fasse, cette date sera mémorable. Hors de question que je passe cet anniversaire seule chez moi.
Débat avorté. Avantage de sa position, la veuve a souvent le dernier mot bien que ces femmes si différentes et si essentielles à sa vie, savent la remettre dans le droit chemin lorsqu'il le faut. Savent-elles seulement que c'est aussi pour cela, qu'elle les aime plus que tout ?
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